Le commerce extérieur de l’Algérie n’en finit plus de subir les contreperformances d’une stratégie d’exportation exagérément dépendante des hydrocarbures. Et cette douloureuse, et dangereuse, réalité s’est de nouveau vérifié en 2019, aux dépends de la balance commerciale. Celle-ci affichait un déficit commercial qui s’est encore creusé l’année dernière, atteignant 6,11 milliards de dollars contre un déficit de 4,53 milliards de dollars en 2018, en hausse annuelle de 34,81%, selon les statistiques provisoires de la direction des études et de la prospective des Douanes (DEPD).
A l’origine de ces pertes énormes en devises, le recul des recettes des exportations du pays qui se sont chiffrées à 35,82 milliards de dollars (mds usd) entre janvier et décembre 2019, contre 41,79 mds usd pour la même période de 2018,soit une baisse de 14,29%, précise la DEPD. Un recul inévitable pour un commerce dont la seule force réside dans les ventes d’hydrocarbures, alors que le pétrole n’arrive plus à relever ses prix dans la durée.
Or, les exportations pétrolières de l’Algérie ont accusé une baisse 14,48% en 2019 par rapport à 2018. Elles sont en effet descendues à 33,24 mds usd, contre 38,87 mds usd, pesant négativement sur un commerce extérieur, dont les hydrocarbures ont représenté 92,80% du volume global des exportations. Ceci d’autant que les exportations hors hydrocarbures restent toujours marginales, avec 2,58 mds usd, ce qui représente 7,20% du volume global des exportations, contre 2,92 md usd, en baisse de 11,80%, durant la même période de comparaison.
Les exportations hors hydrocarbures étaient composées des demi-produits, avec 1,95 md usd contre 2,33 md usd, en baisse de (6,21%), des biens alimentaires avec 407,86 millions usd contre 373,77 millions usd (+9,12%) et des biens d’équipement industriels avec 82,97 millions usd contre 90,1 millions usd (-7,92%).
Certes, les importations du pays ont connu une baisse relativement importante en 2019, s’établissant à 41,93 mds usd, contre 46,33 mds usd, (-9,49%), mais ce recul s’est avéré insuffisant pour amortir l’impact sur la balance commerciale provoqué par le recul des exportations. Autrement, en plus de sa très forte dépendance des exportations de pétrole, la situation financière continue à souffrir des importations à lourde facture. Cette configuration a donné lieu à des importations couvertes à hauteur de 85,43% par les exportations en 2019, contre 90,22% en 2018, poussant les pouvoirs publics à aller creuser davantage dans les réserves de changes qui s’amenuisent d’année en année. La baisse des importations a concerné cinq groupes de produits sur les sept que contient la structure concernée. Dans cette tendance baissière, les biens d’équipements industriels, qui ont représenté près de 31,5% de la structure des importations en 2019, ont totalisé 13,20 mds usd contre 16,48 mds usd à la même période de comparaison, en baisse de 20%.
La facture d’importation du groupe demi-produit a reculé de 6,09%, totalisant 10,29 mds usd contre 10,96 mds usd. La même tendance a été enregistrée pour les biens alimentaires qui ont atteint 8,07 mds usd contre 8,57 mds usd (-5,85%), les biens de consommation (non-alimentaires) avec 6,45 mds usd contre 6,76 msd usd (-4,52%) et les biens d’équipement agricoles avec 457,70 millions usd contre 564,76 millions usd (-18,92%).
En revanche, deux groupes de produits de la structure des importations ont connu des hausses durant 2019 et par rapport à 2018. Il s’agit des importations des produits bruts qui ont totalisé 2,01 mds usd, contre 1,90 md usd (+5,89%) et le groupe énergie et lubrifiants (carburants) avec 1,43 md usd contre 1,07 md usd (+33,22%). Au classement des partenaires commerciaux de l’Algérie, la France a conservé sa position de premier client en 2019 avec 5,05 mds usd (14,11% du montant global des exportations), en légère hausse (+0,52%), suivie de l’Italie avec 4,62 mds usd (12,90%), l’Espagne avec 3,99 mds usd (11,15%), la Grande Bretagne avec 2,29 md usd (6,42%) et la Turquie avec 2,24 mds usd (6,27%). Concernant les principaux fournisseurs de l’Algérie, la Chine a elle aussi maintenu sa première place avec 7,65 mds usd (18,25% des importations globales algériennes), en baisse de 2,60%, suivie de la France avec 4,27 mds usd (10,20%), de l’Italie avec 3,41 mds usd (8,13%), de l’Espagne avec 2,93 mds usd (6,99%) et de l’Allemagne avec 2,83 mds usd (6,76%).