C’est aujourd’hui que prennent fin les épreuves de la session inédite du baccalauréat 2020, marquée par son déroulement sous protocole sanitaire à cause de la crise de la Covid-19, mais aussi par la mise à exécution de l’arsenal juridique énonçant des poursuites pénales contre les candidats coupables de triche.

A l’évidence, les appréhensions nourries avant le déroulement de l’examen se sont avérées manifestement exagérées dans la mesure où les épreuves se sont tenues, jusque-là dans de bonnes conditions. Mieux, aucune fuite de sujets n’a été déplorée dans une épreuve qui marque ainsi la fin d’une année scolaire au cheminement exceptionnel.
N’empêche que l’annonce par le ministère de la Justice des premières poursuites contre les fraudeurs n’avait pas manqué de constituer un sujet de discussion dans et autour des centres d’examen. D’autant plus que c’est à la veille du premier jour des épreuves que le ministère de la Justice a fait savoir que la juridiction de Guelma a condamné à un an de prison ferme un lycéen poursuivi pour avoir « diffusé un corrigé d’un sujet d’examen » du Brevet d’enseignement moyen (BEM) sur son compte facebook. Le Tribunal de M’sila avait, pour sa part, placé en détention préventive une personne, accusée d’avoir fuité le sujet de langue arabe des épreuves du BEM.
Devant l’ampleur du fléau de la fraude, le département de Belkacem Zeghmati a volé au secours du ministère de l’Education nationale, premier responsable des examens nationaux en renforçant le dispositif anti-fraude.
D’ailleurs, depuis avril, des dispositions criminalisant l’acte de fraude ont été introduites au code de procédure pénale. Et tout candidat rendu coupable de copiage ou de toute autre forme de fraude lors des épreuves du Bac ou du BEM sera traduit en justice pour « atteinte à l’intégrité des examens et des concours ». Les fraudeurs encourent une peine allant d’un an à 15 ans de prison ferme. Le ministère de l’Education, qui se contentait précédemment, d’infliger des peines administratives et des mesures disciplinaires à l’encontre de candidats fraudeurs, a signalé les dernières années des fuites de sujets et des cas de fraude massive qui ont touché à la crédibilité du bac. Ce qui a conduit le ministère de la Justice au temps de Tayeb Louh à proposer en janvier 2017 l’élaboration d’un avant-projet de loi portant code pénal criminalisant la fraude aux examens et concours et ce, dans le but de préserver la crédibilité du bac et veiller à la consécration du principe d’égalité des chances. Trois ans plus tard, ce projet de loi est en vigueur.
Dans sa quête de sécuriser les examens, le ministère de l’Education nationale a également convenu avec celui de la Poste et des Télécommunications d’arrêter un calendrier de coupure d’internet pour empêcher toute tentative de fraude. Les deux tutelles ont convenu de couper internet durant les cinq jours d’examen pendant une heure, au début de chaque épreuve du baccalauréat, pour éviter tout ce qui peut entacher cet examen scolaire.
La condamnation des mis en cause dans le cadre d’atteinte à l’intégrité des examens nationaux ont relégué le débat sur la Covid-19 en second lieu, sachant que depuis fin février, date de l’enregistrement du premier cas positif au coronavirus, tout le pays parle de l’épidémie de coronavirus notamment à l’approche des examens nationaux et de la compétence de la tutelle à mettre à exécution un protocole sanitaire et garantir la sécurité des candidats et du personnel encadrant.
Dans tous les cas, ces épreuves se sont déroulées, selon des syndicats du corps enseignant, dans de « bonnes conditions » marquées par la sérénité et « l’absence de fuites de sujets » et ce grâce à la bonne organisation et les dispositions rigoureuses prises à cet effet. Les examens de cette année n’ont été entachés d’aucune fuite de sujets.
Selon Nabil Ferguenis, syndicaliste, la tutelle a mobilisé les moyens humains et matériels nécessaires pour le bon déroulement de cette session. Le syndicaliste s’est félicité des efforts consentis par les travailleurs du secteur pour mener à bien ces examens. S’agissant des sujets d’examens, les enseignants jugent qu’ils étaient « abordables » et même « d’un niveau moyen » dans certaines matières, notamment, pour les candidats qui se sont bien préparés à ces examens.
Pour rappel, un total 637 538 candidats répartis sur 2 261 centres d’examen, concourent depuis dimanche pour accéder à l’université. 4 647 détenus devaient se présenter aux épreuves du baccalauréat à travers 44 établissements pénitentiaires agréés par la tutelle.