L’apparition de nouveaux foyers de Covid-19 incitent à nouveau la Chine à recourir au confinement. Plusieurs grandes villes du pays, dix au total, sont ainsi soumises à des mesures strictes de prévention et de lutte contre le coronavirus.

Synthèse Anis Remane
Parmi ces villes, de grands centres économiques et industriels comme Shenzhen, métropole de 17 millions d’habitants et considéré comme le centre technologie du sud de la Chine, ou Shanghai poumon économique et financier du pays.
A l’annonce de ce nouveau confinement, les milieux économiques et commerciaux internationaux ne se posent qu’une seule question : combien va-t-il durer ? Cette interrogation est nourrie de l’inquiétude de nouvelles répercussions sur les économies dans le monde alors que les conséquences persistances de la pandémie, ajoutées à celles de la guerre en Ukraine, ont déjà provoqué de sérieuses perturbations logistiques et une inflation record.
C’est que le reconfinement en Chine concerne pratiquement toutes les entreprises du delta de la Rivière des Perles, c’est-à-dire quasiment entre Shenzhen et Canton, où se concentrent le plus gros des secteurs de l’activité économique chinoise, notamment l’électronique. Le risque d’un arrêt de ces activités et des chaînes de valeur est donc réel d’autant que les sites concernés par les mesures sanitaires déplorent une flambée record des cas de covid-19. A Shenzhen, une usine de fabrication d’iPhones a déjà été contrainte de suspendre ses activités.
Dans la même ville-usine qui fait face à Hong Kong, les autorités ont annoncé depuis dimanche dernier l’entrée en vigueur du confinement. Elles ont averti que des mesures encore plus strictes pourraient être prises, au moment où la politique de «zéro-Covid» menée par Pékin semble susciter une lassitude au sein de la population, soulevant des interrogations sur son bien-fondé face au variant Omicron. Les autorités chinoises ont recensé lundi 2.300 nouveaux cas à travers le pays. Près de 3.400 avaient été comptabilisés la veille, le chiffre le plus élevé depuis le début de la pandémie. « Il y a eu de nombreux petits foyers épidémiques dans des quartiers et des usines », a déclaré Huang Qiang, un représentant des autorités de Shenzhen, lors d’un point de presse lundi. « Cela laisse penser qu’il y a un risque élevé de propagation au sein de la population et plus de (mesures) de précaution sont encore nécessaires ».
Hier, lundi, les valeurs technologiques ont dégringolé à la Bourse de Hong Kong, les investisseurs s’inquiétant de l’impact de la propagation du virus à Shenzhen, où se trouvent les sièges des fleurons technologiques Huawei et Tencent ainsi que la plus grande usine de Foxconn. Le géant taïwanais de l’électronique, principal fournisseur d’Apple, a annoncé lundi la suspension de ses activités. Foxconn, qui emploie des dizaines de milliers de travailleurs dans la ville, a précisé avoir transféré sa production sur d’autres sites.
A Shanghai, métropole la plus peuplée de Chine, des quartiers résidentiels sont bouclés et les autorités mettent tout en oeuvre pour éviter un confinement général. La ville a fait état de 170 nouveaux cas lundi, suscitant l’inquiétude des entreprises quant aux difficultés économiques à venir. D’autres lieux connaissent une situation encore plus compliquée, selon les agences de presse.

«Poursuivre la stratégie zéro-Covid»
La province de Jilin, dans le nord-est, a enregistré plus d’un millier de cas pour la deuxième journée consécutive.
Au moins cinq villes de cette province sont confinées depuis début mars, dont le grand centre industriel de Changchun, qui comptabilise neuf millions d’habitants. Si le nombre de cas demeure faible par rapport à la situation vécue dans d’autres pays, il reste remarquable dans le contexte de la Chine où les autorités n’ont de cesse, depuis 2020, d’appliquer une politique de tolérance zéro face à l’épidémie.
Ces derniers jours, au moins 26 responsables de trois provinces ont été limogés en raison de leur mauvaise gestion de l’épidémie, ont rapporté des médias d’État.
Jusqu’à présent, la Chine est parvenue à contrôler les foyers épidémiques sporadiques au moyen de confinements locaux, de dépistages de masse, d’un contrôle de sa population par l’intermédiaire d’applications de traçage alors que les frontières du pays restent pratiquement fermées.
Mais l’apparition du variant Omicron met à mal cette approche drastique, au moment où la plupart des autres pays ont fait le choix de vivre avec le virus.
Le prestigieux virologue Zhang Wenhong a affirmé lundi que la Chine ne pouvait pas encore assouplir sa politique « zéro-Covid » malgré le faible taux de mortalité lié à Omicron.
« Il est très important pour la Chine de continuer à adopter la stratégie Covid-zéro dans un avenir proche », a écrit M. Zhang sur les réseaux sociaux. « Mais cela ne signifie pas que nous allons adopter de manière permanente la stratégie de confinement et de dépistage massif », a-t-il ajouté.