Passées les promesses de campagnes, Abdelmadjid Tebboune mobilise son Exécutif autour de l’impératif de régulation du commerce extérieur pour faire face au déficit commercial et, plus globalement, au déficit de la balance des paiements qui fait fondre les réserves de change comme neige au soleil.
Lors du dernier Conseil des ministres, tenu samedi, la question des déficits extérieurs et les mesures appropriées afin de les réduire a été débattue et donné lieu à plusieurs mesures d’encadrement des importations et de soutien à la production nationale. D’emblée, le ministre du Commerce a relevé la persistance, en 2019, du déficit de la balance commerciale, une baisse des importations et des exportations respectivement de plus de 7,7% et près de 13%, alors que les exportations hors hydrocarbures ont enregistré une réduction de près de 10%. Ce tableau, peu reluisant, sur les fondamentaux du commerce extérieur de l’Algérie a incité le gouvernement à articuler son plan d’action autour, essentiellement, de l’évaluation des accords commerciaux internationaux et des relations commerciales bilatérales et multilatérales, la rationalisation des importations, la protection du produit national et l’encouragement des exportations hors hydrocarbures. Durant sa première conférence de presse post-scrutin du 12 décembre dernier, Abdelmadjid Tebboune avait promis de mettre de l’ordre dans le commerce extérieur à travers des mesures de régulation des importations. A l’issue de son deuxième conseil des ministres, le chef de l’Etat semble vouloir passer désormais aux travaux pratiques, exigeant de son Exécutif la mise en place d’un guide statistique pour promouvoir la production nationale avec l’interdiction d’importer les produits fabriqués localement, dans l’objectif de protéger le produit national et réduire la facture d’importation. Dans le même ordre d’idées, Abdelmadjid Tebboune a instruit la création de laboratoires au niveau de tous les accès frontaliers, ports et aéroports en collaboration avec le ministère de la Santé, en associant l’Université, en vue du renforcement des mécanismes de contrôle des importations alimentaires selon les normes internationales, pour la protection des citoyens contre les produits contrefaits avec la consolidation des procédures judiciaires contre la fraude.
Révision des accords commerciaux
Dans le même sens, le Président de la République a donné des instructions pour la création de zones franches avec les pays africains limitrophes afin d’en finir avec le fléau de la contrebande. Au plan des actions en faveur de la régulation du commerce extérieur, Abdelmadjid Tebboune, tout en prenant acte des déficits de notre balance commerciale, a indiqué que les mesures de rationalisation des importations ne doivent pas se faire au détriment du fonctionnement des entreprises et des besoins essentiels des consommateurs.
Pour le chef de l’Etat, les mesures en faveur de la rationalisation des importations ne doivent pas affecter l’appareil national de production, encore moins les engagements internationaux de l’Algérie auprès de ses partenaires commerciaux. Il a ainsi indiqué que les mesures de protection de la production nationale et de défense commerciale doivent être envisagées avec intelligence et dans le respect de nos engagements commerciaux internationaux. La stratégie de promotion des exportations hors hydrocarbures doit être très vite mise en œuvre en étroite collaboration avec les départements ministériels concernés. A propos des accords commerciaux déjà conclus ou ceux encore en discussion, le Président de la République a chargé l’Exécutif de faire une évaluation rigoureuse et objective de leurs effets sur l’économie nationale, tout en soulignant que la politique du commerce extérieur doit faire l’objet de mécanismes de concertation sectorielle plus renforcés. En définitive, Abdelmadjid Tebboune a souligné à cette occasion que l’importation doit être un complément à l’économie nationale et non une alternative.