Dans de nombreuses communes de la partie Est de la capitale, là où la densité de la population est importante, il n’y avait pratiquement pas foule dans les centres de vote tout au long de la matinée d’hier, voire même jusqu’à 12H45, jour où l’électorat était appelé à se prononcer sur le projet de révision constitutionnelle. C’est ce qu’a pu constater Reporters lors de sa virée dans lesdits quartiers, en l’occurrence Badjarah, Bourouba (ex-La Montagne) et une partie d’El Harrach. Vers les coups de midi ne figuraient, dans les urnes installées dans les classes des écoles où Reporters est passé, que quelques bulletins de vote, ce qui a facilité le décompte à cette heure précise. Au meilleur des cas, une dizaine d’enveloppes, la moyenne tournant autour de cinq enveloppes, alors que dans certaines urnes on pouvait dénombrer deux ou trois. En somme, et selon les chefs des centres visités, le taux de participation à l’heure indiquée ci-dessus ne dépassait pas les 2,5%. Mais d’avancer à l’unanimité «le taux pourrait grimper dans l’après-midi ». Trois heures plus tard, l’ascension attendue n’était pas au rendez-vous. En effet, les taux enregistrés vers 15H30 frôlaient les 12% dans certains centres, tandis que dans d’autres, c’est tout juste les 8% de suffrages exprimés. A partir de ces pourcentages, on déduit vite que le taux de participation dans ces communes, et par ricochet dans toute la capitale, s’achemine vers un taux d’absentéisme élevé.
Des suffrages en peau de chagrin
«J’ai participé au pilotage de centre de vote lors de plusieurs référendums sur la Constitution mais sans jamais connaître un niveau aussi faible de suffrage exprimé», lâche un chef de centre approché par Reporters. Ce que partage un autre en ajoutant dans ce sens : «Les couloirs menant aux classes où sont installées les urnes sont pratiquement vides depuis l’ouverture du centre où seul par moment un électeur ou une électrice fait son apparition.» «C’est pour dire que nous ne sommes pas devant ces queues qui se formaient au seuil des classes. C’est aussi le même tableau au niveau de l’entrée des centres où le va-et-vient des personnes créait une certaine ambiance, indiquant que c’était jour de vote.
Ce qui se passe aujourd’hui c’est tout le contraire», confia-t-il. Toujours à propos de participation, les rares personnes interpellées par Reporters sur les lieux, venues pour répondre à la question pour ou contre la révision de la Constitution, nombreux jugent que la nouvelle mouture répond à leurs aspirations et reste conforme aux constantes de la nation. «Nous avons eu le temps de lire avec beaucoup d’attention le projet et malgré quelques carences nous avons réalisé qu’il devenait utile pour l’avenir du pays de participer à ce référendum», ont-ils souligné. Un autre, la quarante bien avancée, n’a pas hésité de nous témoigner que «ce vote diffère des autres, c’est pourquoi j’avoue que j’ai réfléchi par deux fois si oui ou non je devais voter, car les choses n’étaient pas aussi simples pour moi comme pour de nombreux citoyens». Expliquant dans ce sillage que « l’Algérien n’a connu que de fausses promesses depuis l’Indépendance, ce qui nous a rendu méfiants». Du coup il n’accordait plus facilement sa confiance. Mais, «cette fois, l’espoir nous revient à partir des changements qui vont s’opérer par l’entremise des nouveaux textes introduits dans le projet de la nouvelle Constitution». Un quinquagénaire fait remarquer en s’adressant à tous ceux et celles qui, comme lui, sont venus voter : «Le pas que viennent de faire les Algériens qui se sont exprimés par la voie de l’urne est une grande avancée dans l’avenir du pays.» Aïcha, institutrice, à la veille de partir à la retraite, estime pour sa part : «Quand bien même ceux qui boycottent ce référendum sont certes nombreux, il n’en demeure pas moins que le référendum va refléter la bonne santé du pays à travers la consécration de la démocratie.» Une autre dame, enseignante dans un CEM, rapportera que «la révision de la Constitution est un pari gagné dans la mesure où cela permettra de consacrer la parole du peuple». Et de conclure : «Le peuple est seul maître à bord pour jeter les fondements de l’Algérie nouvelle.» Notons enfin l’excellente organisation dans les centres de vote visités et où les mesures barrières contre la Covid-19 et d’autres dispositions inhérentes au contexte sanitaire ont été respectées à la lettre, ce qui a permis toutefois aux sceptiques d’un risque d’une contamination de lâcher du lest et du coup prendre le chemin des urnes. C’est bientôt l’heure de la fermeture des bureaux de vote. Des retardataires pressent le pas.