Au lendemain du tragique accident de la route de Tikjda (Bouira), qui a coûté la vie à dix personnes, les questions de la prévention et de la sécurité routières se posent de nouveau. Les actions des autorités, qui multiplient depuis plusieurs années des mesures de plus en plus contraignantes et préparent actuellement une nouvelle loi sur la prévention des accidents, semblent toutefois insuffisantes.
Par Nadir Kadi
Un fait reste certain, le bilan des accidents de la route se chiffre chaque année à près de 3 400 morts et plus de 22 000 blessés avec, selon le Délégué national à la sécurité routière (DNSR), Nacef Abdelhakim, «22 980 accidents (…), en 2022, faisant 3 409 morts et 30 777 blessés». Le recule de -2,17% du nombre d’accidents par rapport à 2021 est toutefois accompagné par une hausse du nombre de morts, +3,53%, et de blessés, +2,22%.
Et sur un autre plan, le coût financier est également très important, estimé selon une récente étude de la DNSR, en collaboration avec l’université de Batna, à près de «100 milliards de dinars par an».
Le dernier drame de la route de Tikijda, survenu vendredi en fin d’après-midi sur un segment montagneux de la RN33, reprend un schéma devenu malheureusement presque «classique». En effet, l’accident a de nouveau impliqué un bus de transport de voyageurs. Les circonstances du drame, marqué par une chute dans un ravin de 150 mètres, selon les précisions du chargé de la communication de la Protection civile, le sous-lieutenant Youcef Abdat, n’ont laissé que très peu chance aux occupants du véhicule. Les premières informations ont fait état de huit morts et de 18 blessés, un bilan, malheureusement revu à la hausse quelques heures plus tard, passant à 10 morts âgés entre 5 et 76 ans, en plus de 35 blessés. Quant à la prise en charges des survivants, l’APS faisant savoir qu’ils avaient été immédiatement évacués vers l’hôpital Mohamed-Boudiaf de la ville de Bouira, où le ministre de la Santé, Abdelhak Saihi, et la ministre de la Solidarité nationale, Kaouter Krikou, ont assuré de leur soutien lors d’une visite. Le président de la République avait présenté ses condoléances aux familles des victimes dès l’annonce de l’accident vendredi.
Drame de la route qui s’ajoute à un bilan effrayant pour le seul weekend, faisant, en effet, état, selon la Protection Civile, de pas moins de 343 accidents de la circulation sur l’ensemble du pays, causant un total de dix-neuf décès et 462 blessés. La succession de ce type d’informations démontre une nouvelle fois, l’urgence de mesures véritablement efficaces. Les autorités, après la multiplication sans grand résultat des sanctions contre les «chauffards», compte aujourd’hui revoir en profondeur la législation.
En effet, le «projet de loi sur la prévention des accidents de la route», actuellement à l’étude, devrait comporter un durcissement des sanctions contre les conducteurs responsables d’accidents, voire même une «criminalisation» de certaines violations du code de la route constituant un danger pour la vie de personnes. Il y a quelques jours, l’Assemblée populaire nationale (APN) avait également appelé, la semaine dernière, à prendre en compte le volet «prévention» de façon plus efficace.
Ainsi, en prenant la parole lors de la journée parlementaire sur «la sécurité routière : législation et stratégie de l’Etat», le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Brahim Boughali, avait notamment précisé que le phénomène des accidents de la route «a atteint des proportions considérables, d’où l’impératif d’y remédier par tous les moyens». La lutte contre ces drames, qui figure parmi les priorités de la présidence et du gouvernement, devrait en ce sens passer, selon B. Boughali, par la mise en place «d’un système intégré de sensibilisation» pour accompagner le système juridique inhérent à la sécurité routière. n