Le dernier épisode pluviométrique a eu comme impact de porter le taux de remplissage des barrages à 48,1%. Cependant, la prudence reste de mise et l’apport des dernières précipitations ne doit pas occulter les grands défis hydriques auxquels est confronté notre pays, considéré comme semi-aride. La reconduction du plan d’urgence expérimenté durant 2021-2022 se révèle comme un impératif en attendant la réception des nouvelles stations de dessalement et l’augmentation de la mobilisation des eaux des barrages.
Par Hakim Ould Mohamed
Le taux de remplissage des barrages du pays situés dans les régions de l’Est s’est élevé à 48,1% grâce à l’apport des dernières pluies et neige ayant marqué la météo de ces derniers jours. Le dernier épisode pluviométrique a en effet été à la source directe d’un approvisionnement assez appréciable des 34 barrages implantés dans les wilayas de l’Est, à en croire Abdelaziz Boulechfar, directeur de l’unité d’inspection et d’intervention au niveau des barrages de l’est algérien, invité dans les studios de la radio régionale de Sétif. Plus explicite, le même responsable a indiqué qu’au « cours de la période entre le 19 et le 30 du mois courant, le niveau, à l’est, s’est établi à 110 millions de mètres cubes ». Le plus grand barrage du pays, Béni Haroun en l’occurrence, alimentant plusieurs wilayas de l’Est, connait un taux de remplissage de 76%, soit 25 millions de m3 emmagasinés grâce à l’apport des dernières précipitations et neige. Cet épisode pluviométrique est arrivé après une longue séquence de chaleur qui avait suscité les pires inquiétudes quant à ses conséquences sur le reste de l’année, aussi bien sur le secteur agricole que sur la mobilisation des eaux pour les besoins de l’alimentation. Ces pluies et neige sont venues rompre un cycle de longs mois de chaleur, mais n’offrent au pays qu’un court répit, de nature à relancer plusieurs cultures, dont les céréales, trop dépendante des eaux de pluie et de surface, loin de constituer un réel apport en matière d’alimentation en eau potable. La prudence reste donc de mise. En l’absence de nouvelles précipitations et en cas de fin précoce des pluies, comme ce fut le cas les années précédentes, l’Exécutif va devoir maintenir le plan d’urgence reconduit récemment après que ce dernier ait fait ses preuves durant les deux années 2021-2022. Lors d’une réunion du gouvernement tenue à la mi-janvier, il a été, en effet, décidé de reconduire pour l’année en cours le plan d’urgence expérimenté durant les deux dernières saisons estivales afin d’assurer un approvisionnement des populations en eau potable. « Vu la situation climatique actuelle, marquée par un déficit de pluviométrie, des mesures urgentes ont été prises à travers la reconduction du plan d’urgence mis en place durant les deux (2) années 2021 et 2022, afin d’assurer l’approvisionnement régulier de la population en eau potable durant l’année en cours », lit-on dans le communiqué sanctionnant les travaux de ladite réunion. Ces mesures, rappelons-le, s’inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’action visant à garantir la sécurité hydrique sur le court et moyen terme, précise le même communiqué.
La prudence reste de mise
Il est clair que les eaux de surface seront destinées à l’irrigation des cultures, nécessaire pour maintenir la dynamique actuelle du secteur agricole, mais aussi afin de répondre aux défis d’augmenter les taux de rendement, notamment des filières céréalières, ce qui signifie qu’il serait question de faire vrombir davantage les stations de dessalement déjà opérationnelles, en attendant la mise sur pieds d’autres stations devant peupler le littoral du pays. Selon les prévisions, 11 nouvelles stations de dessalement d’eau de mer devraient être réceptionnées dans les mois à venir. Celles-ci viendront s’ajouter aux 12 stations déjà opérationnelles pour porter le nombre à 23. L’Etat entend ainsi faire passer le taux de couverture des besoins en eau potable des wilayas du littoral du pays et des régions avoisinantes, à partir des eaux dessalées, de 17% actuellement à près de 42% en 2024, avant d’être porté à 60% en 2030. Pour le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, le dessalement de l’eau de mer est « la solution la plus sûre pour approvisionner le citoyen en eau potable ». « Le recours au dessalement est un choix sage et nécessaire. C’est une solution alternative et durable pour assurer l’approvisionnement des citoyens en eau potable dans les grandes villes comme Alger, Oran et Constantine », a-t-il affirmé, voici quelques semaines, appelant, lors du premier Conseil des ministres de l’année en cours, à accélérer la réalisation des stations de dessalement d’eau de mer. Pour le secteur agricole, très dépendant des eaux de surface et souterraines, la solution étant d’augmenter les capacités de mobilisation des barrages à près de 9 milliards de m3 cubes d’eau en 2024. « Les capacités de mobilisation d’eau des 80 barrages du pays passeront de 8,3 milliards de m3 actuellement, à près de neuf (9) milliards de m3 en 2024, grâce à la mise en service de cinq nouveaux barrages », a indiqué, jeudi dernier, le directeur général de l’Agence nationale des ressources hydrauliques, Mehdi Akkad, dans une déclaration, à l’APS, en marge d’une journée d’étude sur « La sécurité hydrique en Algérie », organisée à l’Ecole nationale supérieure d’hydraulique (ENSH) de Soumaâ (Blida). En tout cas, l’Algérie, dont le climat est semi-aride, n’a de choix que de mobiliser l’ensemble de ses moyens à même de pouvoir relever les défis de sécurité hydrique et de sécurité alimentaire, la première dépend de la hausse des capacités de dessalement, tandis que la seconde est tributaire, elle, de l’augmentation des capacités de mobilisation des eaux des barrages et des eaux souterraines. L’apport des dernières précipitations ne doit pas occulter les grands défis climatiques et hydriques auxquels est confronté le pays. n