La dépêche publiée avant-hier par l’APS pour commenter le communiqué de la réunion du Conseil des ministres tenue la veille et selon laquelle le président Tebboune est «en colère» contre des ministres semble mettre en effervescence des députés qui ont réclamé des têtes parmi l’Exécutif.
PAR NAZIM B.
Cela s’est passé hier et mardi à l’occasion des débats en plénière autour du projet de loi modifiant la loi organique n°16-12 du 25 août 2016 fixant l’organisation et le fonctionnement de l’Assemblée populaire nationale et du Conseil de la Nation, ainsi que les relations fonctionnelles entre les Chambres du Parlement et le gouvernement.
Et si des membres de l’Assemblée populaire nationale (APN) n’ont pas caché leurs désaccords sur ce texte, certains ont mis à profit la tribune de l’hémicycle Zighout Youcef pour tirer sur le gouvernement Benabderrahmane, notamment le département du Commerce épinglé sur la rareté de quelques produits de base comme le lait en sachet.
«C’est à croire que l’Exécutif agit à contrecourant des orientations présidentielles», a estimé un député dans ce qui peut traduire une insatisfaction au Parlement de l’action gouvernementale et de la gestion des affaires publique, qui auraient, selon les termes de la dépêche de l’APS, susciter l’ire du chef de l’Etat.
Les marques de désapprobation parlementaire envers l’action du gouvernement présagent-elles la fin de mission du cabinet Benabderrahmane ? Les députés auraient-ils été mis au parfum d’un remaniement gouvernemental qui serait déjà en gestation ? Y aurait-il connexion entre la source de la dépêche de l’agence officielle et l’attitude des parlementaires envers le gouvernement ?
Autant de questions que l’on peut formuler sans pouvoir y répondre dans l’immédiat, ni dans le sens de la confirmation ni dans celui de l’infirmation, bien que le ton et les vocables de la dépêche APS ne laissent pas de doute de voir le président prendre des «mesures draconiennes» pour mettre fin à une certaine «culture de la passivité», qui met à mal la concrétisation de certaines mesures prises antérieurement par les pouvoirs publics.
«Le président est réellement en colère, il n’est pas du tout content de la cadence de traitement de nombreux dossiers par le gouvernement», est-il écrit dans la dépêche APS, laquelle cite des failles du gouvernement et qui auraient fait sortir le président «de ses gonds». Il s’agit notamment «des échéances très élastiques», des chiffres «approximatifs», des décisions qui «perturbent» le quotidien des citoyens et celui des opérateurs économiques…
La lecture que fait l’APS du communiqué de la réunion du Conseil des ministres suggère de conclure à un décalage entre les orientations présidentielles et l’action du gouvernement.
«Quand le président parle de l’autorité de l’Etat, certains comprennent ‘’autoritarisme’’, quand il insiste sur la protection de la production nationale, certains comprennent ‘’protectionnisme’’», selon l’APS, laquelle a ajouté que «le président n’a, à aucun moment, ‘’ordonné’’ la destruction de constructions illicites, mais plutôt de prendre des mesures pour que cela ne se reproduise plus à l’avenir».
Cependant, si la dépêche de l’APS, conjuguée à l’attitude de certains parlementaires, rapproche le gouvernement Benabderrahmane de la porte de sortie, il ne serait pas inutile de rappeler l’approche de Tebboune dans ce registre.
«Le remaniement ministériel, s’il devait avoir lieu, s’effectuera en fonction des résultats de chaque secteur, la norme étant le taux d’application des décisions prises lors des Conseils des ministres», avait-il répondu au mois de mai quand il avait été interrogé sur la possibilité de procéder à un remaniement du gouvernement. <