Au moment où l’on croyait que la crise au sein du Front des forces socialistes (FFS) commençait à trouver son chemin vers le règlement, Ali Laskri, homme fort du parti, sort de son mutisme et remet en cause la démission de ses trois collègues de l’instance présidentielle. Dans une lettre aux militants, le coordinateur de l’IP dénonce ce qu’il qualifie de «coup de force» mené par le pouvoir qui cherche à «neutraliser» le FFS par tous les moyens. Pour lui, la résistance des militants «résolus plus que jamais à faire avancer le projet du FFS et son idéal démocratique» a poussé le pouvoir à aller dans une démarche visant «à mener un coup de force» qui passe par «la démission non actée de trois membres de l’instance présidentielle démontrant une nouvelle forme de mise du FFS entre le bon vouloir de l’administration».
Pour rappel, le 27 février dernier, trois membres de l’IP, Mohand Amokrane Chérifi, Brahim Meziani et Sofiane Chioukh en l’occurrence, ont annoncé avoir engagé leurs « démissions» pour convoquer un Congrès national extraordinaire au mois d’avril 2020 conformément à l’article 48 des statuts. Les concernés ont justifié leur démarche par le souci de «retrouver dans l’immédiat la stabilité et l’unité du parti garanties par l’IP» et que «seule l’élection d’une nouvelle instance présidentielle permettra d’y parvenir». Ils estiment en effet que «la voie utilisant les structurelles actuelles pour organiser un Conseil national puis un Congrès national ordinaire est longue et ne réunit pas les conditions de sa réussite en l’absence d’un large consensus». Ce constat a été fait après que le comité ad hoc, chargé de rapprocher les visions entre les deux parties en conflit pour le contrôle de la direction du FFS, n’ait pas réussi sa mission d’aller vers un conseil national réconciliateur.
Dans sa lettre publiée hier, Laskri qui semble avoir été rattrapé par le même procédé qu’il a utilisé, il y a de cela deux ans, pour convoquer un congrès extraordinaire, c’est-à-dire l’IP réduite à moins de 3 membres, estime que la convocation de la Commission de préparation du congrès (CPCN), pour le 14 mars prochain, est «anti statutaire». Il en veut pour justificatifs le fait que la direction nationale ne se soit pas réunie dans toute sa composante, comprendre l’instance présidentielle, le comité d’éthique et le secrétariat national, en plus du conseil national «seul habilité à trancher quelle que soit la situation» qui n’a pas été convoqué. Plus que ça, l’auteur de la lettre soutient que la CPCN «réduite à 18 au lieu de 27 membres avec la présence de parlementaires exclus du parti depuis une année, en évitant la convocation d’une réunion de la direction nationale pour évaluer la mission de la commission (ad hoc) démontre la fuite en avant et le coup de force anti statutaire».
Une CPCN
anti-statutaire
A ses yeux, la tenue d’un congrès extraordinaire a pour finalité «de faire perdre du temps et neutraliser le parti en vue de la mise à mort du PAD et par ricochet, la révolution populaire et pacifique». Laskri, qui rappelle que le congrès ordinaire a été convoqué en juillet 2019 et que sa préparation est «toujours en cours», accuse ses détracteurs favorables à l’option du congrès extraordinaire, de vouloir «gagner du temps pour terminer leurs mandats électifs et s’inscrire encore dans le processus de normalisation autoritaire, électoral, en opposition au processus démocratique revendiqué par le peuple algérien depuis le 22 février 2019». C’est pourquoi, il appelle les militants à «contrecarrer le passage en force anti-statutaire» et à continuer la préparation du 6e congrès ordinaire.
Enfin, il faut dire que le processus enclenché par la démission de Chérifi, Meziani et Chioukh de l’IP, n’est pas vraiment en marche. De source sûre du parti, on apprend qu’«aucun des trois n’a remis officiellement sa démission» au Premier secrétaire ou au Conseil national dont les mandats sont en cours. Ce qui pose «un dilemme», comme nous le dit notre source, autour du sérieux de cette voie. Ainsi, la crise interne que traverse le parti cher au défunt Hocine Aït Ahmed, n’est pas près de trouver son épilogue. Les tiraillements autour du contrôle de l’appareil du parti vont, semble-t-il, encore durer… n