Le 20e congrès du Parti communiste chinois (PCC) s’est clôturé, samedi 22 octobre 2022, par d’importantes résolutions de politique interne et étrangère. Les quelque 2 300 délégués qui s’étaient réunis à huis-clos pendant une semaine ont, en effet, décidé de plébisciter à nouveau le Secrétaire général et chef de l’Etat sortant Xi Jinping.

Par Anis Remane
Celui qui devrait être reconduit aujourd’hui dimanche, à l’issue de la désignation du nouveau bureau politique au poste de chef du parti, a été salué à l’unanimité comme l’homme au « rôle central », synonyme d’un troisième mandat de cinq ans à la tête de la deuxième puissance économique mondiale dès mars prochain. Synonyme également de la poursuite de la politique qui consiste à récupérer Taiwan. Pour la première fois, le PCC a d’ailleurs décidé d’inclure dans sa charte une mention spécifique sur son « opposition » à l’indépendance de l’île de 23 millions d’habitants. Samedi, la composition du nouveau Comité central du parti a été dévoilée. Quatre pointures du PCC, dont l’actuel Premier ministre Li Keqiang qui quittera ses fonctions en mars prochain, ne figurent plus sur la liste publiée par l’agence officielle Chine nouvelle. Le numéro trois chinois Li Zhanshu, le vice-Premier ministre Han Zheng et Wang Yang, le président de la Conférence consultative politique du peuple chinois, qui était considéré comme l’une des voix les plus libérales du parti et favori au poste de Premier ministre, tirent également leur révérence. Le nouveau Comité central est remanié à 65% par rapport à la précédente mouture de 2017. Ce groupe de 205 personnes (dont seulement 11 femmes) se réunit aujourd’hui pour la première fois pour désigner les 25 membres (au lieu de 7 précédemment) du Bureau politique, l’instance de décision du PCC. Ce nouveau Bureau politique, largement remanié, sera composé en « majorité de personnalités loyales à Xi Jinping », subodore Nis Grünberg, de l’Institut Mercator d’études chinoises (Merics) à Berlin. Nombre de sinologues estiment qu’aucun successeur potentiel ne devrait émerger. Le troisième mandat attendu de l’homme fort de la Chine « mettra fin à trois décennies de transition (encadrée) du pouvoir » en Chine, relève pour l’AFP Neil Thomas, analyste du cabinet Eurasia Group. Pour se maintenir au pouvoir, rappelle-t-on, Xi Jinping avait ainsi fait supprimer de la Constitution en 2018 la limite de deux mandats. « Osez vous battre pour la victoire », a lancé d’un air triomphal Xi Jinping à l’issue de la cérémonie de clôture du congrès du parti, au Palais du peuple. Depuis son arrivée au pouvoir fin 2012, Xi Jinping a accumulé les pouvoirs au sommet de la Chine et présidé à un renforcement de l’autorité du régime. Chef du Parti, chef des armées, chef de l’Etat… le dirigeant avait plaidé pour la continuité de ses politiques lors d’un discours à l’ouverture du congrès. Il semble avoir été largement entendu. La stratégie « zéro Covid » de son gouvernement devrait ainsi se poursuivre malgré ses conséquences néfastes sur l’économie et l’exaspération grandissante de la population face aux confinements. Loin de la diplomatie prudente de ses prédécesseurs, Xi Jinping devrait encore davantage faire entendre la voix de la Chine.
Pour l’anecdote, l’ancien président Hu Jintao, apparu affaibli pendant le congrès, a pour sa part été escorté vers la sortie, ont constaté des journalistes de l’AFP. Visiblement contre son gré, l’homme de 79 ans, qui a présidé la Chine de 2003 à 2013, a été incité par des employés à se lever de son siège, situé à côté de Xi Jinping. Cette scène très inhabituelle n’a été ni expliquée ni rapportée par les médias d’Etat. n