Par Feriel Nourine
Le 3e Sommet de partenariat Turquie-Afrique s’est achevé dans le même scénario
optimiste qui prévalait à l’approche de ce rendez-vous et, explicitement, véhiculé par le slogan qui lui était dédié, en l’occurrence «Partenariat renforcé pour le développement et la prospérité».
La vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement, les ministres des Affaires étrangères ainsi que la délégation de l’Union Africaine, ayant représenté une quarantaine de pays à l’événement d’Istanbul, sont repartis de la capitale turque en comptant désormais sur une nouvelle feuille de route, inscrite en droite ligne avec ce slogan qui est venu sanctionner les travaux du Sommet.
Laquelle feuille de route tracera les grandes lignes de la coopération entre la Turquie et l’Afrique pour le quinquennat 2022-2026, à travers un Plan d’action qui insufflera la dynamique nécessaire et les moyens qu’il faut aux ambitions en hausse des deux parties. Ce plan est orienté au profit d’un partenariat renforcé sur plusieurs axes de coopération, entre restauration de la paix dans le continent africain, intensification des investissements et des échanges commerciaux et développement du commerce, en passant par la promotion de la ressource humaine et de la formation.
Cette approche se veut être un nouvel indicateur de la politique turque à l’égard du continent africain. Celle-ci a énormément gagné en densité ces vingt dernières années pour comptabiliser de nombreuses actions, mais aussi des statistiques qui témoignent de la forte hausse des échanges commerciaux. Ceux-ci étaient de l’ordre de 25 milliards de dollars en 2020, contre tout juste 5,4 milliards de dollars en 2003.
Mais Ankara veut atteindre des sommets encore nettement plus hauts, en comptant sur la nouvelle feuille de route et le Plan d’action qui lui servira d’éclairage, sur fonds de réceptivité des pays africains et des objectifs qu’ils partagent avec la Turquie. En ce sens, le président turc Recep Tayyip Erdogan n’hésite pas à placer la barre nettement au-dessus des 75 milliards de dollars d’échanges commerciaux. Il l’a clairement signifié aux hauts responsables des pays africains, samedi, à l’ouverture du sommet accueilli par son pays. La Turquie vise à «porter ses échanges commerciaux avec le continent africain à plus de 75 milliards de dollars, alors qu’ils dépassent les 25 milliards de dollars», a indiqué M. Erdogan, non sans mettre en avant les relations entre les deux parties. «La Turquie n’a jamais tourné le dos» à l’Afrique et nos relations, empreintes d’humanisme avec l’Afrique et les peuples africains, remontent au IXe siècle», dira-t-il à ce propos.
En se basant sur l’actif relationnel avec le continent africain, Ankara ne cache donc pus ses ambitions de faire plus et mieux, à travers «une approche multidimensionnelle qui servirait l’établissement de relations politiques étroites, raffermies par la multiplication des visites bilatérales au plus haut niveau». L’Etat turc nourrit même l’ambition de devenir «le porte-voix» de l’Afrique en prônant «des positions en faveur du continent et en défendant les positions des pays africains dans les différents foras et rencontres de par le monde, sans pour autant négliger une coopération économique étroite à travers des échanges commerciaux denses et des investissements tous azimuts auxquels s’ajoutent les aides humanitaires en faveur des peuples de l’Afrique», rapporte l’envoyé spécial de l’APS à Istanbul.
C’est d’ailleurs dans cet ordre d’idées que la Turquie a réitéré son appel en faveur de la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies en insistant sur «le renforcement de la représentation des pays africains au sein de cette instance onusienne». Dans le même sillage, le Président turc a réitéré sa «détermination» à poursuivre la coopération avec les pays africains sur de nombreuses questions, notamment le terrorisme, la lutte contre le crime organisé ainsi que la réduction de la pauvreté et le développement de l’éducation et de la formation. <