Si le Premier ministre et ministre des Finances Aïmene Benabderrahmane vient de rassurer à propos de la perturbation de la distribution de l’huile de table que connait le marché national, en annonçcant «un retour à la normale durant les prochains jours», ce ne sera certainement pas le cas pour les produits laitiers et autres dérivés à base de poudre de lait importée, eux aussi en situation de tension. En effet, selon les opérateurs concernés, il faudra au minimum 45 jours pour que leurs chaînes de production reprennent du service.

Par Bouzid chalabi
Ces derniers justifient cette longue période par le fait des délais nécessaires dans la procédure d’achat et d’importation de la poudre de lait. Autrement dit, après avoir disposé de dérogation sanitaire d’importation à la fin de l’année, au meilleur des cas, la réception de la poudre de lait se fera à partir de la seconde quinzaine du mois de février prochain. Une estimation que cautionne le vice-président de l’Association nationale des commerçants et artisans algériens (ANCA). Quant à voir une plus grande disponibilité des produits laitiers sur les étals, «il faudra compter jusqu’à la fin février début mars», a jugé ce dernier lors de son passage hier sur la chaîne privée Ennahar Tv.
Pour l’heure, il faut savoir que les produits laitiers, encore présents sur les étals, sont issus des maigres stocks auprès des dépositaires.
«Il ne nous reste plus rien à vendre à nos clients détaillants», a-t-on appris par l’un d’eux. Dans ce même contexte, il y a lieu de savoir que ce sont les produits de la marque «Candia» qui ont disparu de la circulation depuis une dizaine de jours. Renseignement pris, c’est la totalité des chaînes de production de la société «Candia», leader national dans la production de lait conditionné en tetrapack, qui est à l’arrêt. Ainsi les produits de cette marque tant prisée par les citoyens sont depuis, introuvables.
Par ailleurs, force est de croire que d’autres marques seront dans le même cas. Ce qui veut dire que les étals seront de plus en plus dégarnis encore pour longtemps au grand détriment des citoyens, notamment chez ceux très friands de produits laitiers. En somme, c’est une période de disette en produits laitiers qui attend la population. Pas seulement, puisque le vice-président de l’ANCAA ne s’est pas empêché à la même occasion d’indiquer que d’autres pénuries vont intervenir sur le marché de la consommation «par l’effet de la suspension de licences d’importation de matières premières». C’est d’ailleurs ce que redoute la Confédération interprofessionnelle des producteurs algériens (CIPA). Pour un de ses membres, approché hier par Reporters, «les restrictions d’importation vont sûrement engendrer des tensions sur de nombreuses denrées alimentaires conditionnées. En somme, nous allons tout droit dans le même cas de figure que la poudre de lait et ses retombées sur le marché de la consommation. Ce qui est regrettable», déplore notre interlocuteur. Et de s’interroger enfin : «D’un côté, on gèle les importations de matières premières et, d’un autre, on s’étonne qu’il y ait pénurie. C’est à n’y rien comprendre.»

Le lait en sachet toujours rare
Pour revenir à la pénurie des produits laitiers et dérivés, il y a lieu de savoir que souvent les Algériens, face à la rareté du lait pasteurisé en sachet (LPS) dont le prix est subventionné par l’Etat et donc vendu à 25 DA le sachet, n’ont eux d’autres alternatives que de se rabattre sur le lait en tetra pack au prix de 100 DA l’unité. Mais, aujourd’hui, cette alternative n’est plus envisageable. Il est donc facile de comprendre pourquoi de longues queues humaines se forment auprès des commerçants du coin chaque fois que le camion livreur de LPS fait son apparition. Et à l’occasion chacun vise à se ravitailler au maximum. Et si n’était pas la clairvoyance des commerçants détaillants à plafonner ses ventes à 4 sachets par personne, nombreux seront les pères de famille et autres à rentrer bredouilles, tout en gardant espoir que le camion livreur fera une autre apparition dans deux ou trois jours tout au moins. Ce qui n’est pas aussi certain, non pas parce que les laiteries publiques ont un rythme de production limité mais à cause du petit nombre de camions livreurs.
Et dans cette catégorie professionnelle, le désir de changer d’activité est fort car ils estiment que cela n’en vaut pas la chandelle mettant en avant les très faibles revenus qu’ils tirent de leur activité au prix de gros efforts.
Finalement, c’est encore le consommateur qui doit faire avec cette situation de pénurie de lait sous ses deux variantes, tetra pak et LPS. Très dure situation dans l’attente de jours meilleurs. <