Pour Tewfik Hasni, expert en énergie, les conditions ne sont pas encore réunies pour garantir le succès de l’appel d’offres pour 1500 MW, la conjoncture internationale, l’insuffisante concertation, le non-recours à l’expertise de l’agence internationale des énergies renouvelables (Irena).
Par Khaled Remouche
Après plus d’une année de tergiversations, l’appel d’offres pour 1500 MW à partir des énergies renouvelables vient d’être lancé avec comme objectif l’ouverture des plis en avril 2022. L’ouverture des offres financières s’effectuera ultérieurement. Ce qui signifie, si tout se passe bien, que la finalisation des contrats aura lieu au second semestre sans doute, après avoir dégagé une solution de financement des projets.
Les travaux de réalisation des centrales photovoltaïques seront sans doute lancés en 2023. A moins de prévoir deux appels d’offres pour rattraper ce glissement dans le planning des travaux, il s’ensuit que le programme des énergies renouvelables de 4000 MW à l’horizon 2024 se trouve compromis avec la réalisation de seulement 2000 MW à l’issue du mandat présidentiel. A moins de prendre le taureau par les cornes et d’engager un dialogue avec les acteurs du marché et les experts compétents du domaine pour accélérer ce programme, et en somme rattraper le temps perdu. Sonelgaz serait appelée à la rescousse. Elle compte lancer prochainement un appel d’offres pour 500 MW à partir de l’énergie solaire. Sonatrach n’est pas en reste. Elle exploite une centrale photovoltaïque de 10 MW en partenariat et projette une autre de même capacité avec le même partenaire. Mais cette portion du programme de 1300 MW à réaliser à l’échéance 2030, fixé par sa stratégie 2030, pour alimenter en énergie 80% de ses gisements, montre qu’elle est loin d’atteindre un régime de croisière.
Tewfik Hasni, expert dans le domaine de l’énergie, contacté sur le sujet, observe que l’Algérie n’a pas tiré les leçons des échecs des appels d’offres, lancés ces dernières années pour produire de l’électricité à partir du solaire, alors que c’est un préalable avant de l’appel d’offres pour 1500M. L’Algérie aurait dû s’appuyer sur le soutien de l’Irena, dont notre pays est membre, avant d’enclencher le processus d’accélération du programme de développement des énergies renouvelables. Cette institution internationale aurait pu l’assister dans la finalisation d’une stratégie d’une vision de développement des énergies renouvelables. Elle aurait pu faire bénéficier l’Algérie de son savoir-faire dans la manière de structurer l’appel d’offres afin de le rendre attrayant pour les investisseurs, l’aider à trouver des financements dans le cadre du Cop 26.
Par ailleurs, l’Algérie aurait pu attendre que la Banque africaine de développement finalise son étude au terme de six mois sur l’accélération du programme de développement des énergies renouvelables en Algérie pour lancer l’appel d’offres pour 1500MW.
Autrement dit, avec ces préalables réunis, l’Algérie aurait pu poser les bonnes bases de l’accélération du programme des énergies renouvelables. Ainsi les mêmes causes d’échec produisent les mêmes effets, c’est-à-dire un grand retard dans la mise en oeuvre du programme des énergies renouvelables, conclut-il. Autre contrainte, la conjoncture internationale en avril prochain pourrait être défavorable à l’afflux d’investisseurs avec la probabilité d’un crash boursier, affirme-t-il.