Par Khaled Remouche
Le gouvernement table, en prévision du Ramadan, sur un réseau de 540 points de vente, principalement d’Alviar et de l’Onab, pour distribuer respectivement 20 000 tonnes de viande rouge importées cédée à 1 200 dinars le kilo, ainsi que la viande blanche à 350 dinars le kilogramme.
Certains détaillants qui seront sollicités pour vendre ces produits devront signer des conventions avec Alviar et l’Onab afin de respecter et d’appliquer ces niveaux de prix.
Le ministère de l’Agriculture, en rendant opérationnel un nouveau système de régulation, parviendra-t-il à faire baisser particulièrement les prix de viandes rouges, blanches et des légumes secs, qui ont connu des hausses importantes en 2021, 2022 et en ce début d’année, participant à la perte de pouvoir d’achat enregistrée chez nombre de ménages.
Tel est le challenge que devra relever ce département. A cet égard, il faut savoir que le nouveau système de régulation des produits agricoles de large consommation est introduit actuellement en lieu et place du système Syrpalac qui a montré ses limites quant à sa capacité à baisser les prix.
Ce nouveau mode d’approvisionnement du marché repose sur l’intervention des offices publics Alviar, Onab et OAIC pour réguler le marché et maintenir à des niveaux acceptables les prix des produits agricoles de large consommation.
De manière plus précise, le ministère de l’Agriculture a confié à l’office public Alviar l’importation de viande rouge pour réguler le marché, avec 20 000 tonnes de viande rouge fraîche principalement d’Amérique latine en prévision du Ramadan. Le prix fixé au détail ne doit pas dépasser 1 200 dinars le kilogramme. Les quantités de viande importées seront distribuées à travers 540 points de vente d’Alviar et de l’Onab, couvrant tout le territoire, selon le conseiller du ministère de l’Agriculture, Tria Miloud, dans l’émission de la Chaîne III «L’invité de la rédaction», dimanche dernier.
Le maillage des points de vente sera-t-il suffisant ?
C’est à travers des conventions signées par Alviar et les distributeurs que s’opérera cet approvisionnement du marché avec, comme clause ou obligation, la cession aux ménages de la viande à des prix ne dépassant pas 1 200 dinars le kilo. Ces conventions sont également signées avec des détaillants, à savoir certains bouchers.
Il convient de rappeler ici que l’Etat a déjà importé, à plusieurs reprises, de la viande rouge en prévision du Ramadan sans pouvoir peser sur le marché ni en réduire le prix. L’autre fragilité de ce type d’approvisionnement des ménages a été le maillage insuffisant des points de vente, surtout dans les grands centres de consommation. La question est de savoir aujourd’hui si ces centaines de points de vente seront suffisants et donc à même de faire baisser les prix de la viande rouge. En outre, la solution semble conjoncturelle. Elle ne règle pas le problème de fond, celui du déséquilibre entre l’offre et la demande, ainsi que celui de l’absence de transparence dans les transactions. Concernant les viandes blanches, le gouvernement a décidé de plafonner le prix du poulet à 350 dinars le kilogramme au détail. Mais ce niveau de prix ne concerne que la viande blanche cédée par l’Onab. Ce dernier se chargera de distribuer ce produit à travers les 540 points de vente précités. Il convient en somme de se demander si cette offre est susceptible d’avoir un effet d’entrainement sur les autres vendeurs et faire baisser les prix du poulet. Et ce, au regard de la nature du marché de la viande blanche, dominé par l’informel, en un mot des petits éleveurs qui détiennent 70% de la production. Une partie de ces derniers ont arrêté l’activité en raison de la résurgence de maladies qui ont affecté durement leur patrimoine avicole.
Concernant les légumes secs, le gouvernement a décidé, au titre de ce nouveau système de régulation, de confier à l’OAIC leur importation. Cet office se chargera d’approvisionner les grossistes et autres intervenants de la filière. La décision a été prise, selon le même conseiller, pour réduire la facture alimentaire suite au constat que les opérations d’importation par le privé ont conduit à l’introduction de quantités supérieures au besoin, voire le double de la demande domestique en légumes secs. Autre justification, la nécessité de protéger la production nationale.
En ce sens, il faut savoir que dans le plan d’action du gouvernement, il est prévu de développer la culture des légumes et des graines oléagineuses ainsi que de la betterave pour réduire notre dépendance à l’extérieur. En particulier, en exécution de ce programme, le gouvernement a enregistré la culture de 80 000 hectares en pois-chiches et lentilles au cours de la saison agricole 2021-2022, correspondant à 40% des besoins. L’année en cours, les superficies cultivées sont passés à 120 000 hectares, soit 60% des besoins. Le restant sera importé par l’OAIC suivant ce système de régulation. L’objectif est de maintenir les prix des légumes secs à 100, 120 dinars le kilogramme.