L’administration douanière a levé le voile, hier, sur une chute sensible de la valeur des exportations algériennes en hydrocarbures durant 2019. Elle s’était établie à 33,24 milliards de dollars en 2019, contre 38,87 milliards de dollars, en 2018, marquant ainsi un recul de 14,48%. Bien évidemment, la baisse de la valeur des exportations d’hydrocarbures a fait augmenter le déficit de la balance des paiements, dont le solde est tributaire essentiellement des prix du pétrole. Ceux-ci ont connu une forte volatilité en 2019, due à plusieurs facteurs, dont les tensions au Moyen-Orient, le différend commercial opposant les Etats-Unis à la Chine ainsi qu’à la baisse de la demande mondiale de pétrole, s’expliquant par une faible croissance économique dans les Etats à forte consommation en hydrocarbures. En effet, le net recul de la valeur des exportations algériennes en hydrocarbures en 2019 a contribué au creusement du déficit commercial du pays. Il s’est, en effet, établi à 6,11 milliards de dollars en 2019, contre 4,53milliards de dollars en 2018, en hausse annuelle de 34,81%. Pour 2020, la baisse des recettes en devises expose l’actuel gouvernement à une forte pression, étant donné que les revenus d’hydrocarbures financent les deux tiers du budget de l’Etat, alors que le tiers restant provient de la fiscalité ordinaire qui, elle aussi, connaît une tendance baissière à la suite des difficultés rencontrées par les entreprises et autres catégories de contribuables. La pression pourrait s’exacerber cette année compte tenu de la grisaille qui pointe à l’horizon du marché pétrolier, très affecté par l’épidémie du coronavirus qui sévit en Chine et qui se propage partout dans le monde. L’économie chinoise, premier consommateur mondial de pétrole, a été durement touchée par la propagation de l’épidémie et ses conséquences sur les entreprises et les échanges de la Chine avec le reste du monde. Assurément, la demande mondiale au pétrole va en pâtir et les prix accuseront certainement le coup. De telles perspectives donnent froid au dos pour un gouvernement, dont le Premier ministre a reconnu sans détours ni faux-fuyants l’exercice périlleux auquel est confrontée son équipe. Il n’avait pas non plus exclu l’idée de recourir à l’endettement extérieur pour financer son plan d’action compte tenu de la baisse des ressources en devises et l’amenuisement des avoirs en dinar. La baisse des recettes en devises et la hausse du déficit commercial pose d’autres défis au gouvernement, mais non des moindres, liés à la perspective d’une hausse, plus globalement, du déficit de la balance des paiements qui, de par son effet corrosif sur les stocks en devises, accélérerait la fonte des réserves de changes investies, faut-il le rappeler, à taux quasi-négatifs dans les banques souveraines occidentales. Le stock des réserves s’est établi à 62 milliards de dollars, si l’on se réfère aux dernières statistiques fournies la semaine dernière par le gouverneur de la Banque d’Algérie. Le solde des réserves de change pourrait néanmoins connaître une baisse sensible dans les prochains mois si le pétrole venait à évoluer autour des mêmes planchers, ce qui contribuera au creusement du déficit de la balance des paiements. La Banque centrale, faut-il le rappeler, avait souligné
« la nécessité d’efforts d’ajustement soutenus, notamment budgétaires, pour rétablir la viabilité de la balance des paiements et limiter l’érosion des réserves officielles de change ».
La Banque centrale avait suggéré que ces efforts « devraient s’intégrer dans un vaste programme de réformes structurelles pour améliorer le recouvrement de la fiscalité ordinaire (y compris par la rationalisation des subventions), libérer le fort potentiel de croissance de l’économie nationale et diversifier l’offre domestique et les exportations de biens et services ».