Les opérateurs de la filière sollicitent à nouveau le chef de l’Etat pour libérer les agréments d’importation des véhicules. Un dossier toujours en attente de relance en dépit des instructions présidentielles au Conseil des ministres du 5 décembre 2021.

Par Hakim Ould Mohamed
Organisés en groupe, les concessionnaires automobiles ont, à nouveau, adressé une énième correspondance au chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune, dans laquelle ils demandent l’accélération du processus de délivrance des agréments pour l’importation de véhicules. Ils appellent dans la même missive à statuer urgemment sur les dossiers qui sommeillent dans les tiroirs de la commission des recours.
Un appel qui revient comme une prière ces derniers mois, tant il est vrai que le dossier reste au point mort, quand bien même le Président de la République a donné des instructions, il y a quelques semaines, aux fins de lever le voile sur la liste des concessionnaires attributaires du fameux sésame ouvrant la voie à la reprise des importations. Les concessionnaires automobiles sont revenus à la charge, hier, dans une lettre ouverte, saluant «les dernières instructions du Président lors du Conseil des ministres du 5 décembre dernier, notamment concernant la délivrance immédiate des agréments d’importation de voitures neuves». Il se trouve que ces mêmes instructions, selon les concessionnaires, ne trouvent pas d’écho auprès des institutions en charge de ce dossier, puisque «48 jours après cette décision, le dossier est resté à la même place et aucune révision du cahier des charges telle qu’ordonnée par le Président n’a été faite». Le 5 décembre dernier, lors du Conseil des ministres, le Président de la République avait, rappelons-le, ordonné la révision «immédiate» du cahier des charges relatif aux conditions et aux modalités d’importation de véhicules neufs en Algérie. Outre la révision dudit cahier des charges, le chef de l’Etat avait également ordonné d’accélérer le processus de publication de la liste des concessionnaires agréés pour cette activité, soulignant que l’acceptation des dossiers est subordonnée à l’obligation d’asseoir un service après-vente.
Depuis, le dossier d’importation de véhicules neufs n’a pas évolué d’un iota au niveau du ministère de l’Industrie, suscitant de sérieuses appréhensions sur une éventuelle année blanche qui vient s’ajouter aux deux dernières. Interrogé, récemment, lors d’une conférence dédiée à la Journée nationale de la normalisation, sur l’état d’avancement du dossier automobile au niveau de son département, le ministre de l’Industrie, Ahmed Zaghdar, a indiqué qu’une commission chargée de l’élaboration d’une nouvelle stratégie en matière d’usinage vient d’être créée au sein de son ministère. Selon lui, cette nouvelle stratégie, qui devrait arrêter un cahier des charges, «permettra de transiter vers une industrie automobile effective censée sortir le pays du cercle de l’importation». Il s’agit là de la dernière annonce en date qui intervient dans un contexte marqué par un blocage total des importations de véhicules. Cette déclaration n’a fait qu’alimenter davantage le doute des concessionnaires qui attendaient impatiemment la délivrance des autorisations d’importation des véhicules. L’activité d’importation de véhicules neufs n’a jamais connu un tel blocage, provoqué, faut-il le rappeler, par le naufrage de la politique d’assemblage automobile, laquelle s’est soldée par d’importantes pertes infligées au Trésor public et le détournement de plusieurs centaines de milliards de dinars. Plusieurs hommes d’affaires font l’objet de poursuites judiciaires pour indus avantages, détournement de deniers publics et trafic d’influence dans le cadre des affaires dites du montage automobile. Cet épisode a poussé les pouvoirs publics à suspendre l’activité de montage automobile, en attendant l’assainissement de la situation et l’élaboration d’un nouveau cahier des charges aussi bien pour l’activité d’importation que celle de l’assemblage. <