Après avoir dirigé le barreau d’Alger depuis 2009, reconduit à cette responsabilité à trois reprises par ses pairs, Maître Abdelmadjid Sellini passe la main. Tout en demeurant membre du Conseil de l’ordre des avocats, il est remplacé par son confrère Mohamed Baghdadi. Le nouveau bâtonnier, qui a fait une campagne innovante et plaide pour une action d’élite dans un contexte de grandes et redoutables mutations, est élu pour s’attaquer à plusieurs fronts de «réhabilitation de la profession» au moment où l’actualité judiciaire est marquée par des dossiers lourds.

PAR NAZIM BRAHIMI
Le Barreau d’Alger a changé de tête avec l’élection de Maître Mohamed Baghdadi, nouveau bâtonnier, succédant ainsi à Abdelmadjid Sellini, réélu cependant en tant que membre du conseil de l’ordre, composé de 31 avocats, après avoir été président du même Barreau depuis 2009 suite à sa reconduction trois fois de suite.
«Dans le fond, le Barreau d’Alger sera engagé dans un mandat de la continuité dans le sens où l’ensemble de l’ancienne équipe a été maintenu. L’esprit restera le même et la nouvelle équipe aura beaucoup à faire», a affirmé, hier, à Reporters Me Miloud Brahimi, pour qui le nouveau bâtonnier, Me Baghdadi, «a toutes les qualités pour affronter les nouveaux défis qui l’attendent» dans sa mission à la tête de l’organisation.
La mission qui attend le nouveau bâtonnier est «grande», a estimé Me Brahimi, qui évoque le contexte actuel marqué par le traitement par les juridictions de plusieurs dossiers qui impliquent des personnes ayant occupé des postes de premier plan dans les institutions de l’Etat. «Incontestablement, le nouveau bâtonnier a beaucoup affaire dans le contexte actuel où la justice se penche sur des dossiers en suspens», a-t-il relevé, soulignant que cela constitue aussi «l’occasion de revenir, encore une fois, sur la question lancinante de la détention provisoire dont les abus sont connus».
Sur les conditions d’organisation du vote, une échéance retardée de plus de 2 ans suite à la crise sanitaire mais aussi de luttes internes, Me Brahimi a considéré que l’élection de la nouvelle composante du Barreau d’Alger s’est déroulée dans «d’excellentes conditions» et «l’équipe élue est véritablement représentative» de la profession.
«Ce scrutin a été une réussite et a montré que les violations, avancées par les contestataires pour faire annuler son organisation au mois d’octobre dernier, n’étaient pas justifiées. Le même tableau a été utilisé et aucune contestation n’a été faite. Les confrères ont voté en toute transparence», a déclaré, pour sa part, Me Sellini, le désormais ancien bâtonnier d’Alger. Pour lui, «c’est la corporation qui en sort grandie à travers cette élection dans le sens où le Barreau d’Alger est la vitrine de la corporation, de la défense et de la justice».

Baghdadi et le pari de la «réhabilitation» de la profession
Avant son élection à la tête du Barreau d’Alger, Me Baghdadi a transgressé sa discrétion en menant une campagne d’adhésion auprès de ses confrères dans laquelle il a tracé les principes sur lesquels il compte accomplir sa mission.
Estimant que sa candidature «n’obéit à aucune considération subjective ou régionale», Me Baghdadi n’en pas été moins conscient qu’il a postulé pour «une lourde tâche» et une «noble charge», tout en misant sur «le renouveau» du Barreau de la capitale. Il s’agit dans ce sens, pour lui, de «renforcer les acquis d’un Barreau auquel nul ne peut nier le statut de leadership dans tous les combats engagés pour la défense de la profession», situant ces combats à plusieurs niveaux.
«Celui du combat pour la réhabilitation de la profession d’avocat tant dans son environnement professionnel que par rapport à son statut d’élite nationale. Celui d’une mise à niveau inévitable, inlassable et perpétuelle de chacun par une formation adéquate et soutenue. Celui d’assurer, par un engagement ferme et solennel, un mandat au service de la profession, afin d’assurer pour chaque consoeur et confrère, les meilleures conditions pour l’accomplissement de leurs devoirs professionnels», a déclaré Me Baghdadi dans ce qui s’apparente à sa feuille de route à la tête du Barreau d’Alger.
Il s’agit également pour lui de «veiller à une prise en charge réelle des préoccupations sociales de chacun sans distinction», ajoutant que le Conseil de l’ordre qu’il chapeautera dès maintenant «doit être au rendez-vous que lui imposent les profondes mutations que connaît et connaîtra le pays».
Pour Me Baghdadi, le futur Conseil de l’ordre «doit s’inscrire dans toutes les réformes inévitables qui bouleverseront tous les secteurs de la vie nationale». <