Dans une lettre ouverte au président de la République Abdelmadjid Tebboune, l’Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA) lance un appel au chef de l’Etat pour la relance du secteur à travers une série de recommandations, soit au total 14 propositions qui contribueraient à faire sortir les entreprises du BTP du marasme dans lequel elles sont en train de s’enliser.

Par Sihem Bounabi
L’AGEA estime ainsi que « si rien n’est fait », cela risque de se traduire inévitablement sur le terrain par « des entreprises en faillite et des salariés qui ne manqueront pas de grossir les rangs des sans-emploi ». Afin d’anticiper cette situation désastreuse et les risques d’effondrement d’un pan important de l’économie nationale, l’AGEA recommande en premier lieu l’organisation « dans les meilleurs délais possibles des 4es assises nationales du BTPH », ceci afin de trouver les meilleures solutions pour la renaissance du secteur à travers des ateliers spécialisés autour des codes du commerce, de l’investissement, des marchés publics et du travail, tels que le précise le document parvenu à la Rédaction. Dans la liste des recommandations, un appel est également lancé pour la prise en charge des surcoûts liés à la Covid-19 par « l’annulation des charges fiscales et sociales des deux derniers exercices 2019/2020/2021 « et « la dépénalisation fiscale et parafiscale des entreprises du secteur ». En outre, l’AGEA met en exergue l’importance de la mise en place d’un mécanisme d’incitation à l’investissement local, d’un plan massif de rénovation de consommation énergétique des bâtiments et le retour à un taux réduit de TVA à 7% pour l’ensemble des travaux. Il est également recommandé de mettre en place un observatoire national pour la PME/PMI/TPE et d’associer l’université aux associations patronales. Par ailleurs, afin de mettre un terme ou d’atténuer la spéculation dans le marché de la location immobilière, l’AGEA recommande d’encourager l’entreprise nationale à construire des habitations destinées pour 50% à la location et 50% à la vente. Dans le document, il est précisé que « la nouveauté portera sur le prix de location qui ne dépassera pas le SMIG ». Il est mis en relief que le moteur et facteur principal de la réussite de ce processus est « la facilitation à l’entreprise nationale à l’accès au foncier par un mécanisme d’acquisition auprès des walis via une structure mixte, Etat-Entreprise, chargée de manager ce dossier et d’éclater tous les verrous qui viendraient à entraver sa réussite ». En outre, il est également recommandé une « implication effective » des banques à travers la mise en place de mécanismes leur permettant de s’investir pour accompagner les entreprises dans la réalisation et le suivi des projets de construction. Dans un autre registre, l’AGEA souligne l’importance de la mise en place d’un mécanisme de mise à disposition de zones d’activité du BTPH par wilaya, ceci en incluant l’AGEA dans les commissions de wilaya chargées des marchés et de l’investissement en rapport avec le BTPH. Concernant les bureaux d’études, un appel est également lancé à confier les études et les missions de conception et de suivi des projets de l’Etat à des « BET algériens par des concours d’architecture ou de projet ». L’organisation professionnelle évoque également la mise en œuvre de la charte partenariat public-privé (PPP), proposant l’installation d’organes de travail pour la bonne mise en œuvre des textes d’application relatifs à la loi. Finalement, il est rappelé dans le document que le secteur du BTPH représente près de 1,5 million d’emplois et près de 350 000 entreprises en Algérie, essentiellement des TPE /PME. L’AGEA se désole que les premières mesures de soutien du gouvernement pour le secteur de la construction se sont avérées inefficaces, autant, depuis plusieurs semaines, il tergiverse à prendre les dispositions qui s’imposent pour maintenir à flot un secteur essentiel à l’ensemble de l’économie du pays. D’où l’importance, pour l’organisation des entrepreneurs d’intégrer ces propositions au projet de loi de finances 2023 afin de stimuler l’investissement des ménages, des acteurs privés et des collectivités publiques. Il s’agit également de contribuer à travers ces recommandations à « permettre aux entreprises algériennes de s’adapter au contexte économique national qui est en mutation rapide et profonde en Algérie ». n