La condamnation d’élèves mineurs à de la prison n’est pas du goût de l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (Unpef) qui s’insurge contre les peines prononcées contre les candidats fraudeurs aux examens officiels du Brevet d’enseignement moyen (BEM) ou du baccalauréat.
L’organisation syndicale apporte ainsi un avis désapprobateur des peines prononcées contre des candidats coupables d’actes de fraude lors des épreuves du BEM, des actions qui viennent en vertu du code des procédures pénales amendé récemment.
«A la veille du premier jour de l’examen du baccalauréat, le personnel de l’Education a été sidéré par la première condamnation à la réclusion ferme d’un élève poursuivi pour atteinte à l’intégrité des examens», s’indigne Abdelouahab Lamri Zegar, porte-parole de l’Unpef.
Il a été reproché au mis en cause la diffusion du corrigé d’un sujet d’examen du BEM sur son compte facebook, alors qu’une autre personne, «accusée d’avoir fuité le sujet de langue arabe, a été placée en détention préventive». Le porte-parole de l’Unpef se demande, suite à l’annonce des sanctions, si la criminalisation de l’acte de la fraude sera dissuasive envers les tricheurs.
«Certes, les lois de la Républiques sont au-dessus de tous, mais on ne peut pas cautionner l’envoi d’un adolescent mineur en prison», soutient M. Zegar, visiblement favorable plutôt à une autre forme de sanction autre que celle de la prison « contre des adolescents ».
A ses yeux, l’incarcération d’un élève «va inéluctablement compromettre son avenir», reprochant, dans le sillage, aux autorités compétentes de recourir à des peines judiciaires, alors qu’il était plus judicieux de mener la bataille sur d’autres fronts. «Il est bien de penser à sécuriser et sauvegarder la crédibilité et la valeur des examens, notamment celui du Baccalauréat, mais pas en compromettant l’avenir de collégiens ou de lycéens», insiste le porte-parole de l’Unpef dans ce qui traduit, on ne peut plus clairement, l’opposition de cette organisation à ce mode de sanction des tricheurs. Pour lui, «la tutelle aurait dû se contenter des mesures disciplinaires et des sanctions administratives en excluant les fraudeurs pour une durée déterminée des examens au lieu d’intenter une action en justice contre eux». Si le représentant de l’Unpef est clairement contre la condamnation du candidat fraudeur, il encourage toutefois de poursuivre en justice les encadreurs en cas de «complicité» pour ne pas mettre en péril la crédibilité des examens nationaux.
Pour rappel, les autorités compétentes ont criminalisé toute forme de fraude et de triche aux examens scolaires, en introduisant des sanctions dans le Code pénal amendé. Ces sanctions dépassent les peines administratives devenues également judiciaires. En janvier 2017, le ministère de la Justice a proposé de passer aux sanctions juridiques pour endiguer la fraude devenue un fléau qui a entaché la crédibilité des examens nationaux. Une proposition applaudie par la ministre de l’Education de l’époque, Noria Benghebrit, pour qui, «toutes les mesures qui aideraient à lutter contre la fraude devraient être considérées afin de préserver la crédibilité des examens et la consécration du principe d’égalité des chances». <