La progression de la propagation du variant Omicron en Algérie se confirme. Les proportions qu’il est en train de prendre vont dans le sens des prévisions des spécialistes qui ont averti quant à sa prochaine prédominance dans la configuration de la situation épidémiologique. Alors qu’il représentait 10% du total des cas confirmés atteints par le Covid-19 le 30 décembre, il est passé à 33% en date du 13 janvier courant, soit en deux semaines seulement.PAR INES DALI
La très grande vitesse de contagiosité qui le caractérise comparativement à tous les autres variants et même par rapport au Delta réputé pourtant hautement contagieux, laisse présager que le taux de 23% qu’il a gagné en deux semaines serait largement dépassé lors des deux prochaines semaines encore.
Si la proportion la plus importante des infections des malades reste, donc, encore le variant Delta, tout porte à croire, au vu de l’accélération de la propagation d’Omicron, que ce dernier ne tardera pas à prendre le dessus et à devenir prédominant. Sa très grande capacité à se propager aidant, le nombre des contaminations serait alors largement supérieur à celui enregistré actuellement et les hôpitaux pourraient bien ne plus être en mesure d’accueillir le nombre de malades qui s’y présenteraient. Cette situation tant redoutée a déjà commencé à prendre forme si l’on tient compte des praticiens qui mettent en garde contre une probable saturation dans les prochains jours et «un nombre d’hospitalisations autour de 4500», selon le Pr Lyès Rahal, directeur des structures sanitaires au ministère de la Santé, dont la plus grande majorité est concentrée dans les grandes villes comme la capitale, Oran et Constantine, entre autres.
Avec des infections ayant fini par franchir la barre des 600 cas confirmés quotidiennement (610 cas mercredi dernier) et évoluant tout près parfois (596 nouveaux cas vendredi), des services Covid avec un taux de remplissage dépassant les 50%, en plus des services de réanimation dont plusieurs sont saturés et d’autres au bord de la saturation, l’inquiétude grandissante n’est pas une vue de l’esprit, mais une réalité que vivent les hôpitaux et à laquelle font face les soignants. Ajouter à cela que la variant Omicron est en train de gagner d’autres wilayas du pays, faisant, inéluctablement, que leurs hôpitaux se retrouveraient, vraisemblablement, dans la même situation que celle des grandes villes.
Parmi les 82 nouveaux cas du variant Omicron en Algérie annoncés jeudi soir par l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA), il y en a qui ont été détectés dans de nouvelles wilayas. Alors que la semaine dernière les nouveaux cas ont été découverts dans trois wilayas du Centre (Alger, Béjaïa et Bouira) et une wilaya de l’Est (Constantine), cette fois-ci, Omicron a été trouvé dans le sud du pays.
Omicron gagne le sud du pays
La répartition géographique des nouveaux cas Omicron détaillée par l’IPA indique qu’il s’agit de «61 cas ont dans la wilaya d’Alger, 11 cas dans la wilaya de Blida, 05 cas dans la wilaya de Bouira, un cas dans la wilaya de Ain Defla, 3 cas à Hassi Messaoud et un cas à Laghouat».
L’Algérie qui enregistrait, désormais, au moins un total de 145 cas confirmés du variant Omicron jusqu’à jeudi, devrait s’attendre à un nombre nettement supérieur très bientôt. L’Institut Pasteur a tenu à le souligner, dans son communiqué, dans lequel il a révélé que «de plus en plus de nouveaux cas du variant Omicron sont enregistrés parallèlement à la diminution du nombre de cas du variant Delta». «Le variant Delta représente actuellement 67% des variants circulants, contre 80% le 30 décembre dernier», selon l’IPA, qui, tout en appelant à la vigilance, relève que le variant Omicron a progressé pour représenter «actuellement 33% contre 10% le 30 décembre».
En prenant en considération que les opérations de séquençage permettant d’identifier les variants ne sont pas nombreuses puisqu’il n’y a, à ce jour, que l’IPA qui est en mesure de les effectuer, il n’est nullement exclu que des personnes infectées par le variant Omicron ne sont pas encore identifiées et continuent de circuler, tout en faisant circuler le variant et en infectant d’autres personnes sans s’en rendre compte. Une telle aisance de la circulation du virus ne fera qu’aggraver la situation épidémiologique du pays déjà affectée, progressivement, depuis le mois dernier, par la lutte contre la quatrième vague due au Delta avant l’arrivée d’Omicron, surtout que les gestes barrières sont abandonnés et la vaccination peine à redémarrer comme cela est souhaité par les professionnels de la santé.
Pour eux, seule la vaccination peut faire éviter de revivre une situation similaire à celle de la troisième vague, d’où leur appel incessant à la vaccination pour se protéger contre les hospitalisations et les formes graves, sachant que leur nombre est également en hausse dans les hôpitaux, ainsi que les décès qui ont atteint la semaine écoulé le nombre de 14, un seuil qui n’a été enregistré depuis l’été. L’attention est, par ailleurs, attirée sur le fait que «les malades ne vont en consultation et ne se présentent dans les hôpitaux que lorsqu’ils sont à un stade avancé de la maladie», selon les soignants, qui précisent que c’est ce qui fait que «la plupart font des complications et sont déclarés dans un état grave, avant d’arriver en réanimation».
Le directeur général de l’IPA, Fawzi Derrar, a réitéré, sur les ondes de Radio Sétif, que «la vaccination reste le seul rempart, en plus du respect des gestes barrières, pour lutter contre la propagation de l’épidémie et éviter des conséquences fatales», rejoignant, ainsi, les autres spécialistes qui insistent tous sur la vaccination et sur l’application stricte et rigoureuse du pass vaccinal ainsi que son élargissement à de nouveaux espaces non concernés jusqu’à présent.