Le bilan des accidents de la route au cours des 11 premiers mois de l’année 2022 fait froid dans le dos : 2 512 vies ont été fauchées. Une véritable hécatombe qui endeuille des milliers de familles et qui sonne l’urgence de muscler l’arsenal de dissuasion à travers des sanctions plus drastiques.
PAR NAZIM BRAHIMI
2 512 personnes ont trouvé la mort sur nos routes pendant cette période, selon le commandant Samir Bouchehit du centre d’information et de coordination routière au niveau du Commandement de la Gendarmerie, qui a fait état également de 9 662 blessés suite aux 5 822 accidents qui ont eu lieu pendant la même période.
Ce bilan macabre risque malheureusement de se corser une fois inclus les chiffres du dernier mois de l’année qui a été, lui aussi, meurtrier avec une moyenne d’au moins 30 décès par semaine, selon les points hebdomadaires établis par la Gendarmerie nationale, la DGSN et la Protection civile. Ledit bilan risque ainsi d’atteindre celui de 2021 où un total de 2 643 personnes ont trouvé la mort et 11 479 autres ont été blessés dans 7 186 accidents de la route.
M. Bouchehit a relevé que l’accident le plus mortel a eu lieu dans la wilaya de Bordj Badji Mokhtar faisant 13 morts et 4 blessés, alors que la wilaya de Djelfa a été le théâtre d’un accident mortel causant la mort à 11 personnes et des blessures à 11 autres personnes.
Le même responsable a indiqué que les wilayas d’Alger et d’Aïn Defla font toujours office des wilayas ayant connu un nombre important d’accidents de la route.
Alger et Aïn Defla en tête
A l’évidence, les raisons sont multiples et l’une d’elles concerne la mobilité de plus en plus importante et de plus en plus marquée des Algériens ce qui accroît les risques d’accident, en particulier dans les zones urbaines et périurbaines et cela devient plus vrai quand on sait que le nombre de véhicules roulants dans une grande partie du pays sont des véhicules vieillissants et donc à risques, notamment les poids lourds et les transports collectifs si impliqués dans les accidents enregistrés ces dernières semaines.
Les véhicules de transport de marchandises sont encore davantage frappés par le vieillissement, peut-on observé. Mais la donnée la plus importante, selon les rapports des différentes institutions, reste le non-respect du code de la route et des règles de conduite ainsi que l’excès de vitesse.
Causes et responsabilités
Par ailleurs, l’état des routes est aussi un facteur d’insécurité routière. Aussi, l’âge du conducteur et l’état de véhicule sont également classés comme des causes d’accidents, dont beaucoup sont liés à la conduite imprudente, voire criminelle de certains jeunes, aux pneumatiques défectueux, aux défauts mécaniques et au freinage défectueux.
Autant d’éléments qui incitent à un diagnostic renouvelé, notamment en matière d’infrastructures et d’aménagement du territoire, et à des mesures plus drastiques de sécurisation du trafic routier dans notre pays.
Davantage de mesures coercitives
Il faut souligner que la question de la sécurité routière s’est invitée au mois de septembre dernier à la réunion du Conseil des ministres après un été des plus meurtriers sur les routes.
Au cours de cette réunion, le président Tebboune a affirmé que les accidents de la route exigeaient «une solution coercitive» compte tenu des proportions qu’a pris ce phénomène «récemment», préconisant l’application «des peines les plus lourdes pour les cas de non-respect avéré du Code la route, une infraction qualifiée de crime ainsi que le contrôle technique des véhicules de transport chaque trois mois».
Le Président Tebboune a mis, par la même occasion, l’accent sur «le renforcement du contrôle sur les sociétés de transport par bus, à travers l’impérative rotation de conducteurs pour les longs trajets et le retrait du registre de commerce aux sociétés contrevenantes, outre l’application des peines les plus lourdes à l’encontre des parties impliquées dans la délivrance de permis de conduire aux candidats non qualifiés».
Cette optique de la «solution coercitive» recommandée par le chef de l’Etat sera manifestement accompagnée par un effort pédagogique et de sensibilisation parmi les conducteurs et les enfants qui constituent les automobilistes de demain. A cet effet, le Gouvernement a examiné mercredi dernier lors de sa réunion hebdomadaire, un projet de décret exécutif fixant les modalités d’enseignement dans les établissements scolaires, des règles de la circulation routière, de prévention et de sécurité routière, présenté par le ministre des Transports, Kamel Beldjoud.
L’objectif de ce projet de décret consiste à «vulgariser l’éducation et la culture de prévention routière chez les enfants par l’insertion d’une matière éducative dédiée à la sécurité routière au niveau de l’ensemble des paliers éducatifs», selon les services du Premier ministère, qui précisent que le Gouvernement place l’éducation routière comme l’un des leviers d’action fondamental dans l’objectif de réduire le nombre de victimes sur les routes, notamment chez les enfants.
A noter que la délégation nationale à la sécurité routière (DNSR) mène depuis le 27 décembre dernier et jusqu’au 31 mars prochain, une campagne de sensibilisation et de prévention.
Ce que propose la DNSR
Auditionné au mois de septembre dernier par la Commission des Transports et des Télécommunications à l’APN, le directeur général de la DNSR, Abdelhakim Nacef, a relevé que son organe, créé en vertu d’un décret exécutif en 2019, a pour mission de mettre en œuvre la politique nationale de prévention et de sécurité routières, par «le traitement des dossiers liés à la sécurité routière avec une vision globale, et ce, en coordination avec les services de sécurité et tous les acteurs concernés».
L’exposé qu’il a présenté à la même commission a porté sur une série de mesures visant à lutter radicalement contre l’insécurité routière, dont «l’élimination des points noirs (au nombre de 1.215), en coordination avec les walis, et suivant un plan national d’urgence», en sus de la coordination et de la coopération avec les universités et les centres et laboratoires de recherche scientifique, dans le but de «préparer des études dans le domaine de la sécurité routière, ainsi que d’organiser des campagnes de sensibilisation et de sensibilisation dans les médias et à travers les réseaux sociaux».
M. Nacef a expliqué que la délégation a suggéré «la redynamisation du Conseil consultatif intersectoriel pour la prévention et la sécurité routières», considérant que le Conseil «sera chargé de définir une politique et une stratégie nationale de prévention et de sécurité routières en plus de poursuivre la concrétisation du projet de permis de conduire à points».