Le pays accuse depuis la mi-automne un déficit hydrique criant. Une situation qui, au risque de se prolonger, pourrait accélérer l’exploitation des barrages. Devant un tel scénario, le ministre des Ressources en eau Arezki Berakki a tenu à rassurer que le taux actuel de remplissage des barrages, au niveau national, dépasse les 63%.

Ce dernier, qui se prononçait en marge d’une visite d’inspection, jeudi, au siège de l’Algérienne des Eaux, a affirmé que «le niveau de remplissage peut couvrir la demande en eau jusqu’à l’année prochaine». Et de lancer dans ce sens : «Il est nécessaire d’être optimiste quant à l’éventuelle hausse des chutes de pluie durant les prochains mois.» Dans le cas contraire, la situation deviendra difficile à gérer dès lors où il faut savoir que 65% des capacités hydrauliques du pays sont destinés à l’agriculture. Ceci dit, le stress hydrique actuellement résulte du fait que les ressources en eau du pays «dépendent du climat qui est aride à semi-aride», donc «des pluies peu abondantes et correspondent globalement à 10,2 milliards de m3 pour les eaux de surface et 7 milliards de m3 d’eau pour les eaux d’infiltration. En clair, l’Algérie se situe «dans la catégorie des pays pauvres en ressources hydriques au regard du seuil de rareté fixé par la Banque mondiale à 1 000 m3/habitant/an».
Soulignons dans ce sillage que, selon une étude datant du 25 juin 2012, menée par le réseau euro-méditerranéen (FEMISE), intitulée «le coût économique du changement climatique dans les pays d’Afrique du Nord et du Proche-Orient (MENA)» fait ressortir que le «changement climatique aura des effets négatifs à l’horizon 2020». Les auteurs de cette étude révèlent que la baisse des précipitations attendues risque d’augmenter la fréquence des sécheresses. C’est aussi alarmant si l’on prend en compte quelques données, à savoir que les ressources en eau superficielles renouvelables internes du pays sont estimées à 10 milliards de m3/an pour l’ensemble du pays et que les ressources en eau souterraine renouvelable, contenues dans les nappes du nord du pays, sont d’environ 2 milliards de m3/an, alimentées irrégulièrement.
Notons que devant ces données, la stratégie mise en place par les pouvoirs publics en matière de ressources hydriques a mobilisé et valorisé durablement ces ressources pour faire face aux besoins des populations et satisfaire ceux du secteur agricole. Certes une avancée considérable dans cette optique a été enregistrée sur le terrain mais, selon de nombreux spécialistes en la matière, il reste encore du chemin à faire surtout pour ce qui concerne la récupération de l’eau et son traitement.
C’est pour dire enfin que toute précipitation atmosphérique abondante, accompagnée d’importantes chutes de neige est synonyme de répit dans le sens où le pays est classé comme aride.
Selon les constats des instituts techniques spécialisés en agronomie, l’Algérie devient de plus en plus sensible au stress hydrique au point où, en moyenne, seulement trois saisons céréalières sur dix sont bonnes. A titre d’exemple, selon cette même source, le stress hydrique de 2016 a eu comme conséquence la perte du tiers de la superficie ensemencée en céréales. Rappelons au passage que la céréaliculture est fortement dépendante des pluies et donc il faut espérer que les pluies fassent leur apparition au mois de février prochain, ce qui permettrait aux champs céréaliers de reprendre et de sauver quelque peu la campagne. Les céréaliculteurs l’espèrent.n