Par NAZIM BRAHIM
C’est un véritable embouteillage d’acteurs sécuritaires qui s’invite au Niger. L’arrivée annoncée du dispositif militaire français Barkhane « réarticulé » annoncée pour un avenir proche, auquel s’ajoute la présence d’autres forces militaires étrangères, constitue-t-elle un facteur en mesure de contribuer à faire régner la paix dans ce pays ? La prudence est de mise.
Difficile d’y croire à l’efficacité de l’intervention de plusieurs acteurs quelle que soit la forme de la participation des uns et des autres. Il faut se rappeler des faits qui se sont produits dans un contexte similaire et dans un espace pas si loin du Niger.
La multiplication des intervenants militaires au Mali qui n’a pas débouché sur le résultats souhaité en matière de lutte contre les groupes terroristes et les réseaux de banditisme et autres crimes organisés.
Pourtant l’Algérie avait mis en garde depuis l’opération française Serval, lancée en 2013, puis de Barkhane mise en œuvre en 2014, quant au risque de voir la profusion d’acteurs bloquer toute avancée positive pour le rétablissement de la paix et de la sécurité au Mali.
La mise en garde demeure toujours utile puisque le Mali est à l’heure actuelle un terrain de lutte entre des capitales européennes et Moscou comme prolongement de la guerre qui fait rage en Ukraine.
La donne risque d’alimenter davantage les tensions et d’élargir le champ des luttes géopolitiques entre les puissances dans la mesure où le « carton rouge » brandi par le pouvoir politique malien à la figure de la France, soupçonnée de soutenir secrètement le séparatisme touareg au Nord du Mali, et le « rapprochement » Bamako- Moscou peuvent induire une déstabilisation à plus grande échelle.
Dans le discours, la lutte est déjà engagée puisque Paris et les capitales européennes pointent d’un doigt accusateur Bamako pour avoir ouvert ses portes et ses casernes à la milice privée russe Wagner.
Avec cette bataille entre Russes, Français et Occidentaux sur le théâtre politico-sécuritaire malien et ses conséquences possibles dans le Nord Mali, devenu un enjeu de premier plan à Bamako et les soutiens de la transition militaire pour qui le retour des forces maliennes dans cette partie de leur pays est cruciale, c’est toute la bande sahélo-saharienne qui risque d’en subir les conséquences.
Cette bande se transformerait alors en un nouveau front collatéral de la guerre en Ukraine et de la confrontation entre les capitales occidentales et Moscou.