Par Hamid Bellagha
L’aéronautique fait la une encore une fois. Cette fois, ce n’est pas pour un scandale, un transfert illégal de devises ou de trafic de drogues par ses employés, mais l’installation de nouvelles têtes à Air Algérie et l’EGSA.
Deux entreprises majeures dans le ciel, la navigation aérienne, mais qui n’ont vécu quasiment qu’à l’ombre du clientélisme et du népotisme depuis leur création. Le résultat a été une gestion à l’à-peu-près où le plus compétent des responsables ne pouvait manager une maison composée que de «fils de…», pratiquement.
De formations de pilotes à des enfants n’ayant jamais connu une université, à des postes de patron dans les agences aériennes à l’étranger, Air Algérie ne pouvait que naviguer à vue. L’aveu, la semaine dernière, d’un ex-P-DG de la compagnie aérienne nationale que sa nomination a été le fruit d’un parachutage en règle opéré par Bouteflika, a confirmé ce que tout le monde savait sur les règles de cooptation qui régissent les recrutements à Air Algérie. Les rémunérations fantômes pour un personnel qui n’a jamais émargé, des recrutements pour des agences à l’étranger qui n’existent pas, la direction d’Air Algérie à Constantine qui loue deux appartements dans une cité HLM pour son siège alors que le crédit pour en bâtir une a disparu. Autant d’anachronismes qui caractérisent les entreprises aéronautiques algériennes, mais dont la compagnie, qui jouit du sobriquet d’Air Couscous, détient le monopole de l’instabilité à tous les niveaux.
Cette fois, le président de la République lui-même semble avoir pris à son compte le ménage dans la pétaudière de l’aviation civile. Un nouveau P-DG a été nommé à Air Algérie et un nouveau Directeur général à l’EGSA. On peut qualifier le défi de l’un et de l’autre de travaux d’Hercule tant la tâche s’avère rude avec, en plus, l’absence d’un délai de grâce. Le premier devra acquérir 15 nouveaux avions pour requinquer sa flotte, dématérialiser la réservation cauchemardesque des billets, remettre de l’ordre dans une maison dévastée, faire de l’aéroport d’Alger un hub inter continents. Et la liste est longue.
Le second devra succéder à un pharaon qui aura régné sur la compagnie pendant 15 ans et, entre autres, retirer la poussière sous les tapis que son prédécesseur avait accumulée.
C’est dire que la tâche des deux nouveaux responsables s’annonce gargantuesque.
Il reste à souhaiter qu’ils ne soient pas reconnus coupables, dans quelques mois, d’avoir accepté une mission perdue d’avance. Comme l’ont été les nombreux Directeurs généraux de différents CHU du pays.