La nouvelle province gazière du Sud-Ouest, avec ses nouveaux gisements, pourrait produire à court terme 10 % de la production de gaz de l’Algérie et 20% de ses exportations, ce qui contribuerait à respecter les nouveaux engagements contractuels, notamment avec le partenaire italien ENI.

Par Khaled Remouche
Sous pression face à la hausse de la demande domestique et la nécessité de respecter ses engagements à l’égard de ses clients étrangers, la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach est tenue de mettre en service, rapidement, les nouveaux gisements dont les travaux de développement sont à un stade avancé.
A cet égard, le PDG de Sonatrach Toufik Hakkar a effectué, vendredi dernier, une visite d’inspection des travaux de développement des gisements du Sud-Ouest. Il s’est précisément rendu au site du projet d’usine de traitement de gaz à Hassi Tidjerane, dont l’avancement des travaux selon Sonatrach est à près de 99%.
La mise en service de cette installation industrielle, d’une capacité de 4 millions de mètres cubes/jour, est destinée à traiter une partie des gaz extraits des nouveaux gisements du Sud-Ouest. Le projet prévoit deux autres usines de traitement à Tinerkouk et Hassi Ba Hammou. Les gisements de Hassi Tidjerane, Tinerkouk et Hassi Ba Hammou, d’une capacité totale de 12 millions de mètres cubes/jour, soit 4,5 milliards de mètres cubes/an, doivent commencer à produire en 2023. La première phase de développement de ces gisements devrait s’achever en mars prochain avec la première production de gaz du nouveau gisement Tidjerane. S’ensuivra la mise en service des deux autres gisements, en principe en 2023, si les travaux avancent rapidement. Cette production se conjuguera aux quantités de gaz extraites des gisements de gaz en cours d’exploitation, ceux de Timimoun en partenariat entre Sonatrach et Total, de Touat avec Neptune Energy et Reggane Nord entre Sonatrach et Repsol avec, respectivement, une capacité de production de 1,6 milliard de mètres cubes/an, 4,5 milliards de mètres cubes/jour et 2,4 milliards de mètres/cubes, soit au total plus de 8 milliards de mètres cubes/an. Avec la mise en service des trois gisements du Sud-Ouest, en 2023, selon les prévisions de Sonatrach, la capacité de production de cette nouvelle province gazière, en un mot de ces nouveaux gisements, sera de 12 milliards de mètres cubes/an, soit plus de 10% de la production gazière du pays et plus de 20% des exportations gazières. A cela s’ajoute la production des gisements de gaz en déclin d’In Salah qui produisent, actuellement, selon une source proche de Sonatrach, 6 milliards de mètres cubes/an. L’importance des bassins gaziers du Sud-Ouest se mesure non seulement aux quantités de gaz déjà découvertes, mais aussi à leur potentiel gazier important avec des gisements découverts et non exploités et des ressources identifiées mais qui demandent des travaux supplémentaires d’exploration pour mesurer leur étendue.
Pour les gisements découverts et non exploités, Sonatrach pourrait développer dans une première phase 2 structures sur 7 du gisement gazier de l’Ahnet situé au Sud-Ouest. Ce gisement pourrait produire à moyen terme 4 milliards de mètres cubes/an de gaz. D’autres gisements notamment ceux de Tikedilt pourraient être également développés.
Cette province gazière du Sud-Ouest pourrait produire donc à moyen terme 20 milliards de mètres cubes/an de gaz si les travaux de développement s’effectuent à un rythme rapide. N’oublions pas également que les ressources gazières non conventionnelles du Sud-Ouest sont très importantes, mais restent à confirmer. Les compagnies américaine et norvégienne Chevron et Equinor effectuent des études sur les ressources de ces bassins.
Selon Alnaft, le potentiel est estimé, en 2019, à plusieurs milliers de milliards de TCF. Si on exploite seulement 1% de ces ressources, ce sera autant que les réserves actuelles de gaz de l’Algérie. Ce sont ces ressources gazières du Sud-Ouest qui, combinées à celles du bassin d’Illizi et de Berkine, confirmées et développées, conféreront à l’Algérie une véritable puissance gazière qui lui permettra de placer des quantités plus importantes de gaz sur le marché européen et de consolider sa position comme l’un des principaux fournisseurs de gaz de l’Europe. n