L’assassinat dans des conditions troubles de l’avocat Chaoui Djamel Eddine, dont le corps a été retrouvé dans la nuit de lundi à mardi après plusieurs jours de disparition énigmatique, continue de susciter des réactions de colère, notamment parmi ses confrères qui ont tenu, hier, des sit-in de « dénonciation » et suspendu les audiences pendant une heure, comme c’était le cas à Skikda, ville natale du défunt et lieu du crime abject.

PAR NAZIM BRAHIMI
A Skikda, Alger, Constantine, Rélizane, Msila et dans de nombreuses autres villes du pays, les avocats, choqués par le crime, ont observé un arrêt de travail pour marquer leur solidarité avec leur ancien confrère, mais aussi pour interpeller les pouvoirs publics et réclamer une enquête « sérieuse » pour identifier les auteurs de cet assassinat.
L’Union nationale de l’organisation des avocats (Unoa) a dénoncé un acte qualifié d’« odieux », criant, haut et fort, « l’exigence de vérité » et le « châtiment » à la mesure du crime. Pour sa part, le Conseil de l’Ordre des avocats de Constantine a rendu public un communiqué de dénonciation, à l’issue d’une réunion extraordinaire convoquée suite à ce drame. « … L’assassinat de l’avocat, membre dudit Conseil, est une épreuve douloureuse qui a frappé la famille de la défense en général et l’organisation des avocats de la wilaya de Constantine avec ses quatre conseils, en particulier », lit-on dans le communiqué.
L’énigme et l’incompréhension semblaient entourer les circonstances de la disparition de l’avocat, par ailleurs ancien P/APC d’El Sebt, wilaya de Skikda, avant que la terrible nouvelle de sa mort ne tombe avant-hier.
« La victime, Djamel-Eddine Chaoui a reçu une balle dans la tête », a indiqué un communiqué du Procureur général près la Cour de justice de Skikda, plongeant dans le deuil, la colère et l’incompréhension, l’entourage familial et les collègues du défunt alors que la nouvelle s’est répandue telle une traînée de poudre dans tous les coins de l’antique Rusicade et à travers tout le pays.
« En vertu de l’article 11, alinéa 3 du code de procédures pénales, le Procureur général près la Cour de justice de Skikda porte à la connaissance de l’opinion publique qu’en date du 22 janvier courant, les services de la Gendarmerie nationale de la commune d’El Sebt (Est de Skikda) ont été destinataires d’un avis de disparition ; depuis le 21 janvier, du dénommé Djamel-Eddine Chaoui, avocat et ancien président de l’APC d’El Sebt, selon les déclarations des siens », a fait savoir le communiqué du procureur général.
« Le Procureur de la République près le tribunal d’Azzaba ayant saisi la brigade spécialisée, une enquête a été ordonnée sur les circonstances de cette disparition », a souligné la même source. Ajoutant que « le 30 janvier courant, vers 17H environ, les services de la Gendarmerie nationale d’El Harrouch (Sud de Skikda) ont reçu une information de citoyens faisant état de la présence d’un tas de terre fraîchement creusée sur le bord de la route menant au village de Toumiet, et ressemblant à une tombe ».
Sitôt informés, le procureur de la République, accompagné des éléments de la Gendarmerie nationale et de la Protection civile, se sont immédiatement déplacés sur les lieux, où ils ont exhumé le corps d’un homme de sexe masculin. Après constatation des faits, le corps a été transféré à l’hôpital, toujours selon la même source.
Le communiqué souligne qu’il s’agissait du « corps du dénommé Djamel-Eddine Chaoui qui faisait l’objet de recherches après le signalement de sa disparition. Il s’est avéré qu’il avait reçu une balle dans la tête, alors que le reste de son corps ne semble pas porter de traces de violences », indique la même source, expliquant par ailleurs que « l’enquête préliminaire dirigée par le Procureur de la République est toujours en cours, jusqu’à l’identification des auteurs (de ce crime) ».
Côté formations politiques, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a réagi, via un communiqué signé de son chef du groupe parlementaire, et dans lequel le parti « dénonce » le crime et appelle les autorités à « ouvrir rapidement une enquête pour se pencher sur les détails de cette affaire », « informer l’opinion publique des résultats de l’enquête notamment en ce qui concerne la demande, par la victime, d’une protection après avoir reçu des menaces ».
Le MSP réclame également « l’application stricte » de la loi contre tout discours incitant à la haine et à la violence sur les réseaux sociaux. n