Le Front des forces socialistes (FFS) a rendu publique, hier, veille de la célébration du 5 Juillet 1962, date de l’indépendance de l’Algérie, une déclaration dans laquelle il établit un bilan plutôt dominé par les déceptions que par les promesses réalisées.
«La célébration du 60e anniversaire de notre indépendance nationale constitue un événement majeur de l’histoire de notre pays. C’est sous cet angle qu’il faut apprécier cette date pour nous fournir une meilleure lecture des séquences passées et nous donner la perspective d’appréhender l’avenir de notre nation avec raison, lucidité et responsabilité», a indiqué le parti.
Estimant que «notre Indépendance nationale est un acquis irréversible que nul ne saurait remettre en cause», le FFS regrette, cependant, que «les rêves et les espoirs qui ont porté notre glorieuse Révolution ont été mis à mal par les dérives successives de ceux qui ont dirigé le pays».
Le parti créé par Hocine Aït Ahmed en 1963 considère que «60 années plus tard, nous arrivons avec plus de déceptions que de promesses réalisées», ajoutant que «60 années plus tard, nous sommes confrontés aux mêmes problèmes, instabilité politique, fragilité économique et précarité sociale». Pour le FFS, cette situation est «aggravée par un contexte international porteur de risques majeurs sur notre cohésion sociale comme sur notre souveraineté et notre unité nationales», mettant en garde que «la crise est toujours là».
Le plus vieux parti de l’opposition reproche au pouvoir politique ce qu’il qualifie de «politique de mépris», citant le mépris de la liberté, mépris de la volonté et de l’expression populaire, mépris du dialogue, mépris du travail en commun, mépris des règles et des lois qui ordonnent et organisent l’action collective… «Au fil du temps, ce mépris global a engendré une impasse intégrale, creusant davantage le fossé entre les gouvernants et les gouvernés», déplore le FFS.
«Atteints profondément par les échecs à répétition des options politiques, économiques et sociales désastreuses prises par un pouvoir autoritaire, les Algériens ont fini par perdre confiance, avant de se révolter massivement le 22 février 2019», a relevé le parti, lequel estime que «le risque désormais est de les voir se désengager définitivement si des révisions déchirantes ne sont pas opérées».
Des mesures urgentes d’ouverture et de détente
Le FFS, qui a souligné que les réponses «n’ont jamais été à la hauteur des attentes de nos concitoyens», a réitéré, dans ce contexte de célébration de l’indépendance du pays, des mesures d’ouverture et de détente de nature à rétablir la confiance entre les Algériens et leurs institutions. «Au-delà des discours et des expressions de bonne intention, les Algériens exigent des actes concrets en mesure de restaurer la confiance», a fait savoir le parti, pour qui «cela passe par des mesures urgentes d’ouverture et de détente».
Pour le FFS, «l’esprit patriotique exige de nous, aujourd’hui, de ne pas nous limiter à la seule dénonciation des dérives du pouvoir, mais de dresser de façon lucide, nos bilans», estimant que c’est ainsi que seront ouvertes «les perspectives en mesure de rendre espoir et confiance».
La célébration de l’Indépendance nous interpelle tous sur «l’impératif d’ouvrir un dialogue inclusif, responsable et transparent afin d’amorcer un véritable processus politique et démocratique de changement», a recommandé le FFS, qui a fait part de sa conviction que «la responsabilité première incombe au pouvoir». Le FFS a estimé que «toutes les options qui visent à pérenniser le système par un ravalement de façade ou à mettre en péril l’Etat national sont vouées à l’échec».
Sur autre registre, le FFS considère que «nous ne pouvons évoquer la commémoration du 60e anniversaire de notre indépendance, sans évoquer la construction maghrébine» qui demeure, a-t-il souligné, «une aspiration profonde de la volonté de nos peuples frères de bâtir un destin commun forgé dans nos luttes communes contre le colonialisme».
La même formation politique a relevé que «face aux dangers croissants que fait peser la globalisation, l’intégration régionale renforcerait les capacités de nos pays à relever les nombreux défis politiques économiques, sociaux et sécuritaires», ajoutant que le Maghreb «ne sera viable que fondé sur les principes voulus par les pères fondateurs de nos Nations et, au premier rang desquels, la construction d’un ensemble régional indépendant». Pour le FFS, cet ensemble régional «ne saurait être construit autour de forces étrangères expansionnistes et colonialistes».