Bouhadjar, une localité située à l’extrême sud-est du chef-lieu de wilaya El Tarf, est dans un état d’isolement malgré les quelques projets d’infrastructures de base. Cette localité, la plus ancienne, date de l’avant-indépendance et portait la dénomination de Lamy. Pendant la Révolution, cette agglomération ne comptait qu’une vingtaine d’habitants, pour la plupart des colons qui exploitaient les terres arables de cette région. Maintenant, elle compte plus de 30 000 âmes vivant toujours des travaux des champs. La présence de l’Etat est insignifiante et ne compte aucune usine pouvant résorber le nombre de chômeurs grandissant d’année en année. Bouhadjar est pourtant un village où il fait bon vivre si les gestionnaires lui donnaient ses atouts. Les conditions sociales des habitants laissent à désirer. Distante de 43 km du chef-lieu, pour atteindre Bouhadjar il faut être très prudent car la route est truffée de crevasses et de virages très dangereux, pour ne pas dire souvent mortels. Pour étancher leur soif, les habitants ont souvent recours aux puits et aux quelques sources naturelles. Les bornes fontaines qui rendaient des services ont été saccagées. Depuis l’indépendance, ce village n’arrive pas à sortir de son enclavement et les habitants n’ont rien eu en contrepartie des sacrifices consentis durant la Révolution, les politiciens, eux, n’ont pas assuré le programme spécial décidé au bénéfice de cette région dans les années 1980 et la marginalisation a continué des années durant. C’est la seule daïra qui ne dispose pas de route à double voies pour la relier aux autres wilayas, Guelma, Tébessa, Annaba et Souk Ahras, à 43 km seulement. Les élus qui se sont succédé ont contribué à l’étouffer et la marginaliser. « Une grande ville au temps des Romains qui s’est transformée en village maintenant ! », regrette un jeune universitaire. En effet, le village souffre du manque de projets de développement et d’aménagement. Son cas est flagrant, aucun projet d’envergure n’a été réalisé pour rompre l’isolement de la population. Les habitants réclament la réfection d’une route bitumée digne de ce nom, qui relie le village au chef-lieu de la commune, et ne comptent pas baisser les bras pour faire aboutir leur revendication. L’autre problème que les villageois soulèvent est l’école primaire. En plus de sa vétusté, le problème de la surcharge des classes influe sur les résultats scolaires des apprenants et affecte négativement le rendement du personnel pédagogique exerçant dans cet établissement. Le centre de santé de la localité est une autre infrastructure dont les villageois alertent les pouvoirs publics sur son état de dégradation avancé. Des citoyens ont affirmé que la prise en charge médicale des malades dans leur village fait défaut. Pour se soigner, les habitants sont contraints de se rendre au chef-lieu de la wilaya. « La polyclinique et l’hôpital sont loin de répondre aux besoins des citoyens. L’équipement médical y est insignifiant et le personnel paramédical et médical est insuffisant pour assurer une réelle couverture sanitaire de la population du village », disent les habitants. Un habitant de la cité des enseignants dénonce la politique de « deux poids deux mesures ». En effet, bien que le réseau du raccordement du gaz naturel passe à côté, la cité des enseignants est privée de ce bienfait en dépit de toutes les doléances formulées aux élus locaux et aux responsables de la wilaya. Les locataires des cité-dortoir, qui donnent l’impression de mouroir, ne reçoivent l’eau que tous les dix ou quinze jours malgré la réalisation d’un plus grand barrage à Cheffia de 185 millions de mètres cubes et une pompe flottante qui, selon les uns, a coûté de quoi réalisé un autre barrage. Au niveau du chef-lieu communal, l’infrastructure de base nécessite une réhabilitation de plusieurs millions de dinars. Les citoyens attendent toujours la distribution des cinquante logements dans le cadre de l’habitat social. Le second lycée réalisé a coûté des milliards mais menace ruine bien avant son inauguration à cause d’un mauvais choix. Ainsi, Bouhadjar connaît énormément de problèmes dont la solution n’est apparemment pas pour demain.
M. B.