Des députés de plusieurs formations politiques mais, également, des militants et cadres du Front de libération national (FLN) n’en reviennent pas des déclarations fracassantes faites par Baha Eddine Tliba. Choqués par un marchandage «éhonté» autour des listes électorales en faveur de la députation, ils appellent carrément à la dissolution de l’Assemblée populaire nationale (APN) pour «redonner de la légitimité à l’institution législative».
Et ce sont les députés FLN et militants de ce parti qui semblent le plus affectés par les révélations de l’ex-député de Annaba. «Il règne tant au groupe parlementaire du FLN qu’au niveau du parti un climat infecte. Tout le monde, dans les rangs du parti, dénoncent avec force et conviction les pratiques de Ould Abbès qui ont spolié les instances du FLN de leur souveraineté et l’APN de sa légitimité», révèle un parlementaire du parti de Badji, visiblement très affecté par les révélations de Tliba. Selon un député FLN d’Alger : «Les révélations de Tliba ont plongé le parti dans une ambiance pourrie. On a honte de dire que nous sommes députés du FLN», tout en notant que «beaucoup estiment qu’il est préférable que Tebboune procède au plus vite à la dissolution de l’APN pour aller véritablement à une Algérie nouvelle». «C’est une honte qu’une APN basée sur la fraude et le marchandage des sièges puisse finir son mandat», fulminent des députés du RND. Ils n’hésitent pas à imputer la médiocrité des débats au sein de la chambre basse du Parlement à l’illégitimité des députés. «S’ils étaient de vrais représentants du peuple, le débat à l’APN aurait pu l’élever et aborder des questions autrement plus importantes pour le pays et les citoyens», fait observer un député du parti de Zitouni. Selon lui, «une institution censée élaborer des lois de première importance ne saurait s’accommoder de députés frauduleux, sans scrupules, qui sont placés sur des listes électorales en bonne place par le fait du prince». Un député du Front des forces socialistes (FFS) explique à ce propos que «l’APN actuelle n’a aucune utilité et gagnerait à être dissoute au plus vite, avant même le référendum sur la Constitution car, la corruption politique a atteint une des choses les plus précieuses dans le domaine politique, la représentation populaire». Plus précis, il indiquera que «cette dissolution de l’APN devrait être suivie de l’élection d’une Assemblée constituante ou de la mise en place d’un processus constituant, où le peuple doit être impliqué. Suite à quoi, il faudra procéder à une ouverture du champ politique et médiatique pour réhabiliter les institutions de l’Etat dans leur ensemble». C’est aussi ce que pensent des députés du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) : «Nous avons décidé de geler notre participation à l’Assemblée nationale depuis le début du mouvement populaire, mais aussi à cause du bas niveau des députés.» Avant d’enchaîner : «Mais avec les révélations de Tliba, c’est encore plus grave, la dissolution est désormais une urgence.» Même son de cloche chez les députés du Parti des travailleurs (PT) pour lesquels les déclarations de Tliba «viennent confirmer ce que nous avions dénoncé maintes fois». «Nous avons de tout temps pointé du doigt la corruption politique et au sein de la confection des listes électorales, cette corruption a atteint le summum», note le député qui plaide pour l’urgence d’une élection législative anticipée pour élire «une nouvelle APN débarrassée des reliquats de la issaba». Même raisonnement chez un député du Front pour le développement et la justice (FJD) de Djaballah : «Le hold-up électoral a trop duré. Les révélations de Tliba donnent froid dans le dos et devraient inciter les décideurs à enclencher incessamment la dissolution de l’Assemblée nationale». Selon lui, «il règne actuellement un climat de tension parmi les députés après les révélations de Tliba».