Par Leila ZAIMI
« Boufarik, au moment du corona » est le récit que vient de publier le journaliste et romancier Abdelkader Harichane aux éditions Essaihi. Une fiction sur la crise sanitaire mondiale vue sous un angle local et celui d’un protagoniste boufarikois à la réflexion et aux questionnements féconds sur le « virus chinois » comme certains l’appellent, mais pas uniquement. Pour Abdelkader Harichane, le Hirak, le régime, la décennie noire, sont autant de grands thèmes qui ont marqué l’histoire récente du pays que des prétextes à l’observation et parfois à la fiction. Tous ont plus ou moins figuré comme matière première dans ses livres et comme terrain d’expérimentation d’une écriture de témoignage sur les grands bouleversements qui saisissent l’Algérie depuis une trentaine d’années et ont vu son paysage politique, social, économique et même sécuritaire, totalement transformé. Après avoir écrit le FIS et le Pouvoir, la Tragédie algérienne et ses hommes, une variation sur ce parti pas comme les autres, le FLN dans Un thé chez le FLN, où il raconte son approche de cette formation politique en tant que journaliste, notamment à El Khabar où il a exercé pendant de longues années, il revient cette fois avec un nouveau roman. Un nouveau texte pour nous faire revivre à sa façon la crise sanitaire provoquée dans notre pays par la pandémie mondiale de la Covid-19 après ses premiers foyers déclarés en Chine.
Dans cet ouvrage imaginaire, l’écrivain nous parle des moments difficiles que connaît encore notre pays à cause des conséquences terribles et multidimensionnelles de cette crise sanitaire. Son idée, originale, est de centrer son roman sur la ville de Boufarik qu’il connaît bien et où a été détecté le premier cas Covid dans le pays. Il raconte une ville de plus en plus poussée dans ses retranchements par la coulée de béton que connaît l’Algérois et la Mitidja. Une petite ville agricole qui ne l’est déjà plus, prise d’assaut par une petite et moyenne entreprise de transformation, à l’identité déjà perdue mais meurtrie par le terrorisme massif des années 90. «Depuis sa création, Boufarik vit son troisième drame, les génocides du colon, le terrorisme et maintenant le corona », écrit-il dans son roman.
A travers la narration, le personnage principal relate les grands événements qui ont marqué la ville de Boufarik et la mémoire collective de ses habitants. « La ville de Boufarik au moment du Corona, comme raconte l’auteur, est semblable à Boufarik de la décennie rouge ». Au confinement sécuritaire suit le confinement sanitaire. Au couvre-feu réel succèdent les restrictions de lutte contre la propagation du virus que Abdelghafour, un personnage curieux de tout, passe au scalpel. Qui a sa petite idée, beaucoup d’idées même sur la maladie et ses origines. C’est l’homme qui n’écarte aucune piste…