La Conférence internationale sur la Libye, tenue dimanche dans la capitale allemande, Berlin, et qui avait comme enjeu de relancer un processus de paix à la crise libyenne, n’a pas débouché sur les résultats espérés.

Ne disposant pas d’arguments irréfutables pour décréter l’échec de l’initiative, les observateurs préfèrent parler d’un bilan «mitigé» d’une rencontre qui aura nécessité d’énormes efforts diplomatiques. Cette évolution rend manifestement plus incertaine la quête de solution en Libye, à laquelle s’est greffée le silence assourdissant qu’adoptent les deux parties libyennes du conflit.
En effet, l’accord d’un cessez-le-feu, que devaient signer les deux parties libyennes en conflit, n’a pas eu lieu et les deux hommes de l’équation, à savoir Fayez Essaraj et le maréchal Khalifa Haftar, ne se sont pas rencontrés à Berlin. Faute donc d’un cessez-le-feu, qui aurait ouvert les voies à une solution à la crise libyenne qui dure depuis 2011, c’est un accord international pour relancer les efforts de paix en Libye qui a été conclu par les pays ayant pris part à cette conférence.
Les dirigeants des principaux pays concernés par le conflit en Libye se sont engagés à respecter l’embargo sur les armes afin de parvenir à un cessez-le-feu durable. Ce texte devrait être soumis en tant que résolution devant le Conseil de sécurité de l’ONU, selon l’émissaire de l’ONU en Libye Ghassan Salamé. « Je pense qu’aujourd’hui était une belle journée, qui nous a donné l’impulsion nécessaire pour continuer notre travail. J’espère que le Conseil de sécurité sera à nos côtés et que le Comité international de suivi le sera aussi pour mettre en application ce sur quoi nous nous sommes entendus », a affirmé l’envoyé onusien. Pour sa part, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, s’il admet que la conférence avait été « très utile », il a fait part que le fossé restait béant entre Essaradj et Haftar. « Il est clair qu’on n’a pas réussi pour l’instant à lancer un dialogue sérieux et stable entre eux », a déclaré à la presse, à Berlin, le chef de la diplomatie russe. Une appréciation similaire a été exprimée par la chancelière allemande Angela Merkel, hôte de la conférence, qui a évoqué un « petit pas en avant », tout en reconnaissant que beaucoup restait à faire pour parvenir à la paix. Les propos de Merkel et de Lavrov traduisent clairement la difficulté des diplomates à faire assoir la solution politique et placer la Libye dans un processus de paix. La déclaration finale n’a pas été, cependant, blanche dans la mesure où elle annonce des points qui ne manqueraient pas d’aider cette quête laborieuse d’une solution. Elle énonce en fait quelques principaux points, dont le plus important est la « cessation des ingérences extérieures » dans le sens où les participants s’engagent « à éviter d’intervenir dans le conflit armé en Libye ou dans les affaires internes de la Libye et exhortent toutes les parties internationales (…) à faire de même». Ils se sont engagés également à respecter l’embargo sur les armes, décrété en 2011. «Nous appelons tous les acteurs à s’abstenir de tout acte susceptible d’exacerber le conflit (…) y compris le financement des capacités militaires ou le recrutement de mercenaires aux profits des différents belligérants en Libye», est-il écrit dans le document. Aussi, les participants appellent à «l’application des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU contre ceux qui violent dès aujourd’hui l’embargo », plaidant également pour « toutes les parties concernées à redoubler d’efforts pour une suspension durable des hostilités, la désescalade et un cessez-le-feu permanent ». La trêve doit être accompagnée par le repositionnement des armes lourdes, de l’artillerie et des avions afin de les regrouper dans des casernes, et mettre fin à toutes les mobilisations militaires, qu’elles soient soutenues directement, ou indirectement, par les parties au conflit, sur tout le territoire libyen et dans l’espace aérien. Les participants appellent le Conseil de sécurité à imposer les sanctions appropriées à ceux qui violent les dispositions du cessez-le-feu ». Par ailleurs, les participants se sont félicités, à l’issue de cette réunion, de la formation d’une « Commission militaire» composée de dix officiers, cinq de chaque côté, avec pour mission de définir sur le terrain les mécanismes de mise en œuvre du cessez-le-feu. Le texte prévoit aussi le « désarmement et le démantèlement des groupes armés et des milices en Libye, suivi par l’intégration de leurs membres dans les institutions civiles, sécuritaires et militaires du pays ».

Cap sur Genève
En plus de l’appel adressé à toutes les parties libyennes pour reprendre « le processus politique global » mené sous les auspices de la Mission de l’ONU en Libye (Manul), pour parvenir à une réconciliation inter-libyenne, les parties en conflit vont devoir se rencontrer fin janvier à Genève. La Manul prévoit, en effet, une réunion inter-libyenne avant la fin du premier mois de l’année pour la formation d’un gouvernement unifié qui aura pour charge de préparer des élections parlementaire et présidentielle.
Depuis la reprise des combats entre camps rivaux en Libye, en avril 2019, plus de 280 civils et 2 000 combattants ont été tués et, selon l’ONU, plus de 170 000 habitants ont été déplacés. Le pays est dans le chaos et miné par les violences et les luttes de pouvoir depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.