Synthèse Salim Benour
En visite à Prétoria en Afrique du Sud, première étape de sa tournée régionale en Afrique, le secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères, Anthony Blinken, a déclaré hier lundi que son pays, les Etats-Unis, veulent un « véritable partenariat » avec l’Afrique. Il s’est défendu de l’idée que Washington veuille « surpasser » l’influence des autres puissances mondiales sur le continent. « Ce que nous recherchons avant tout, c’est un véritable partenariat entre les États-Unis et l’Afrique. Nous ne voulons pas d’une relation déséquilibrée ou transactionnelle », a-t-il déclaré ors d’un point-presse aux côtés de son homologue sud-africaine Naledi Pandor.
M. Blinken a affirmé que Washington ne considérait pas la région comme le « dernier terrain de jeu dans une compétition entre grandes puissances ». « Ce n’est fondamentalement pas ainsi que nous voyons les choses. Ce n’est pas ainsi que nous ferons progresser notre engagement ici », a-t-il insisté. « Notre engagement en faveur d’un partenariat renforcé avec l’Afrique ne consiste pas à essayer de surpasser qui que ce soit ». « Les Etats-Unis ont tout intérêt à s’assurer que la région reste ouverte et accessible à tous, et que les gouvernements et les populations puissent faire leurs propres choix politiques (…) Des sociétés ouvertes sont généralement plus enclines à travailler de concert avec les Etats-Unis, attirent plus de commerce et d’investissement américain (…) et contrent les activités nuisibles de la République populaire de Chine, de la Russie et d’autres acteurs étrangers », lit-on par ailleurs dans le nouveau document d’orientation de politique étrangère américaine en Afrique.
Intitulé « Stratégie américaine envers l’Afrique subsaharienne », le document rendu public hier lundi détaille quatre objectifs pour cinq ans: favoriser les sociétés ouvertes; offrir des dividendes démocratiques et en matière de sécurité; travailler au redressement après la pandémie et sur les opportunités économiques; soutenir la préservation et l’adaptation au climat et une transition énergique juste. Un sommet américano-africain est prévu le 13 décembre à Washington.
Le document américain égrène les griefs de la Maison Blanche contre Pékin et Moscou en Afrique. Il suggère que Pékin s’y comporte comme dans une « arène pour défier l’ordre international fondé sur des règles, faire avancer ses stricts intérêts commerciaux et géopolitiques (…) et affaiblir les relations des Etats-Unis avec les peuples et les gouvernements africains ». Quant à la Russie, elle « considère la région comme un environnement permissif pour les sociétés para-étatiques et militaires privées, créant souvent de l’instabilité pour en retirer un avantage stratégique et financier », selon le document américain qui pointe aussi l’usage de « la désinformation ». « Nous sommes extrêmement préoccupés par le rôle des mercenaires russes », a par ailleurs commenté un responsable de l’administration américaine, pointant le groupe Wagner, accusé d’exactions, notamment en Centrafrique. Le document suggère un effort accru pour « endiguer la récente vague d’autoritarisme et de coups d’Etat militaires en travaillant avec des alliés et des partenaires dans la région pour répondre au recul démocratique et aux violations des droits de l’homme ».
Il ajoute que les Etats-Unis utiliseront leur « capacité unilatérale », autrement dit militaire, contre des cibles terroristes «uniquement là où c’est légal et là où la menace est la plus aiguë ».