Le Hirak est en ébullition. L’approche de la date anniversaire galvanise les troupes, libère les initiatives. Les Hirakistes, jeunes et vieux, ne veulent en aucun cas rater l’occasion de rendre hommage au mouvement populaire du 22 février… Ils multiplient les actions et s’approprient les espaces sur le net ou dans la ville, le temps de quelques échanges, de quelques débats, quelques rencontres…
A l’extérieur pourtant, rien ne transparaît. Ces remous sont invisibles, inaudibles… C’est le calme plat d’un Hirak qui se projette d’un vendredi à un autre sans beaucoup de reliefs depuis le 12 décembre dernier, sinon quelques slogans incongrus louant « Amir DZ » ou demandant à autoriser Ali Benhadj « à faire la prière » et des banderoles qui considèrent « les appareils des partis comme des extensions du système »… En face, dans le camp du pouvoir, rien qui vaille la peine d’être cité aussi en attendant des jours meilleurs. Ailleurs, ce n’est pas mieux non plus avec des partis moribonds. La négation de l’autre, sport national favori, est érigée en ligne de conduite. Le pays entier avance compartimenté, cloisonné, le Hirak d’un côté, le Pouvoir de l’autre, les partis ensuite … Ce statu quo, s’il se poursuit, risque de nous entraîner vers des zones de hautes tempêtes. Nous nous acheminons peu à peu vers le clash dans l’insouciance, l’entêtement, le louvoiement. Le Hirak est un sursaut national ! Tout le monde admet son action salutaire aujourd’hui mais sans plus… Personne ne l’écoute en fait, chacun rêvant d’obtenir ses faveurs, sa vigueur, son consentement ou son parrainage… Du moment que sa subordination est impossible, que reste-t-il d’autre à faire ? Mohamed Amine Z., qui s’est réuni à plusieurs reprises avec les Hirakistes, reconnaît que les choses sont difficiles mais il demeure optimiste. « Nous préparons activement la célébration du premier anniversaire du Hirak », dit-il. « Nous réfléchissons aux actions que nous devrons engager pour l’occasion mais aussi à l’avenir du Hirak. Les jeunes qui voulaient rejoindre le parti de Benattia du forum se sont ravisés. Le Hirak est soumis à une forte pression mais il s’en sort bien même s’il a diminué en nombre… Les Hirakistes qui restent sont convaincus et il sera difficile de les infiltrer ou de les détourner. Le Hirak reviendra plus fort.»
A propos des activités visant à célébrer le premier anniversaire du mouvement populaire, Mohamed Amine Z. ajoute : « Nous sommes au stade des propositions. Chacun y va des siennes. Il nous reste une semaine. Ce sera largement suffisant car nous travaillons en groupes… Nous marcherons à Blida le vendredi et nous rejoindrons Alger le samedi… c’est ce qui est convenu pour le moment. » Même son de cloche chez d’autres Hirakistes beaucoup plus présents sur la toile mais qui jurent que « la célébration de ce premier anniversaire du Hirak sera grandiose, à la mesure de l’événement. De nombreuses activités et initiatives sont prévues ». Ils ne diront pas plus… D’autres initiatives plus personnelles et plus individuelles marqueront la journée du 21 février. Quelques Hirakistes comptent exposer sur la place de la Liberté leurs pancartes, leurs emblèmes et tous les objets utilisés durant les 12 mois de Hirak…
Il est 14H30. C’est l’heure du départ. Les manifestants rassemblés sur la placette et dans l’allée attenante se mettent en mouvement. Ils se dirigent vers le carrefour. Saïd et Ahmed organisent les premiers rangs. De nouvelles pancartes sont hissées, de nouvelles banderoles déployées… « Quassaman », l’hymne national résonne, le cortège met le pied sur le boulevard Larbi-Tebessi. Le 52e Hirak commence. Il empruntera le même itinéraire. Après le boulevard Larbi-Tébessi, il prendra la rue Saïb-Ali pour déboucher avenue Mostefa-Benboulaïd où l’attend l’infatigable Benyoucef Mellouk. La procession passera devant l’ancienne prison de Blida puis la Gendarmerie nationale, fera halte devant le siège de wilaya durant quelques minutes le temps de chanter les refrains qui conviennent avant de reprendre sa marche. Elle s’engage avenue Mohamed-Hassen puis boulevard Mohamed-Boudiaf jusqu’au siège de la Sûreté de Wilaya pour une seconde halte, repart pour s’arrêter une dernière fois aux gradins de la Caar. On chante, on crie, on déploie drapeaux et emblèmes avant de repartir… On s’engage avenue Amara-Youcef avec la même verve jusqu’à la place de la Liberté…