Le chef de la diplomatie italienne Luigi Di Maio a proposé mardi un «Patriot Act» européen, à l’image de la loi antiterroriste américaine, au lendemain des attaques de Vienne, dans un message sur Facebook. «Il s’agit de prendre des mesures qui pourraient prévenir des tragédies comme celles de Nice», où trois personnes ont été tuées il y a cinq jours, «et de Vienne», où quatre autres personnes ont été tuées lundi soir, a estimé M. Di Maio.
«Il s’agit de commencer à penser à quelque chose de plus grand et qui concernerait toute l’UE: un Patriot Act sur le modèle américain par exemple, car aujourd’hui nous sommes tous des enfants du même peuple européen», a poursuivi M. Di Maio. «La sûreté d’un Etat est la sûreté de tous les autres. J’en parlerai dans les prochains jours avec mes homologues. Restons unis contre toute forme de terrorisme et de fanatisme», a ajouté le ministre italien des Affaires étrangères.
Le Patriot Act américain, adopté en 2001 au lendemain des attentats meurtriers aux Etats-Unis, modifie un certain nombre de libertés fondamentales et permet une plus grande marge de manoeuvre aux agences de renseignement dans les enquêtes antiterroristes. «Il est évident» que face aux attaques de ces derniers jours «l’Europe et l’Italie ne peuvent plus continuer à prononcer des paroles de circonstance», a poursuivi M. Di Maio. «Les problèmes doivent être affrontés. L’UE doit renforcer ses niveaux de sécurité», a-t-il ajouté, évoquant, entre autres, «un renforcement des contrôles sur les mosquées avec la coopération des communautés islamiques et de l’islam modéré qui a toujours condamné» les attentats.
L’«attaque terroriste» à Vienne, selon les termes du chancelier Sebastian Kurz, s’est déroulée lundi soir en plein coeur de la capitale autrichienne, près d’une importante synagogue et de l’Opéra. Hier mardi, une grande partie du centre était toujours bouclée. Sur les lieux de l’attentat, des officiers de la police scientifique relevaient des indices, a rapporté l’AFP et d’autres agences de presse. Les enquêteurs cherchent désormais à déterminer si l’assaillant a agi seul ou si d’autres suspects ont participé aux fusillades. Ils ont multiplié les opérations, menant 15 perquisitions et procédant à des interpellations, a précisé le ministre de l’Intérieur Karl Nehammer à l’Agence de presse APA. «Il est difficile pour nous de dire si l’attaque a été menée par un auteur ou plusieurs», a reconnu la police.
Le principal auteur de l’attentat qui a fait au moins quatre morts avant d’être tué par la police est un «sympathisant» du groupe jihadiste Etat islamique, originaire de Macédoine du Nord, ont annoncé mardi les autorités autrichiennes. Hier, des éléments ont commencé à filtrer sur l’identité de l’homme armé qui a été abattu par les forces de l’ordre. Agé de 20 ans, Kujtim Fejzulai était originaire de Macédoine du Nord et aussi détenteur de la nationalité autrichienne, a précisé M. Nehammer à l’agence de presse APA. Il avait été condamné en 2019 à 22 mois de prison pour avoir tenté de rejoindre la Syrie afin de s’enrôler au sein de l’Etat islamique (EI). Le gouvernement autrichien avait auparavant indiqué que le jeune homme, armé d’un fusil d’assaut et d’une ceinture d’explosifs factice, était «un sympathisant» de l’EI, selon les indices recueillis dans son logement. L’Autriche, sous le choc, a décrété trois jours de deuil national. A travers le pays, les drapeaux ont été mis en berne sur les bâtiments publics et une minute de silence observée à midi, tandis que les cloches des églises sonnaient. Le chef du gouvernement, le président Alexander Van der Bellen et d’autres hauts responsables ont participé à une cérémonie en hommage aux victimes. n