Le Brexit, c’est dans «six semaines, mais nous n’avons en réalité que trois semaines utiles», prévient un diplomate en poste à Bruxelles après la visite de Theresa May, Premier ministre britannique, mercredi dernier. La Grande-Bretagne cherche à conclure environ 40 accords commerciaux bilatéraux avec l’Union européenne et avec des pays tiers, dont l’Algérie, avant qu’elle ne quitte l’Union, le 29 mars prochain.
Ce faisant, elle essaye de compenser ce qu’elle va perdre dans le multilatéral, par une coopération accrue dans le bilatéral. Mais, le peut-elle ? Selon l’agence Reuters, le gouvernement britannique, dans un document dévoilant les progrès accomplis dans ses négociations avec l’UE, rendu public jeudi dernier, a expliqué tenir compte du fait qu’il est peu probable que ces accords puissent être réalisés dans l’intervalle. Il a clairement déclaré qu’il était improbable de reproduire à temps les accords avec l’Algérie, Andorre et la Turquie. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie pour l’Algérie ? Comme on le sait déjà, les lignes tarifaires et produits contingentés instaurés dans le cadre de l’Accord d’association liant l’Algérie à l’Union européenne sont transposables à chaque pays appartenant à l’espace européen. C’est le principe de base qui fonde les lignes directrices des relations économiques et commerciales entre l’Union et un pays tiers comme le nôtre. Le Royaume-Uni s’apprêtant à en sortir, il perdrait les avantages que lui procurait l’UE. Finis ainsi les régimes tarifaires dont il bénéficiait dans ses échanges commerciaux avec l’Algérie. Cette dernière perdrait aussi des avantages, en tenant compte du principe de la réciprocité. Du coup, le volume des échanges commerciaux entre les deux pays va forcément en pâtir. Aujourd’hui il dépasse les cinq milliards de dollars. Le volume est tellement important que les deux pays ne peuvent se permettre de l’ignorer. Par conséquent, un nouvel accord économique et commercial bilatéral est envisageable, mais cela prendra du temps. L’accord devrait ouvrir de grandes opportunités, non seulement en matière d’exportation en faveur des producteurs algériens mais aussi aux investissements britanniques en Algérie. Le pays peut exporter vers le Royaume-Uni, essentiellement des produits agricoles. De fait, le Brexit constitue certainement une opportunité de développer l’économie et le commerce, en harmonie avec la stratégie d’exportation en cours d’élaboration par le gouvernement. Celui-ci cherche à mettre en place les moyens et procédures nécessaires pour accompagner et aider les opérateurs économiques algériens, dont notamment les producteurs, à franchir le pas et à exporter davantage vers la Grande-Bretagne après le Brexit. Le pays veut adapter ses relations commerciales avec Londres, s’ajuster rapidement à cette nouvelle donne. En Algérie, le Royaume-Uni est présent dans le secteur pétrolier, à travers BP, Shell et BG, mais également dans d’autres domaines tels que les infrastructures (Biwater), les industries pharmaceutiques (GSK), les services financiers (Hsbc). Les Britanniques se trouvent devant la vérité toute nue, ils ont voté massivement pour sortir de l’UE, mais en emportant avec eux la contribution annuelle, de 18 milliards d’euros, versée à l’Union, avec l’argent des contribuables du pays. Le gouvernement britannique, indépendamment du parti politique qui l’a conduit, s’est donné plus de trois ans pour trancher définitivement la question de sortie de l’Union européenne. Des dispositions régissant le traité de l’Union l’y autorisent. Elles prévoient, entre autres, des négociations de deux ans renouvelables une fois la demande de sortie effectuée par les Britanniques.<