Par NAZIM BRAHIMI
Au moment où les prix du pétrole frôlent les 100 dollars le baril, les pays exportateurs du gaz, réunis au Qatar, discutent du volume de production, des difficultés d’approvisionnement et du respect des contrats et engagements pris précédemment.
Le tout dans un contexte de fortes tensions, notamment celle émanant de l’Ukraine, où la crise larvée entre la Russie et les pays occidentaux n’a pas encore livré tous ses secrets et où Moscou fait planer la menace sur ses approvisionnements en gaz pour plusieurs pays d’Europe.
Elle risque, selon toute vraisemblance, d’impacter encore davantage le marché gazier qui se cherchait déjà des équilibres en production et en approvisionnement, deux équations qu’il va falloir résoudre si l’on tient compte des échos provenant de Doha où l’émir du Qatar a tenté de se montrer rassurant à l’égard de l’Europe. Et s’il a fait preuve de disponibilité à aider les pays du Vieux continent, dans le cas où il y aurait de sérieuses difficultés d’approvisionnement engendrées par des situations de fortes tensions, il a mis en avant les limites de cette aide qui doit tenir compte des volumes disponibles dans la mesure où les producteurs sont liés par des contrats de long terme.
«Les volumes qu’on peut rediriger vers d’autres clients représentent environ 10 à 15%», a-t-il expliqué aux participants au 6e Sommet de Doha, en soulignant que «la Russie représente 30 à 40% des approvisionnements de l’Europe». Pour le responsable du Qatar, un des principaux pays exportateurs de gaz, remplacer rapidement ce type de volumes est «quasiment impossible». De quoi accentuer l’inquiétude en Europe, alors que les investissements dans l’amont gazier mondial risquent de ne pas pouvoir suivre le rythme de la demande. Ce qui revient à croire que les pays exportateurs de gaz disposent de capacités limitées pour augmenter rapidement l’approvisionnement de l’Europe et, accessoirement, aucune visibilité sur les prix. Pour l’émir du Qatar, l’envolée des prix du gaz a commencé bien avant la crise, jugeant que ce qui se passe aujourd’hui sur les prix est fondamentalement lié au manque d’investissements et que la finalité de combler ce retard va se faire nécessairement dans le temps.
Incontestablement, la tension Russie-pays occidentaux bouscule plus que jamais l’agenda et les préoccupations des pays membres du Forum des pays exportateurs du gaz (FPEG).