La visite d’Etat du président Tebboune en France aura lieu au mois de mai prochain. C’est ce qu’a indiqué, hier, un communiqué de la présidence de la République, suite à l’échange téléphonique qu’ont eu les deux chefs d’Etat algérien et français.
PAR NAZIM BRAHIMI
«Le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a reçu, ce jour, un appel téléphonique du président de la République française, M. Emmanuel Macron, durant lequel ils ont échangé les vœux à l’occasion du nouvel an, souhaitant davantage de progrès et de prospérité aux deux peuples», selon la Présidence.
Les deux Présidents ont évoqué également «des questions portant sur les relations bilatérales et la visite d’Etat du président de la République en France, convenant de la programmer pour le mois de mai prochain», a précisé la même source.
Et s’il est encore tôt de disserter quant à la portée de cette visite, il est certain qu’une visite du chef d’Etat en France ne laisse pas indifférent des deux côtés de la Méditerranée.
Cela étant, au plus de la responsabilité, à Alger comme à Paris, on œuvre manifestement à réunir les meilleurs conditions pour donner plus d’épaisseur à la coopération bilatérale en évacuant tous les sujets de nature à envenimer de nouveau les relations entre les deux parties comme celui de l’attribution des visas aux Algériens demandeurs, un «malentendu» qui a été réglé récemment.
«Depuis lundi dernier, nous avons repris, et nous l’avons décidé de le faire ensemble, une relation consulaire normale, celle qui existait avant la pandémie de Covid-19, notamment la relation sur les visas et l’échange entre nos populations et ce, à la hauteur de la relation amicale extrêmement forte et spécifique entre la France et l’Algérie», a déclaré le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin à l’issue de l’audience que lui a accordée le président Tebboune à l’occasion de sa visite au mois de décembre dernier en Algérie.
Côté algérien, le président Tebboune a affirmé, fin décembre 2022 au quotidien français Le Figaro, qu’il est «urgent d’ouvrir une nouvelle ère des relations bilatérales» entre l’Algérie et la France, considérant que «plus de 60 ans après la guerre, il faut passer à autre chose», relevant que «si la mémoire fait partie de nos gènes communs, nous partageons aussi bon nombre d’intérêts fondamentaux, même si nos points de vue peuvent diverger».
Dans le même chapitre, il a estimé que «la France doit se libérer de son complexe de colonisateur et l’Algérie, de son complexe de colonisé», ajoutant que «l’Algérie est une puissance africaine qui ne ressemble pas du tout à ce qu’elle était en 1962».
En ce qui concerne la question de la Mémoire et après avoir rappelé que la décision d’installer une Commission d’historiens de part et d’autre a été prise par lui et le Président français, il a affirmé qu’une «partie de la colonisation doit être dépolitisée et remise à l’histoire».
«Une partie de la colonisation doit être dépolitisée»
Pour le président Tebboune, «il faut prendre en compte les 132 ans d’occupation, car tout ne commence pas avec la guerre d’indépendance. Il y a des faits avérés, archivés, documentés, qu’on ne peut pas cacher, des écrits l’attestent».
Au sujet des essais nucléaires effectués par la France coloniale dans la région du sud algérien, le Président Tebboune a «demandé que la France nettoie les sites de ces essais, vers Reggane et Tamanrasset, où la pollution est énorme», exprimant son «souhait» que la France prenne «en charge les soins médicaux dont ont besoin les personnes sur place».
Côté français, le président Macron a accordé récemment une interview à l’hebdomadaire français Le Point dans lequel il a abordé des questions en lien avec l’Algérie.
Il a affirmé dans cet entretien qu’il n’a «pas à demander pardon à l’Algérie pour la colonisation», mais espère accueillir son homologue Abdelmadjid Tebboune en France en 2023 pour «poursuivre le travail de mémoire et de réconciliation» entre les deux pays.
A rappeler que les deux chefs d’Etat ont paraphé au mois d’août dernier à l’occasion de la visite de Macron en Algérie, la déclaration d’Alger «pour un Partenariat renouvelé».
«Soixante ans après l’indépendance de l’Algérie et dans l’esprit des Déclarations d’Alger de 2003 et de 2012, l’Algérie et la France, fortes des liens humains exceptionnels qui les unissent et résolument déterminées à promouvoir leur amitié et à consolider leurs acquis en matière de coopération et de partenariat, renouvellent leur engagement à inscrire leurs relations dans une dynamique de progression irréversible à la mesure de la profondeur de leurs liens historiques et de la densité de leur coopération», est-il écrit dans le préambule de la déclaration.
Les deux parties ont estimé que «le moment venu de favoriser une lecture objective et de vérité d’un pan de leur histoire commune, tenant compte de l’ensemble de ses étapes afin d’appréhender l’avenir dans l’apaisement et le respect mutuel», soulignant qu’elle ont décidé d’inaugurer «une nouvelle ère de leurs relations d’ensemble en jetant les bases d’un partenariat renouvelé, qui se décline à travers une approche concrète et constructive, tournée vers des projets d’avenir et la jeunesse, à même de libérer le potentiel de leur coopération et conforme aux aspirations de leurs peuples». n