L’Algérie, selon un opérateur économique, est le seul pays qui empêche les entreprises de s’internationaliser, en particulier, d’utiliser la quote-part de 20% pour créer un bureau de liaison ou un réseau de distribution à l’étranger, en un mot, d’investir à l’étranger.
Par Khaled Remouche
La Banque d’Algérie a répondu en partie aux interpellations des exportateurs qui revendiquent, depuis plusieurs années, une plus grande flexibilité de la législation des changes en décidant d’octroyer une quote-part de 100% en devises, contre 50% auparavant tirés des recettes des exportations. La Banque d’Algérie a fixé la répartition de ce montant en 80 % consacrés à la couverture des dépenses liées aux activités de l’entreprise, c’est-à-dire pour le fonctionnement en particulier pour l’achat de matières premières et autres intrants destinés à la production de biens destinés à l’exportation, et 20% laissés à la discrétion de l’exportateur.
Ali Bey Nasri, président de l’Anexal, considère que cette mesure exclut à l’opposé la majorité des exportateurs. Sur 1 200 exportateurs, 700 ne sont pas concernés par cette mesure. Ce sont généralement des exportateurs de services comme ceux qui activent dans le numérique, les start-ups. Ils ne font pas de l’importation. Selon Ali Bey Nasri, ils sont exclus du bénéfice de la quote-part de 80%. Quant aux 20%, l’utilisation de cette quote-part est très problématique. Ali Bey Nasri considère que la nouvelle mesure de la Banque d’Algérie remet en cause la liberté d’utiliser librement cette quote-part par les exportateurs concédée par l’institut d’émission antérieurement. Son utilisation est liée au recours aux moyens de paiement électronique. En clair, selon Ali Bey Nasri, à la possession de la Master Card Corporate. Or, la plupart des banques n’offrent pas ce produit. Pour Ali Bey Nasri, une banque sur quinze dispose de cet instrument. En outre, l’exportateur doit justifier à la Banque d’Algérie les dépenses à l’étranger à partir de cette quote-part de 20%. Une entorse à la liberté d’utiliser ces devises consacrée antérieurement. Ali Bey Nasri considère que l’Algérie est le seul pays qui empêche ses entreprises de s’internationaliser. La législation des changes ne permet pas, en effet, d’utiliser la quote-part de 20% pour créer un bureau de liaison ou un réseau de distribution à l’étranger, en un mot d’investir à l’étranger.
Ali Bey Nasri note que 83% des exportateurs nationaux ont exporté pour 1,9 milliard de dollars en 2020. L’essentiel des exportateurs, un millier, ajoute-t-il, sont de petits exportateurs qui exportent en moyenne pour 50 000 dollars et moins annuellement. Dans le domaine des engrais, les trois sociétés qui exportent l’urée et l’ammoniac, l’ammonitrate, des dérivés des hydrocarbures, bénéficient d’un traitement spécial de la Banque d’Algérie et ne sont pas considérées par l’Anexal comme des exportateurs hors hydrocarbures. Une seule entreprise parmi ces trois a pu exporter pour 500 millions de dollars. n