Après une longue mise sous cloche des activités culturelles et la fermeture des espaces au public, dans le cadre des mesures de confinement inhérentes à la crise sanitaire de la Covid-19, le gouvernement a décidé, en corrélation avec l’embellie actuelle de la situation épidémique, la reprise dès aujourd’hui des grandes manifestations culturelles populaires auprès du grand public. A l’instar des rendez-vous incontournables du Salon du livre à la Safex, du Festival national du théâtre professionnel au cœur d’Alger et la projection de nouvelles œuvres cinématographiques dans les différentes salles du réseau de la Cinémathèque algérienne, après un sevrage qui a duré près d’une année.

C’est dans cet esprit, qu’aujourd’hui, placée sous le slogan «Un livre, une vie», sera inauguré le Premier Salon national du livre au Palais des expositions des Pins-Maritimes (Alger) avec la participation de 216 maisons d’édition, après plus d’une année de suspension des activités culturelles et l’annulation du Salon international du livre d’Alger (Sila).
Le livre revit après une longue asphyxie
Organisée par le ministère de la Culture et des Arts et l’Organisation nationale des éditeurs de livres (Onel), au pavillon central du Palais des expositions, le Salon sera ouvert tous les jours de 10H à 19H. Cette manifestation sera ponctuée par la présentation de nouveaux ouvrages, fruits de nouvelles expériences littéraires pour la plupart, avec l’organisation de vente-dédicaces d’une trentaine d’auteurs parmi ceux ayant publié leurs livres via leurs comptes personnels. Selon les organisateurs, l’objectif de ce salon est de « donner une chance aux nouvelles plumes pour faire la promotion d’idées novatrices en vue d’enrichir le programme culturel et professionnel».
Au programme des activités culturelles, 24 rencontres thématiques traitant de la réalité de l’industrie du livre, de la distribution, de la traduction et du livre scolaire et électronique durant les cinq dernières années en Algérie. Les organisateurs ont également prévu deux salles pour les séances de vente-dédicaces et deux autres réservées aux programmes culturel et professionnel, tout en interdisant ce genre d’activités au niveau des pavillons des éditeurs dans le cadre du respect du protocole sanitaire. Il est à noter qu’une application électronique sera disponible fournissant l’accès à toutes les maisons d’édition participantes et à leurs ouvrages, avec la possibilité de les commander par voie électronique pour ceux qui n’auront pas la chance de visiter le salon, selon les organisateurs.
L’organisation de cet événement littéraire, pour redynamiser le domaine culturel, intervient après plus d’une année de paralysie quasi-totale ayant affecté le secteur du livre, en raison de la pandémie du coronavirus. Rappelant que l’édition a été le secteur culturel le plus impacté par les mesures de confinement où toute la chaîne du livre s’est retrouvée à l’arrêt forcé sans aucun filet social. Fortement fragilisés par la crise sanitaire de la Covid-19, beaucoup d’employés du secteur se sont retrouvés au chômage, certains ont mis la clef sous le paillasson, des imprimeries ont fermé dont la plus emblématique celle de Blida. Ainsi de l’éditeur à l’imprimeur, en passant par le libraire et l’auteur, tous les maillons de la chaîne du livre ont souffert économiquement des mesures de confinement. L’organisation de ce salon devient dès lors une véritable bouée de sauvetage pour l’édition algérienne qui espère que les lecteurs et le public seront au rendez-vous pour que le livre puisse survivre à la crise.

Le FNTP retrouve les amateurs du quatrième art
Par ailleurs, ce jeudi marque, également, le lancement du 14e Festival national du théâtre professionnel (FNTP), qui a prévu la présentation, du 11 au 21 mars, d’une vingtaine de prestations produites par différents théâtres régionaux, coopératives et associations culturelles. Près d’une vingtaine de pièces sont au programme de cette édition attendue depuis près de deux ans.
Neuf pièces sélectionnées qui seront en compétition sur les planches du Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (TNA) pour remporter les prix du jury, les meilleurs, spectacle, texte, mise en scène, scénographie, création musicale, rôles masculin et féminin. Des hommages seront rendus au regretté Mahmoud Bouhmoum, emporté par le Coronavirus, Hamid Achouri, Lydia Larini et le talentueux technicien de lumières du TNA, Mokhtar Mouffok.
Des ateliers de formation sur le théâtre radiophonique, la scénographie, ainsi que sur le théâtre pour enfants, sont également au programme de ce festival qui accueillera, dans le hall du TNA, une vente de livres en présence de leurs auteurs. Rappelant que le 14e Festival national du théâtre professionnel n’a pas eu lieu en décembre 2019, en raison de l’élection présidentielle.

Il a été reporté au 19 mars 2020 avant d’être ajourné à cause de la pandémie de Covid-19.

Tapis rouge pour les productions du CADC
Le septième art algérien marque également son retour sur tapis rouge avec l’annonce du Centre algérien de la cinématographie (CAC) de la diffusion de plus de 15 films importants produit par le Centre algérien de développement du cinéma (CADC) dans 10 salles du réseau de la Cinémathèque algérienne pour le grand bonheur des cinéphiles de retrouver le chemin des salles de projection. Les Cinémathèques d’Alger, de Tizi-Ouzou, Béjaïa, Souk Ahras, Tlemcen, Oran, Béchar, Sidi Bel Abbès, Annaba et Batna accueilleront les cinéphiles dès le 15 mars prochain pour découvrir les derniers films produits par l’Algérie. Il est à noter que toutes ses activités seront soumises à un protocole sanitaire strict, conformément aux instructions du ministère de la Santé, avec limitation de l’âge d’accès à 16 ans et plus, et le respect de la distanciation physique (1 personne/3 mètres). Le gel désinfectant sera également fourni dans toutes les structures d’accueil, le port obligatoire de masque de protection et jauge à respecter selon la superficie de l’espace culture avec en moyenne un taux de remplissage limité à 50% des capacités d’accueil. Finalement, l’annonce de la reprise de grandes manifestations aussi symboliques que le Salon du livre à la Safex ou le FNTP est une bouffée d’oxygène pour le secteur qui s’enlisait dans une hibernation forcée. La décision des hautes autorités de relancer ces espaces culturels au grand public est également de bon augure pour le programme culturel du mois de Ramadhan qui est à nos portes. Un mois béni pour les artistes et les créateurs qui renouent intensément avec le public friand de divertissement et de spectacles devenus au fils des années le rendez-vous incontournable pour les sorties familiales. D’autre part, les festivités du mois du Ramadhan représentent également, économiquement parlant, un des mois les plus rentables autant pour les organisateurs de spectacles que pour les artistes qui ont vu leurs revenus rétrécir comme peau de chagrin lors de cette crise sanitaire dont les ravages psychologiques, économiques et sociaux sont incommensurables pour le secteur de la culture algérienne.