Ce qui s’est passé durant l’été dernier ne doit plus se reproduire. Aucun malade Covid ne devrait être renvoyé chez lui sous prétexte qu’il n’y a plus de lits d’hospitalisation. Tel est le message fort délivré par le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, à l’adresse des directeurs de la santé et de la population (DSP) des différentes wilayas auxquels des instructions fermes ont été adressées pour que la quatrième vague ne se transforme pas en une vague de deuil.

PAR INES DALI
La réunion d’évaluation par visioconférence tenue avant-hier est la deuxième du genre avec les responsables locaux de la santé après celle tenue une semaine auparavant, soit le 13 décembre, au cours de laquelle il avait dévoilé le plan de riposte dans le cas où le nombre de malades connaisse une importante augmentation. Des instructions avaient été données pour une prise en charge de tous les malades qui se présenteraient, cela d’autant que tous les moyens matériels et humains pour éviter de voir se reproduire le scénario de la troisième vague ont été prévus dans le cadre des préparatifs à la quatrième.
Durant la semaine écoulée entre les deux réunions, le nombre des contaminations a continué d’augmenter. Alors qu’il était de 2800 patients hospitalisés au 13 décembre, il est passé à plus de 3300. «Il y a une moyenne de 40 à 50 hospitalisés par jour. Nous comptons actuellement 3360 malades répartis entre les hospitalisations et les réanimations, ce qui représente 20% de la troisième vague», a indiqué le Pr Lyès Rahal, directeur des services de santé au ministère de la Santé et membre du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie de coronavirus. «Lorsque nous atteignons les 2400 hospitalisés, nous tirons la sonnette d’alarme», a-t-il ajouté.
Au vu de ces données, c’est ce qui a été fait, la sonnette d’alarme est déjà tirée. Mais il semblerait que toutes les instructions n’aient pas été suivies puisqu’il a été fait cas de «manque de places» et de «transfert» de malades vers un autre hôpital que celui dans lequel le malade s’était présenté. Ce qui pourrait traduire que l’instruction de réserver des hôpitaux aux malades Covid donnée aux directeurs de la santé et devant être mise en place en coordination avec les directeurs des hôpitaux n’ait pas été suivie. Les directives du ministre de la Santé étaient pourtant claires lorsqu’il avait présenté le nouveau plan d’action. Il s’agissait, entre autres, notamment de mobiliser un nombre de lits d’hospitalisation dédiés aux malades Covid et d’assurer la disponibilité de l’oxygène. Une faille est déjà apparue dans l’application de la première directive, ce qui n’a pas manqué d’être âprement relevé par le Pr Benbouzid lors de la réunion d’avant-hier, lorsqu’il a insisté sur «l’impérative prise en charge des patients Covid dans les hôpitaux», mettant en garde contre «tout refus d’accueil des citoyens au niveau des structures hospitalières qui disposent de tous les moyens humain et matériel».
Les malades doivent être pris en charge et ne pas être transférés vers un autre hôpital sous prétexte d’«un manque de lits», a-t-il martelé à l’adresse des directeurs des hôpitaux, soulignant que «dans les cas exceptionnels, l’hôpital est tenu d’effectuer des appels pour garantir un lit au malade dans un autre hôpital en prenant en charge son transfert via ambulance», afin d’éviter de lui éviter d’errer d’un hôpital à un autre sans être sûr d’être retenu, comme cela se passait auparavant. Ces instructions vont dans le sens «d’éviter les erreurs et les lacunes enregistrées lors de la 3e vague», a-t-il précisé.
C’est ainsi qu’il a révélé que la capitale compte 5 hôpitaux dédiés aux malades Covid répartis à l’est, au centre et à l’ouest d’Alger. Il s’agit des Etablissements publics hospitaliers (EPH) d’Aïn Taya, de Kouba et Abderrahmani, ainsi que de l’hôpital d’El-Kettar et de l’EHS Azur Plage. Pour les autres régions du pays, il s’agit de réserver au moins deux hôpitaux dans chaque wilaya pour éviter la pression, en fonction de la densité de la population et du nombre de malades, et ce, a-t-il tenu à noter, sans causer de préjudice aux autres activités sanitaires, tels que les services de lutte contre le cancer, d’obstétrique et de gynécologie, de réanimation, de chirurgie générale, d’urgence et de pédiatrie. Relevant «la possibilité de recourir à des lits ordinaires pour la réanimation en les dotant de moyens d’oxygène dans le cas où le besoin se ferait ressentir, le ministre a insisté que «certaines erreurs rencontrées en la matière lors de la 3e vague étaient dues à la mauvaise gestion», ce qui peut être évité maintenant avec toute l’expérience acquise.
Il a également donné des instructions pour doter tous les hôpitaux d’un stock de médicaments nécessaires, notamment les anticoagulants, tout en assurant la disponibilité du ministère à les accompagner. Pour une prise en charge plus efficace des patients, le ministre a appelé à mettre en place une équipe de permanence au niveau de chaque direction de la santé à travers toutes les wilayas. Ce sera une sorte de système de garde, via un numéro de téléphone pour être à l’écoute et répondre aux préoccupations des citoyens 24 heures/24.
Le premier responsable du secteur de la Santé ne veut donc plus entendre parler de malades refoulés des hôpitaux et livrés à eux-mêmes, après que la tutelle aient pris toutes les mesures nécessaires suite aux recommandations des professionnels de la santé et anticipé pour la prise en charge de la quatrième vague. <