L’année 2022 débute dans une dynamique plutôt rassurante pour les opérateurs économiques, notamment ceux porteurs de projets d’investissement en cours de montage où en voie d’entame administrative.

Par Feriel Nourine
Depuis quelques semaines, ces derniers ont, en effet, droit à un discours politique insistant énergiquement sur la nécessité de faire la chasse à la bureaucratie qui gangrène le climat des affaires et de libérer l’acte d’investir de ce fléau ayant tué dans l’œuf de nombreux projets, mais aussi empêché d’autres projets achevés de passer à l’étape de l’activité.
Une situation qui a d’ailleurs constitué l’essentiel des interventions lors de la récente Conférence nationale sur la relance industrielle, organisée début décembre dernier. A commencer par l’intervention du président de la République qui, lors de l’allocution d’ouverture de ce rendez-vous, n’avait pas mâché ses mots pour pointer d’un doigt accusateur la bureaucratie dont usent et abusent à l’égard des opérateurs économiques et de l’industrie nationale les organismes chargés du suivi et de l’accompagnement des dossiers d’investissement. C’est même un véritable réquisitoire qu’avait dressé Abdelmadjid Tebboune contre la pratique bureaucratique, n’hésitant pas à la qualifier carrément de «crime contre l’économie perpétré par des personnes qui défendent des intérêts douteux avec des calculs politiciens».
Que de projets accomplis et prêts à passer à l’activité et la production industrielle n’ont pu le faire pour ne pas avoir jouit de la bénédiction administrative de responsables dont le zèle sans retenue laisse souvent transparaître des appétits insatiables comme seul le régime de corruption au générique national de tchipa peut creuser.
Des milliards et des milliards de dinars ont été injectés dans le montage de projets industriels, tous secteurs confondus, sans que ces sommes colossales investies par les opérateurs économiques puissent décrocher l’autorisation indispensable pour passer à l’étape de productivité qui crée de la richesse dans ses multiples apports à l’économie nationale, dont notamment l’offre d’emploi.
D’où l’urgence de passer à l’acte et déclarer la guerre à la bureaucratie sur son propre terrain en commençant par libérer des projets parmi les 407 suspendus pour des raisons administratives dénombrés alors par le chef de l’Etat. Tebboune s’était alors chargé d’annoncer la levée du gel sur 57 projets du genre, et la décision avait été accueillie comme une très bonne nouvelle et surtout comme un gage de volonté réelle chez les pouvoirs publics d’abolir les pratiques qui pourrissent l’existence de l’investisseur et empêchent toute relance industrielle réelle sur le terrain.
Autrement dit, l’espoir d’une année 2022 qui verra l’investissement prendre la place qui lui sied dans une économie en manque d’assise industrielle est en train de renaître dans les rangs des investisseurs. Ceci d’autant que depuis l’annonce du chef de l’Etat concernant la libération de projets achevés sans pouvoir entamer leurs activités, ce sont 83 opérateurs qui ont pu bénéficier d’autorisations exceptionnelles d’exploitation. Un chiffre communiqué la semaine dernière par le ministre de l’Industrie Ahmed Zeghdar. Un total appelé à grimper, sachant que l’opération compte aussi 95 autres projets d’investissement en cours de traitement, avait souligné M. Zeghdar. Mais au-delà des mesures d’urgence prises par le gouvernement à travers l’octroi d’autorisations exceptionnelles à des investisseurs pénalisés par la bureaucratie, le climat d’affaires a sans doute besoin de rompre avec l’austérité qu’il dégage à l’encontre de ces derniers. La mission passe inévitablement par l’amélioration de l’environnement social, politique, technologique et administratif. Pour être captés, les investissements, locaux et étrangers, ont, en effet, besoin d’une telle démarche en guise de rupture avec des pratiques qui n’ont que trop duré, au détriment de richesses locales réduites à leur expression d’opportunités n’arrivant que dans de très rares cas à franchir le cap de la productivité industrielle et ses dividendes économiques. Et c’est visiblement dans cette logique que les autorités en place semblent inscrire leurs priorités, à travers un projet de nouvelle loi sur l’investissement prêt à passer en Conseil des ministres, après avoir été examiné, il y a quelques jours, en réunion du gouvernement.
Le projet du nouveau texte «vise la mise en place d’un cadre juridique favorable à la relance de l’investissement productif des biens et services, la facilitation et la simplification des procédures administratives liées à l’acte d’investir», selon les informations fournies par le Premier ministère. Lors de sa conférence de presse animée jeudi dernier, le Premier ministre a fait savoir que le document allait être examiné «prochainement» en Conseil des ministres pour endossement par le président de la République. Un «prochainement» qui ne devrait pas tarder à arriver, au vu de l’élan favorable à l’acte d’investissement que dégage actuellement le discours du gouvernement.