Le premier responsable du Groupement algérien des acteurs du numérique (GAAN) salue la suppression de tous les impôts et taxes sur le e-commerce, les téléphones portables, les matériels informatiques à usage personnel et les startups, mais estime que «la surtaxe des produits informatiques persiste» à l’importation.

Par Khaled Remouche
Contacté par Reporters, le président du GAAN, Bachir Takjeddine, applaudit à la décision du chef de l’Etat de supprimer les droits et taxes sur les produits informatiques, tablettes et téléphones portables à usage personnel et pour les start-ups. «Je salue cette décision», même s’il estime que le problème n’est pas totalement réglé, les importateurs sont toujours surtaxés. «La surtaxe des produits informatiques persiste pour les importateurs. Le problème n’est pas encore réglé. Nous avions envoyé, en août 2020, au Premier ministre de l’époque, un plaidoyer dans lequel on interpelle le gouvernement sur la surtaxe des importateurs. Ces derniers paient plus de 80 % de taxes à l’importation de produits informatiques : 30% de droit de douane, 30% de Taxe intérieure de consommation (TIC), 4% à la revente en l’état et pour la solidarité et 19% de TVA. Il a ajouté que le calvaire de l’importateur ne se résume pas à la surtaxation, mais s’y ajoute l’homologation par l’Autorité de régulation de la Poste et des Communications électroniques (ARPCE) du produit importé à chaque importation. «L’importateur doit attendre un mois pour recevoir cette homologation», a-t-il précisé. Bachir Takjeddine a signalé en outre qu’en raison de la pandémie Covid-19, la demande a été très forte à l’international sur les produits informatiques, ce qui a occasionné un déficit d’offres qui a entraîné la hausse des prix des ordinateurs sur le marché international qui s’est répercuté sur les prix en Algérie. Une image de l’inflation importée. A cela s’est ajoutée une offre réduite de micros et de matériels informatiques en Algérie, ce qui a contribué à la flambée des prix des produits informatiques en 2021. Tout cela participe à freiner le processus de numérisation des institutions de l’Etat et des entreprises.
Pour le président du GAAN, la numérisation est à l’arrêt. «La numérisation c’est zéro papier». «Pour savoir si la numérisation a avancé, a-t-il ajouté, il suffit d’observer ce que demandent les administrations aux usagers. La réalité est qu’aujourd’hui maintes administrations demandent toujours plusieurs documents entre photocopies et légalisations. Tout cela peut se faire en un clic. L’Algérie, en dépit de certains progrès, connaît un grand retard dans la numérisation des institutions de l’Etat et des entreprises. Un chantier considéré pourtant comme prioritaire.»
Autre dividende de la décision du chef de l’Etat, «les particuliers pourront acheter des ordinateurs, des tablettes et des portables sur les sites Ali Baba, Ali express, avec leurs propres devises, sans payer de droits de douane. Auparavant, ils devaient payer 30%. En dehors de cette facilitation, la décision du chef de l’Etat n’a aucun impact sur les prix des ordinateurs vendus localement puisque ces micros commercialisés par les importateurs sont toujours surtaxés, ajoute le président du GAAN.
Concernant le commerce électronique, la décision implique le retour au taux de TVA de 9%. Mais ce n’est pas clair, on ne sait si ce sera 9% ou 0%. Le président du GAAN rappelle que la loi de finances de 2020 avait fixé un taux de 9 % de TVA pour les transactions liées au commerce électronique. La loi de finances de 2022 a ramené ce taux à 19%. Le chef de l’Etat vient de décider un retour à l’ancien taux.
Quant à la production locale de micro-ordinateurs, l’Algérie, contrairement au Maroc et à la Tunisie, n’a pu attirer les grandes firmes internationales spécialisées dans le numérique en raison d’un climat d’affaires très médiocre, l’archaïsme du système bancaire, problème de rapatriement des bénéfices, absence de visibilité, a observé Bachir Takjeddine. La fabrication de microprocesseurs, composants de base des micro-ordinateurs en Algérie, suppose de faire appel à quelques fabricants qui dominent le marché. Or, le climat des affaires en Algérie est dissuasif, a-t-il conclu.
Rappelons que le Groupement algérien des acteurs du numérique avait appelé récemment, dans un communiqué, les services concernés à une «révision radicale» des nouvelles taxes douanières sur les colis postaux dans le cadre du e-commerce, en ce qui concerne le matériel informatique et tous les équipements techniques et leurs accessoires.
La révision de ces taxes «est une mesure nécessaire, si nous voulons vraiment relancer le domaine numérique en Algérie», avait estimé le Groupement.