PAR NAZIM B.
Après une longue attente, le procès de Khalida Toumi, ancienne ministre de la Culture sous Bouteflika, est programmé pour le 20 janvier, ce qui ouvre la possibilité d’une relaxe après plus de deux années de détention préventive.
Poursuivie pour «dilapidation de l’argent public», «abus de fonction» et «octroi d’indus avantages à autrui», l’ancienne députée sous les couleurs du RCD, continue de subir les méfaits de cette détention provisoire depuis le 4 novembre 2019 en dépit des efforts accomplis par ses avocats.
Il a fallu ainsi toute cette période pour que l’instruction de l’affaire soit achevée, selon ses avocats, indignés par tous ce retard dans le traitement du dossier, jusqu’à parler de la «condamnation» de l’accusé.
Il y a une semaine, le collectif d’avocats faisait part d’une bonne «perspective» dans ce procès dès qu’il a appris la «nouvelle» selon laquelle «le juge instructeur a rédigé une ordonnance renvoyant l’affaire devant le tribunal, ce qui signifie que le procès de Mme Toumi «sera programmé dans les prochains jours».
«Le dossier de ma mandante a été gelé pendant un mois, son audition au fond n’a pas été programmée et ses demandes de liberté ont été refusées. Puis, en trois semaines, l’instruction a été clôturée, ce qui signifie que son procès est prévu dans quelques jours.
C’est une bonne nouvelle», s’est félicité Me Boujdemaa Ghechir, membre du collectif d’avocats, pour qui, «le prolongement» de la détention provisoire est injustifiée».
Le même avocat a partagé, au mois de novembre dernier, une tribune, dans laquelle il a soutenu que «la nécessité de poursuivre une enquête ne justifie pas le maintien en détention provisoire pendant une période trop longue. La lenteur de la justice considérée comme un supplice et vaut déni de justice».
Pour lui, «la détention des personnes qui attendent de passer en jugement ne doit pas être la règle, mais la mise en liberté peut être subordonnée à des garanties assurant la comparution de l’intéressé à l’audience, à tous les autres actes de la procédure», estimant que «la libération de Madame Khalida Toumi est possible d’autant plus qu’elle réunit toutes les garanties».
L’avocat a relevé, dans sa plaidoirie, que «dans le dossier de Khalida Toumi, aucune accusation touchant aux détournements, à l’enrichissement illicite, à l’octroi d’avantages au profit de parents ou de proches ou à la corruption, faisant remarquer que «la garantie d’un jugement dans un délai raisonnable dans le cas de poursuites pénales est liée au droit à la liberté, à la présomption d’innocence et un principe directeur du procès équitable et des droits de la défense».
La programmation de ce procès a été accueillie avec un grand soulagement par les avocats, mais aussi des milieux politiques qui défendent la cause de l’ancienne ministre. Au sein des courants politiques de l’opposition, c’est incontestablement le Parti des travailleurs (PT) qui a réitéré régulièrement son soutien à l’ancienne ministre.
La semaine passée, Louisa Hanoune a souligné que «l’arrestation de Khalida Toumi et celle de Youcef Yousfi sont la résultante d’un règlement de comptes au sein du pouvoir».
«Khalida Toumi est en prison pour une affaire de gestion et, récemment, Tebboune a annoncé la dépénalisation de l’acte de gestion. Pourquoi Khalida Toumi n’a pas été remise en liberté en attendant son procès ?», soutenait Hanoune au mois de septembre 2020.