Ali Benflis, président de Talaie El Hourriyet depuis sa création en 2014, a annoncé officiellement, hier, son départ de la présidence du parti, lors de la tenue d’une session extraordinaire du Comité central, réuni à cet effet. Juste après, il a proposé Abdelkader Saâdi comme secrétaire général du Bureau politique (BP) étant donné la vacation de ce poste et son intérim à la présidence du parti, ainsi que la mise en place d’une instance souveraine au congrès conformément aux statuts du parti. Des propositions qui ont été soumises au vote à main levée et qui ont obtenu la majorité absolue.
«C’est animé par des sentiments sincères et de leur puissant écho au plus profond de mon être que je remets mon mandat de président de Talaie El Hourriyet au Comité central en sa qualité d’instance souveraine entre les congrès de notre parti», a déclaré M. Benflis dans une allocution prononcée lors des travaux de la session extraordinaire du Comité central.
«M. Abdelkader Saâdi que vous avez confirmé au poste de secrétaire général du Bureau politique, assurera, en cette qualité, la présidence du parti par intérim jusqu’à la tenue du congrès, dont la préparation pourrait être confiée à une instance ouverte», a-t-il ajouté.
Le désormais ex-président de Talaie El Hourriyet a également procédé à l’installation d’une instance ouverte dont le noyau sera constitué des membres du Bureau politique, auxquels pourront se joindre les membres du Comité central désireux d’apporter leur contribution à la réunion de toutes les conditions de réussite de ce congrès».
De son côté, M. Saâdi a affirmé qu’il veillerait à «la coordination de l’action du parti jusqu’à la tenue de son congrès», faisant état de l’organisation, dans les prochains jours, d’une large concertation au sujet de la constitution de cette instance qui se chargera de la préparation du congrès, prévu normalement en juin 2020.
M. Benflis est longuement revenu sur les conditions de la création de son parti, «un couronnement d’un long parcours politique entamé dix ans auparavant», a-t-il dit, tout en rappelant que Talaie El Hourriyet «s’est situé politiquement dans l’opposition car sa place naturelle était là», même si «l’opposition n’est jamais une partie de plaisir ou une sinécure ou un choix facile à assumer». Pour encourager les militants venus en masse, il a poursuivi que «l’opposition, pour qui part à la quête de gains à court terme, n’est jamais immédiatement rentable». Il a rappelé que son parti porte en lui le projet de l’Etat nation et sa modernisation, que ce soit politiquement, économiquement ou socialement, tout en expliquant sa vision pour chacun de ses points et comment aider à préserver l’Etat nation et le pérenniser.
La jeunesse, fer de lance de Talaie El Hourriyet
Pour Ali Benflis, Talaie El Hourriyet, avant même d’être un parti, est un ensemble de valeurs et d’idéaux (…), et dans, ce sens, il se pose des questions purement rhétoriques : «Y a-t-il une force plus vive que la jeunesse ? Une conviction et un engagement plus grands que les leurs pour pérenniser nos idéaux et continuer à servir avec sincérité et loyauté notre cause ?». Il poursuit en soutenant que «la jeunesse est l’atout gagnant du parti et la source intarissable de son renouveau» et que «l’avenir du parti est dans sa jeunesse» qu’il appelle à «relever le défi de la phase nouvelle que Talaie El Hourriyet doit franchir». Il ajoute à leur adresse, en guise de recommandation, qu’«il n’y a pas garant plus sûr, ni gardien plus vigilant quant à la droiture politique et à la rectitude morale que projet national que nous portons» Comme attendu, M. Benflis a consacré une bonne partie de son allocution en rendant hommage à tous les militants du parti en commençant par déclarer : «Au moment même où on s’y engage, toute tâche humaine est confrontée à la perspective propre de sa finitude. Oui, toute œuvre humaine a une fin et tout parcours humain un terme. Lorsque l’œuvre humaine prend fin et que le parcours humain arrive à son terme, il n’y a pas plus apaisant et plus gratifiant que le sens du devoir accompli». C’est ainsi qu’il se montrera, par la suite, reconnaissant à tous de l’avoir honoré de leur confiance, de l’avoir estimé digne de porter le leur message en lui confiant la présidence du parti, un mandat au cours duquel il s’est «investi avec foi, conviction, sincérité et intégrité», et auquel il a consacré toute son «énergie» et ses «capacités» pour faire de Talaie El Hourriyet «un acteur politique national sérieux, écouté et respecté».
Mais, dit-il, «ce qui nous unit est plus fort pour que nos chemins se séparent. Ce à quoi nous avons consenti ensemble une partie de notre existence est trop précieux pour qu’il sombre dans l’oubli. Les valeurs et les idéaux qui nous ont rassemblés sont trop chers à nos cœurs pour qu’ils cessent d’être, pour chacun d’entre nous, un motif de juste fierté que nous porterons en nous jusqu’au bout». L’ancien chef de gouvernement a tenu à exprimer sa reconnaissance aux «militants et militantes sans lesquels rien n’aurait été possible ni accompli» et envers lesquels il estime avoir «une immense dette de considération et de gratitude».
«L’Algérie est mon seul souci, hier, aujourd’hui et pour toujours !»
A la fin de son discours de départ, M. Benflis a tenu à transmettre une dernière recommandation ayant trait au pays : «Le parti de Talaie El Hourriyet est né dans une conjoncture difficile et dangereuse. Il est né dans l’objectif de défendre l’Etat nation. Ma principale recommandation est : défendez toujours l’Etat nation, défendez toujours les frontières de l’Algérie qui, actuellement, vit des difficultés. Le rôle de ce parti est de défendre l’Etat nation. Il y a une nouvelle conjoncture qui vous recommande de rester aux côtés de l’Etat nation. C’est ce que je vous recommande. Personnellement, je me suis défait de ce lien partisan pour avoir une plus large manœuvre afin de pouvoir être au service de notre cher pays. Je ne m’en suis pas enfui en vous laissant. La direction du parti reste unie et soudée. Et c’est vous la direction du parti jusqu’à la tenue du congrès. Quant à moi, l’Algérie est mon seul souci, hier, aujourd’hui et pour toujours ! Seul l’intérêt de l’Algérie compte ! Que Dieu préserve l’Algérie et protège ses frontières et tous ceux qui la défendent !» n