La vaccination contre le Covid-19 devrait connaître un coup de fouet avec l’arrivée progressive des nouvelles doses de vaccins dont la dernière, une quantité de 500.000 doses du vaccin chinois Sinovac, remonte à avant-hier soir. Ce qui porte le total d’antidotes réceptionnés depuis le 29 janvier au 31 mai à 2,5 millions de doses.

Par Ines Dali
D’autres quantités sont attendues pour le mois en cours et celui d’après, selon le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, qui estime que «cela permettra d’accélérer la campagne de vaccination qui est en bon chemin». Avec les nouvelles doses, «on accède un peu à ce que nous souhaitions avant» en termes de quantités, a-t-il ajouté, tout en se disant «rassuré que les gens commencent à comprendre maintenant que l’acquisition des vaccins était liée à une tension mondiale».
«Ce n’est pas pour déculpabiliser le ministère de la Santé, mais nous, au ministère, on commande et on attend. Ce qui s’est passé en Inde (la flambée de la pandémie avec le variant indien) a fait que ce pays ne livre plus de vaccins qui sont produits chez lui (l’AstraZeneca, ndlr) et la Chine veut vacciner 40% de sa population d’ici à la fin de juin», a-t-il indiqué sur les ondes de la Radio nationale, pour expliquer le retard pris dans la livraison des anticoronavirus pour Algérie et les faibles quantités réceptionnées par rapport aux prévisions.
Le constat des spécialistes reste, cependant, le manque de communication sur le nombre de personnes vaccinées jusqu’à présent. Ils ne s’expliquent pas pourquoi il y a encore une réticence sur cet aspect de la vaccination. Ils ont, à maintes reprises, lancé un appel aux autorités sanitaires pour que celles-ci fassent preuve de plus de transparence concernant ce volet. Alors que le ministère de la Santé rend public tous les jours un communiqué dans lequel il donne le nombre de cas confirmés, le nombre de décès et de cas en soins intensifs, entre autres indications, il ne souffle cependant pas mot sur le nombre de personnes vaccinées. Ce qui reste incompréhensible à leurs yeux.
Il y a lieu de rappeler que la dernière semaine du mois dernier, le Premier ministre Abdelaziz Djerad a donné instruction au ministère de la Santé d’intensifier la campagne de vaccination à travers le territoire national avec un effort supplémentaires pour les wilayas qui connaissent le plus de cas, et ce, juste après avoir réceptionné près d’un million de doses de vaccins. Le lendemain, elle devait en recevoir 500.000 autres, portant le total reçu en une semaine à plus de 1,4 million de doses.
Depuis, on apprend que des quantités se chiffrant à des milliers de doses sont envoyées dans pratiquement toutes les wilayas du pays, mais rien n’est communiqué sur le nombre de personnes ayant été vaccinées. «Ce qui est tout de même intriguant alors que partout ailleurs, dans tous les autres pays, le nombre des vaccinés est connu au fur et à mesure que la campagne de vaccination avance», nous a-t-on déclaré.
Ce qui n’a pas manqué de soulever la question de savoir s’il y a réticence de la population à se faire vacciner, et ce, alors qu’on ne cesse de réclamer en même temps que l’Algérie importe plus de quantités de vaccins.
Les spécialistes se demandent également pourquoi le nombre d’inscrits sur la plateforme du ministère de la Santé et dans les EPSP n’est pas non plus révélé. D’où une autre interrogation : «Si le ministère appelle les gens à s’inscrire, cela ne veut-il pas dire qu’il n’y a pas assez d’inscrits et que les gens ne veulent pas se faire vacciner ?».
Dr Yousfi : «On doit communiquer le nombre des vaccinés même s’il est minime»
Contacté à ce propos, le Dr Mohamed Yousfi, président de la Société algérienne d’infectiologie, a répondu sans détour. «Concernant le nombre de personnes vaccinées, on a dit dès le premier jour qu’il fallait qu’il soit communiqué, et ce, même si ce nombre est minime. On n’a aucune visibilité», a-t-il déclaré, déplorant le manque de communication de la tutelle. «On comprend qu’il y ait des difficultés à avoir des doses, mais quelles que soient ces difficultés, on doit faire preuve de transparence et de communication non seulement envers les citoyens mais également envers nous les spécialistes», a-t-il insisté. «On doit être en mesure de répondre aux patients lorsqu’ils nous posent des questions. Ils doivent savoir s’ils vont se faire vacciner dans un, deux ou trois mois», a-t-il ajouté. Selon lui, «la meilleure assurance de réussir une campagne de vaccination, c’est la communication et la transparence». Il a fait savoir, par la même occasion, que le manque de communication se fait également ressentir pour ce qui est des cas de variants, leur nombre, leur localisation, etc. «Même pour les variants, nous ne sommes pas informés, alors que nous devons normalement avoir l’information en temps réel les canaux officiels et non par le biais d’un communiqué», a encore regretté Dr Yousfi.
Il convient de noter, par ailleurs, que les spécialistes estiment le total des anticoronavirus effectivement acquis ne suffit pas à atteindre les objectifs assignés à la campagne vaccinale, à savoir vacciner 20 millions de personnes jusqu’à la fin de l’année, ce qui nécessite 40 millions de doses, selon les prévisions annoncées par le Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie de coronavirus. A noter que le vaccin chinois Sinovac, dont dispose l’Algérie, a été homologué hier par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). «L’OMS a donné mardi son homologation d’urgence au vaccin anti-Covid chinois Sinovac», a annoncé l’agence onusienne dans un communiqué. Le comité d’experts vaccinaux de l’OMS a recommandé ce vaccin qui requiert deux doses à intervalle de deux à quatre semaines pour les personnes de 18 ans et plus. <