Les inondations causées par les pluies diluviennes dans l’État brésilien de Bahia (nord-est) ont causé des dégâts encore incalculables tandis que ses habitants tentent, sous la menace de nouvelles crues, de sauver ce qu’ils peuvent dans leurs modestes demeures recouvertes de boue. Le bilan humain s’est encore alourdi, s’élevant à 21 morts depuis fin novembre, après le décès mardi d’un homme de 19 ans qui s’est noyé dans la ville d’Ilheus.

Selon les autorités locales, il s’agit du plus grand volume de précipitations tombé en 32 ans à Bahia pour un mois de décembre. Dans certaines villes, l’équivalent d’un mois de pluie s’est abattu en quelques heures. Les inondations ont touché 136 communes, soit un tiers des municipalités de Bahia, affectant près d’un demi-million de personnes et faisant plus de 77.000 déplacés. Les météorologues craignent désormais que de violents orages chargés de pluie atteignent ces prochains jours les États très peuplés du sud-est du Brésil, notamment ceux de Minas Gerais, Rio de Janeiro et Sao Paulo. À Itapetinga, une des villes les plus touchées du sud de Bahia, Carlos Batista da Silva désigne sur le mur une trace au-dessus de sa tête qui montre à quel point le niveau de l’eau a monté. «On a essayé d’enlever les meubles, mais on n’a pas eu le temps. On a seulement pu sauver la télé», confie-t-il à l’AFP. Joao Vitor Gomes dos Santos, autre habitant d’Itapetinga, n’a pu que constater les dégâts. «L’eau est entrée dans la maison et a submergé les armoires, le lit… On a tout perdu», déplore-t-il. Dans les villes où le niveau de l’eau a commencé à baisser, des montagnes de décombres apparaissent, dans un paysage de désolation où l’accès aux quartiers les plus sinistrés se fait seulement par bateau pneumatique ou par hélicoptère. Mais d’autres localités, comme Itambé, Canavieiras, Mascote ou Candido Sales, restent sous la menace de nouvelles inondations et des habitants ont dû être évacués par mesure de prévention. Les pompiers de Bahia surveillent de près une dizaine de digues proches de la rupture et des cours d’eau qui menacent de déborder. Au total, plus de 40 routes ont été endommagées.

Bolsonaro en jet-ski
Le président d’extrême droite Jair Bolsonaro a signé mardi un décret autorisant un crédit extraordinaire de 200 millions de réais (environ 21 millions d’euros) pour la réparation des infrastructures de cinq États touchés par la pluie, dont 80 millions affectés à Bahia. Mais le gouverneur de Bahia, Rui Costa, a estimé mardi que ces fonds étaient «insuffisants». «L’étendue de la destruction est impressionnante. On dirait qu’il y a eu la guerre. Nous sommes encore en train d’évaluer les dégâts, il est trop tôt pour donner un chiffre concret», a insisté cet élu du Parti des Travailleurs (PT, gauche) de l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, favori contre Jair Bolsonaro pour la présidentielle d’octobre 2022. Lundi, Rui Costa décrivait déjà les inondations dans son État comme la «pire catastrophe de l’histoire de Bahia». Le président Bolsonaro a été très critiqué pour son absence sur le terrain. Plusieurs ministres ont survolé les zones sinistrées mardi, pendant qu’il s’affichait en jet-ski sur une plage de l’État de Santa Catarina (sud). «J’espère ne pas devoir écourter mes vacances», a déclaré le chef de l’État à des partisans, selon le site d’informations locales de Santa Catarina ND Mais. «Ce n’est pas juste de l’irresponsabilité, c’est un manque de compassion. Près de 500.000 personnes ont été affectées par les inondations à Bahia et où est le président de la République?», a lancé mercredi sur Twitter le député de gauche Marcelo Freixo. De nombreuses célébrités se sont mobilisées pour appeler aux dons afin de venir en aide aux sinistrés, notamment les chanteurs Gilberto Gil et Caetano Veloso, originaires de Bahia. (AFP)