Les producteurs de pétrole fédérés sous la casquette de l’Opep+ affichent une volonté de remettre à plus tard la décision de rouvrir progressivement les vannes en application du calendrier arrêté le 12 avril dernier.

Les rumeurs que l’Opep+ allait ajourner la hausse de la production de ses membres couraient depuis quelques jours déjà, notamment depuis le retour de la Libye sur le marché, mais aucun membre de cette alliance n’a confirmé jusqu’ici ces informations. C’est Abdelmadjid Attar, ministre de l’Energie et président de la Conférence de l’Opep qui prend les devants n’excluant pas l’option de retarder l’augmentation de production prévue au début de 2021.
Auditionné, mardi, par la Commission des finances et de budget de l’Assemblée, Abdelmadjid Attar a indiqué que l’Opep suivait attentivement les développements en cours et les équilibres du marché pétrolier, tant du point de vue de la demande que de l’approvisionnement, afin de prendre, avec les pays participants de la Déclaration de Coopération, les mesures idoines au moment opportun. Le ministre a souligné à la même occasion que le marché pourra difficilement absorber l’augmentation de la production attendue au début de 2021. C’est-à-dire que l’Opep+ anticipe une hausse fulgurante de l’offre dès 2021 sous l’effet conjugué du retour de la production libyenne et de l’assouplissement des mesures de limitation de la production prises en commun accord entre l’Opep et ses partenaires non-Opep. Cette prévision fait émerger ainsi au sein de cette alliance l’idée de repousser à une date ultérieure la décision de desserrer le robinet dès 2021, ce qui pourrait provoquer une importante rechute des prix. Selon Abdelmadjid Attar, président en exercice de la Conférence de l’Opep, l’option d’une extension du niveau actuel d’ajustement volontaire de la production pétrolière au premier semestre 2021 pourrait être envisagée lors de la prochaine réunion de la Conférence de l’Opep. Avant que le ministre ne confirme l’existence de discussions au sein de l’Opep+ au sujet d’un éventuel report de l’ajustement de la production prévu dès 2021, le ministre russe de l’Energie, Alexandre Novak, s’est entretenu lundi avec les dirigeants des groupes pétroliers de son pays «avec à l’ordre du jour l’accord de l’Opep+», a indiqué une source au sein du secteur pétrolier russe citée par l’agence de presse publique Ria Novosti. Les ministres de l’Energie des pays membres de l’Organisation vont tenir la 180e réunion de la Conférence de l’Opep le 30 novembre en cours. Elle sera suivie de la 12e réunion ministérielle de l’Opep et non-Opep, programmée pour le 1er décembre prochain, selon le planning de l’Organisation. Ces deux rencontres seront précédées par les réunions du Comité technique et le JMMC, les 16 et 17 novembre. Les signataires de l’accord de réduction de production d’avril dernier appliquent actuellement une baisse de 7,7 millions de barils par jour, qui sera ramenée à 5,8 millions en début d’année prochaine. Si l’actuel niveau de réduction de l’offre n’est pas prolongé au-delà de janvier 2021, une rechute vertigineuse des cours du brut n’est pas à exclure, d’autant plus que d’ici la fin de l’année en cours il est probable que la production libyenne culmine à plus d’un million de barils par jour. D’ailleurs, les prix du pétrole ont rebondi après les rumeurs indiquant que la Russie allait proposer de retarder la hausse de la production (de pétrole) de l’Opep+. Le rebond des cours de cette semaine, alors qu’ils se logeaient depuis quelques jours déjà sous la barre des 40 dollars le baril, est une réaction aux commentaires de certains des membres de l’Opep+ qui envisagent de retarder l’augmentation de la production pour soutenir le marché. <