PAR INES DALI
L’Algérie suit de près les événements après le naufrage d’un pétrolier au large de la Tunisie et prend les devants pour faire face à toute éventualité de pollution marine. Le pétrolier qui transportait 750 tonnes de gazole est parti d’Egypte pour rejoindre Malte et a fait naufrage dans le golfe de Gabès, sur la côte sud-est de la Tunisie, suscitant une mobilisation pour éviter une marée noire. «Le navire a coulé ce matin (hier, ndlr) dans les eaux territoriales tunisiennes. Pour le moment, il n’y a pas de fuite», a déclaré le porte-parole du tribunal de Gabès, Mohamed Karray.
L’Algérie a, de son côté, pris les mesures qui s’imposent en de telles situations dès qu’elle a pris connaissance de l’accident, en actionnant le dispositif Tell-Bahr de prévention et de lutte contre la pollution marine. Le secrétaire général du dispositif Tell-Bahr du ministère de l’Environnement, Halim Habes Delmi, a confirmé que, jusqu’à hier à la mi-journée, aucune fuite n’a été signalée. «Selon les informations que nous avons, il n’y a effectivement pas de signes apparents de pollution, du moins pour l’instant», a-t-il déclaré. Mais en tout état de cause, «nous attendons de plus amples informations en temps réel», a-t-il ajouté.
Pour parer à toute éventualité, toutes les directions de wilaya de la partie régionale Est concernées par le dispositif Tell-Bahr ont été contactées par le ministère de l’Environnement. «Tous les directeurs de l’environnement des wilayas en question ont été instruits pour prendre attache avec les walis et les services des garde-côtes et ce, afin de se préparer, de tout mettre en branle en réquisitionnant les moyens pour être prêts à tout éventuel incident, comme par exemple, la survenue d’une nappe qui viendrait vers l’Algérie en lui faisant face depuis la wilaya d’El Tarf jusqu’à la wilaya de Jijel», a expliqué le même responsable. «Pour l’instant, nous sommes à cette phase de prévention et de mobilisation des moyens», a assuré Habes Delmi.
Le porte-parole du tribunal de Gabès (Tunisie), Mohamed Karray, a indiqué qu’une commission de prévention des catastrophes devait se réunir dans les heures ayant suivi le naufrage du navire Xelo pour décider des mesures à prendre. Les autorités tunisiennes ont actionné «le plan national d’urgence de prévention des pollutions marines avec l’objectif de maîtriser la situation et d’éviter la propagation de polluants», a indiqué, pour sa part, le ministère tunisien de l’Environnement.
Le pétrolier Xelo (immatriculé OMI 7618272) de 58 mètres de long sur 9 mètres de large, selon le site Vesseltracker, et battant pavillon de la Guinée Equatoriale, se dirigeait vers l’île de Malte en provenance du port de Damiette, en Egypte, selon le ministère. Pour se mettre à l’abri, face à de mauvaises conditions météorologiques, le navire avait demandé à entrer dans les eaux territoriales tunisiennes vendredi soir.
Alors qu’il se trouvait à environ 7 kilomètres des côtes du golfe de Gabès, le pétrolier a commencé à prendre l’eau, selon le ministère. L’eau s’est infiltrée dans la salle des machines, montant jusqu’à près de deux mètres de hauteur. Les autorités tunisiennes ont alors évacué l’équipage de sept personnes se trouvant à bord du navire en détresse, a ajouté le ministère dans un communiqué. Les membres de l’équipage, composé d’un capitaine géorgien, de quatre Turcs et de deux Azerbaidjanais, ont été brièvement hospitalisés pour des contrôles et sont hébergés dans un hôtel. Les ministères de la Défense, de l’Intérieur, des Transports ainsi que les Douanes s’emploient à éviter «une catastrophe environnementale marine dans la région et à limiter ses répercussions», a assuré le ministère.
Quand le navire n’avait pas encore coulé, le ministère avait décrit la situation comme étant «alarmante» mais «sous contrôle». Le dernier accident maritime concernant la Tunisie date d’octobre 2018, quand un navire roulier tunisien, L’Ulysse, était entré en collision avec un porte-conteneur chypriote CLS Virginia à 28 km au large du Cap Corse, en France. A l’époque, une nappe de 600 tonnes de fioul de propulsion s’était échappée du porte-conteneur chypriote, qui avait nécessité l’intervention de navires français, italiens et de l’agence européenne de la mer pour limiter la pollution marine. n