Poursuivant la série des consultations politiques dans le cadre du projet de révision de la Constitution, le Président de la République a reçu, mardi, le chef du parti islamiste El Bina, Abdelkader Bengrina. Avant lui, c’est une délégation de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), conduite par son secrétaire général par intérim, Mohand Ouamar Benelhadj, qui a été reçue par le Président Abdelmadjid Tebboune.
Abdelkader Bengrina, le candidat malheureux à la présidentielle du 12 décembre 2019, a plaidé pour un dialogue large et sans exclusion. « Le Mouvement (El Bina, Ndlr) a porté au Président les principales préoccupations des citoyens et a insisté sur sa vision dans la nécessité d’un dialogue large, profond et sans exclusion, à l’exception de ceux qui s’excluent d’eux-mêmes », a expliqué le parti dans un compte-rendu publié, hier, sur sa page Facebook. Qualifiant l’étape que traverse le pays de « sensible », le parti islamiste dit viser à travers ce dialogue « la formation d’un front national solide face aux défis intérieurs et extérieurs, et la préservation de la sécurité nationale du pays et ses intérêts stratégiques ».
Pour ce projet de révision de la Loi fondamentale, le mouvement El Bina considère que « la nouvelle Algérie a besoin d’une élaboration constitutionnelle et juridique qui reflète la transition démocratique, garantit la stabilité et le développement ». D’ailleurs, dans un document remis à M. Tebboune et qui reflète son approche et sa vision des réformes, le parti de Bengrina a plaidé en faveur de l’instauration du système semi-présidentiel, avec « réduction des prérogatives du Président de la République pour consacrer l’équilibre des pouvoirs ». M. Bengrina souhaiterait aussi voir « consacrer la dualité du pouvoir exécutif, renforcer les prérogatives du Parlement et réviser le règlement des deux chambres ». S’agissant du Hirak, le malheureux candidat à la dernière présidentielle, demande à ce qu’il soit « inscrit dans le préambule de la Constitution ».
Le document élaboré par El Bina insiste, par ailleurs, sur trois autres axes, dont « la réforme du climat de la pratique politique », « la réforme des institutions de l’Etat » et « la préservation de la sécurité nationale ». Sans les nommer, Bengrina semble vouloir écarter de la vie politique les partis du pouvoir (FLN et RND notamment) ayant accompagné le règne de l’ancien président déchu, Abdelaziz Bouteflika. Ainsi, El Bina appelle simplement à « l’isolement de ceux qui sont responsables de la crise politique et économique ». Enfin, et pour immortaliser le mouvement populaire et sa symbolique, El Bina a réitéré son souhait que l’esplanade de la Grande-Poste soit baptisée « place de la liberté ». Devant le Président Tebboune, Abdelkader Bengrina a insisté sur la priorité économique, afin d’assurer, dit-il, l’avenir du pays, « car l’Algérie ne peut en aucun cas s’arrêter aux tiraillements politiques traditionnels, devant la gravité économique ».
Pour ce qui est de l’organisation des moudjahidine, un communiqué de la présidence d’El Mouradia a fait savoir que « la délégation du secrétariat général a exprimé le soutien de l’ONM aux efforts visant l’édification d’une République nouvelle, en fidélité au serment fait aux chouhada de la Guerre de libération et à la Déclaration du 1er Novembre ». Début février, rappelle-t-on, l’organisation avait affiché sa colère d’« avoir été exclue » des consultations. Au registre des propositions, son secrétaire général intérimaire avait émis le souhait de voir l’ONM inscrite en tant que symbole de l’Etat dans la prochaine Constitution, tout comme le drapeau, car, avait-il estimé « il ne s’agit pas d’une simple association ». Rappelons que le comité d’experts chargé de formuler des propositions sur la révision de la Constitution achèvera sa mission vers le 15 mars prochain. Il présentera par la suite une première mouture de la Constitution qui sera soumise à débat et enrichissement, conformément à l’agenda arrêté par le Président de la République. C’est du moins ce qu’a indiqué dernièrement, Mohamed Lagab, chargé de mission auprès de la présidence.