Par Feriel Nourine
Les années se suivent et se ressemblent pour la Caisse nationale des retraites (CNR), marquée par un déficit qui ne cesse de s’amplifier, ajoutant à la précarité et au déséquilibre financier préoccupants dont pâtit cet organisme.
Une situation incommodante que le nouveau Directeur général de la CNR, Djaafar Abdelli, est allé exposer à l’Assemblée populaire nationale dès le lendemain de son installation. Devant la Commission de santé, des affaires sociales, du travail et de la formation professionnelle de l’APN, M. Abdelli a reconduit les mêmes préoccupations que ses prédécesseurs qui sont passés à l’Hémicycle du boulevard Zighoud-Youcef.
Cette tendance baissière, déclenchée en 2013, n’a pu être stoppée par les moyens de la caisse pour plusieurs paramètres, notamment «la diminution du nombre de cotisants par retraité», a indiqué le premier responsable de la CNR. A ce propos, il a rappelé que le nombre de retraités «est passé de plus de 2 millions, en 2010, à plus de 3 millions en 2022, soit une augmentation de 46%».
Sur le même registre, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Youcef Cherfa, avait indiqué, en novembre dernier, devant la même commission de l’APN, que l’Algérie ne compte que «1,92 cotisant pour un retraité et l’Etat cherche à le porter à 2,04», alors que l’équilibre nécessite «une moyenne de 5 cotisants pour un retraité, selon les normes utilisées dans les systèmes de retraites». Ceci n’a pas manqué de provoquer «un important déficit structurel» durant l’année en cours, qui a affecté les soldes de la CNR dont les dépenses ont augmenté de 9%, alors que ses revenus n’ont augmenté que de 3%, a précisé son Directeur général devant les députés.
La baisse du nombre d’affiliés à la sécurité sociale, conjuguée à l’augmentation du nombre de retraités et des montants des pensions de retraite ont mis la CNR dans une situation financière qui a nécessité l’intervention du Trésor public pour réduire l’ampleur du déficit occasionné et le faire baisser à 376 milliards de dinars. Une intervention visiblement toute récente, puisque le ministre du secteur avait indiqué, lors de sa même sortie devant les députés, que ce déficit avait atteint 640 milliards de dinars, contre 560 milliards de dinars en 2013.
Pour sa part, le prédécesseur de M. Abdelli à la tête de la CNR avait fait savoir que pour couvrir son déficit, la caisse bénéficiait d’un crédit de l’ordre de 700 milliards de dinars auprès de la Caisse nationale à l’investissement. Dans le même esprit de soutien aux institutions relevant de la sécurité sociale, il est prévu par la loi de finances 2023 une enveloppe de 70 milliards de dinars pour la régularisation des créances de la CNR.
Chiffres préoccupants du côté de la CNR et inquiétudes du côté des députés, manifestée surtout à travers la situation sociale de nombreux retraités dont la pension reste toujours insuffisante, voire insignifiante. Un député s’est interrogé sur certains retraités qui reçoivent 16 000 DA après des années de travail et de cotisations. Certains députés ont également insisté sur la nécessité de réduire les documents pour les retraités grâce à l’utilisation de documents unifiés afin d’alléger la charge et la nécessité pour la CNR de rompre avec le déficit financier en ciblant d’autres ressources en prenant l’initiative d’aller vers l’investissement dans certains domaines, tels que l’agriculture et l’industrie.
En attendant que cela puisse se produire, il est utile de rappeler que la caisse des retraites est principalement alimentée par la Caisse nationale d’assurance sociale qui participe à elle seule à plus de 80% de ses rentrées. n